"Charles Aznavour a porté la voix de la France", estime son ami Alain Terzian
Alors qu'un hommage national est rendu au chanteur vendredi 5 octobre aux Invalides, son ami, le producteur Alain Terzian, évoque "le plus grand poète des cent dernières années".
"Nos familles sont liées depuis trois générations, ma grand-mère et sa mère étaient comme des sœurs de lait, mon père et son grand-père étaient liés" a indiqué vendredi sur franceinfo, Alain Terzian, producteur de cinéma, président de l’Académie des César et ami proche de Charles Aznavour, alors qu'un hommage national est rendu au chanteur vendredi 5 octobre aux Invalides. "C'est bien la moindre des choses qu'il y ait un hommage national car pendant 50 ans il a porté la voix de la France", a poursuivi Alain Terzian. Pour le producteur, Charles Aznavour "était le plus grand poète des cent dernières années".
franceinfo : Vous étiez un ami proche de Charles Aznavour. Quels liens aviez-vous avec lui et sa famille ?
Alain Terzian : Nos familles sont liées depuis trois générations, ma grand-mère et sa mère étaient comme des sœurs de lait, mon père et son grand père étaient liés. L'histoire et la tragédie du génocide ont fait qu'ils se sont tous retrouvés en Géorgie avant de partir sur Constantinople et les routes de l'exode. Beaucoup d'entre eux ont été décimés. Ils sont arrivés ici pour se reconstruire. La chanson La Bohême, c'est le début de leur réimplantation et de leur survie. Il y a beaucoup de grands Arméniens, mais il était le héros national en Arménie, le chef de file. C'était le plus grand poète des cent dernières années.
Charles Aznavour n'était pas qu'un chanteur, il était aussi comédien ?
Il était l'icône de la chanson que vous connaissez et il adorait le cinéma, c'est pour cela qu'on va lui dédier la 44e cérémonie des César. Il a été le héros de films de François Truffaut, [du réalisateur allemand Volker] Schlöndorff. Il a eu des Lions d'or à Venise. Il a tourné avec les plus grands metteurs en scène avec [Claude] Chabrol, [Claude] Lelouch. Il était tout le temps en train d'écrire. Il me disait "je vais t'écrire le rôle que je veux jouer". On a un peu occulté la partie cinéma de sa carrière, tellement il est devenu une icône planétaire de la chanson. Il était tous les huit jours dans des salles où plusieurs milliers d'adulateurs l'applaudissaient. Le Time l'avait qualifié d'artiste du siècle, ça montre à quel point il était à travers la planète à la fois le représentant et l'ambassadeur de la France, le poète. C'était un génie. Quand on écoutera ses chansons une par une en prenant du temps on se rendra compte à quel point les mots sont ciselés. Il avait un certain nombre de thématiques qui revenaient toujours, comme dans Emmenez-moi, où il parle des migrants, de leur histoire.
Michel Fugain ou encore Hugues Aufray ont estimé qu'il fallait faire plus pour que les Français participent davantage à cet hommage. Êtes-vous d'accord ?
Je ne peux pas donner raison à Michel Fugain mais je peux entendre et respecter. Charles [Aznavour] n'était pas demandeur d'un hommage national. Il avait été très impressionné par l'hommage à Johnny Hallyday parce qu'il était un peu son fils spirituel. Il l'avait accueilli chez lui pendant deux ans à Montfort-l'Amaury, là où il va être enterré. Il avait été très heureux pour Johnny de cette reconnaissance. Lui était beaucoup plus dans l'humilité et la simplicité. Pour autant, c'est bien la moindre des choses qu'il y ait un hommage national car pendant 50 ans il a porté la voix de la France partout. Comme il disait, "Je suis comme le café au lait, indissociable entre le lait et le café, je suis 100% Français et 100% Arménien". Il va avoir un hommage absolument étourdissant à Erevan jeudi, à l'occasion du sommet des chefs d'Etat de la francophonie. Le président Macron avait prévu de l'emmener là-bas. Aux Invalides on n'aurait pas imaginé que le président arménien ne soit pas là. Il était très content Charles [Aznavour], il devait partir mardi pour répéter le concert qu'il devait donner jeudi 11 octobre pour le sommet de la francophonie.
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