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A 80 ans, Leonard Cohen dévoile un album pour les opprimés

Le nouvel album de Leonard Cohen,"Popular Problems", publié pour son 80e anniversaire, est dans les bacs lundi. Le chanteur canadien y aborde avec humour la question de l'âge et aussi celles de la religion et de la guerre.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Léonard Cohen en juillet 2013
 (FABRICE COFFRINI)

"Ce n'est pas parce que je suis vieux... J'ai toujours aimé aller lentement", entonne-t-il dès le premier titre de ce 13e opus enregistré en studio, disponible le 22 septembre en France et le 23 aux Etats-Unis. Soit juste après ses 80 ans, qu'il fêtait le 20. Simple coïncidence, selon l'interprète des classiques "Hallelujah" et "So long, Marianne".

Dans cet album, le premier depuis 2012, le poète rumine dans sa voix rauque des thèmes de la vie quotidienne comme la guerre, le deuil ou encore sa propre odyssée spirituelle. Ainsi, dans l'un des morceaux les plus remarquables, des lamentations d'une chanteuse en arabe accompagnent sa complainte "Nevermind" sur l'anonymat des victimes de conflits armés. "L'histoire est racontée avec des faits et des mensonges/J'avais un nom/Mais ce n'est pas grave".

Lors d'une présentation de l'album dans une boîte de nuit new-yorkaise, Leonard Cohen a expliqué que la voix féminine représentait "les opprimés" qui sont oubliés dans les déclarations publiques. "En général, rien de ce qui est dit en public ne nourrit ou ne résonne plus de manière vraiment authentique", a relevé le chanteur. "Donc, la Syrie ou une catastrophe à laquelle nous faisons face, tout se vaut. Cette voix incarne la majorité des personnes qui ne sont pas représentées." Léonard Cohen a écrit de nombreuses chansons déplorant les conflits comme dans "Story of Isaac" sur la guerre du Vietnam. Il a également plaidé pour la paix au Proche-Orient. Juif et ordonné moine bouddhiste, le Canadien se plonge dans l'Exode avec "Born in Chains", morceau accompagné d'un gospel.

Un retour sur scène bénéfique
           
Dans "Samson in New Orleans", il déplore la destruction par l'ouragan Katrina en 2005 de la ville où le jazz a vu le jour. "Tu as dit que tu aimais ses secrets/Et sa liberté s'en est allée/Elle était meilleure que l'Amérique/C'est ce que je t'ai entendu dire". L'album s'aventure dans la musique bluegrass avec "Did I ever love you".
Le chanteur a co-écrit la plupart des chansons avec Patrick Leonard, surtout connu pour avoir produit les albums à gros succès "True Blue" et "Like a Prayer" de Madonna. Bien que sa créativité soit foisonnante, Leonard Cohen n'a jamais caché que sa motivation pour enregistrer de nouveaux albums et faire des tournées mondiales depuis 2008 était essentiellement financière. En 2004, il avait accusé son manager de longue date de lui avoir volé 5 millions de dollars alors qu'il vivait coupé du monde dans un monastère en Californie, ne lui laissant qu'un minuscule pécule pour sa retraite.

Aujourd'hui, il affirme avoir tiré profit de cette vie d'errance pendant les tournées. "Retourner sur les routes a considérablement amélioré mon état d'esprit, parce que je n'ai jamais été très doué pour la vie de tous les jours", a confié le chanteur, qui lutte depuis plusieurs années contre la dépression.
Quant à ses projets d'octogénaire, il a déclaré non sans un brin d'ironie qu'il attendait depuis longtemps d'atteindre ce seuil pour recommencer à fumer. Il a reconnu avoir une folle envie de savourer une cigarette grecque ou turque. "J'y pense depuis environ 30 ans".

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