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Yamamoto et Honoré: 2 visions opposées du costume au cinéma

Yohji Yamamoto et Christophe Honoré, réunis lors de la table ronde "Mode et cinéma : regards croisés", ont évoqué les difficultés et l'importance du costume au cinéma. Ces rencontres Internationales du Textile et de la Mode étaient organisées ce week-end dans le cadre du 27e Festival international de mode & de photographie de Hyères. Si le styliste japonais est persuadé de porter la poisse aux réalisateurs pour lesquels il travaille, le cinéaste français, lui, n'aurait "ni le courage, ni la sérénité" de déléguer la création de ses costumes à un couturier.
Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet + AFP
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Yohji Yamamoto, président du jury Hyères 2012 (avril 2012)
 (A.C. Poujoulat. AFP)

A contrario d'un Jean-Paul Gaultier, bientôt juré à Cannes et enthousiasmé par la création de costumes notamment pour Pedro Almodovar, Yohji Yamamoto semble regretter ses incursions dans l'univers du septième art.

Le cinéaste allemand Wim Wenders lui avait commandé 500 tenues pour "Jusqu'au bout du monde". "D'entrée de jeu, j'étais fatigué. Je n'ai pas de stocks dans mon studio, il fallait tout créer, jusqu'au plus simple costume pantalon. Une grande souffrance", a déclaré le septuagénaire élégant en gilet noir sur chemise blanche. Son compatriote Takeshi Kitano l'a aussi embauché pour "Dolls", lui offrant carte blanche. Le cinéaste s'était vu contraint de modifier lieux et ambiances du tournage pour intégrer les vêtements du couturier. "Une erreur", résume Yamamoto.

"S'en remettre aveuglément à un couturier paraît vertigineux" indique le cinéaste
"La démarche de Kitano lui est très particulière" intervient Christophe Honoré "puisqu'il aime partager sa mise en scène". Mais pour le réalisateur des "Chansons d'amour", s'en remettre aveuglément à un couturier paraît vertigineux. "Lui dire +Amusez-vous, je m'en arrangerai ensuite, non je n'ai pas la maturité pour ça", reconnaît-il. Avec l'équipe, sur "Les Biens-aimés", "on a travaillé sur la forme et les couleurs mais on se foutait de respecter les codes des différentes périodes, préférant même, pour les années 1960, choisir des vêtements des années 1950 pour se débarrasser d'une convention publicitaire, d'un cliché", se souvient-il.

Film "Chansons D'"Amour" de Christophe Honoré
 (Kobal/the picture Desk)

Christophe Honoré procède aux essayages en petit comité
Sur un tournage, "ce moment est souvent dramatique, tout le monde hurle et on se retrouve avec douze personnes qui donnent leur avis, c'est insupportable", dit le cinéaste quadragénaire : "j'ai imposé d'être tout seul avec les acteurs qui s'habillent". Il se souvient avoir passé plusieurs heures "éprouvantes" avec son comédien François Sagat pour "L'homme au bain": "On a fini par admettre qu'il allait principalement être nu à l'écran donc on s'est servi de sa garde-robe, ce que je déteste faire". "Je veux qu'on fabrique tous les costumes", dit-il, racontant avoir visité un grand nombre de chambres à coucher d'actrices qui voulaient d'abord lui imposer leur vestiaire. "Je leur disais +Ca vous va bien mais peut-être on peut essayer autre chose+".

A ses yeux, le costume focalise souvent une angoisse fondamentale chez les comédiens, qui ne fait que s'accroître avec l'expérience. "Parfois, une actrice retarde un tournage parce qu'elle ne veut pas mettre une robe" explique-t-il. Entre l'acteur et le metteur en scène existe un rapport "d'obscénité absolue", affirme-t-il. "Je lui demande de faire tout ce que je veux et l'obscénité vient du fait qu'il accepte. Cette peur d'enfiler le costume intervient au moment où l'acteur s'apprête à basculer dans cette acceptation, de me céder quelque chose, cela n'a rien d'innocent".

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