À Lyon, le festival Woodstower s'affiche en pointe de l'écologie festive
Dans le Grand parc Miribel-Jonage, une immense zone humide à l'est de Lyon, le festival Woodstower innove chaque année pour réduire son empreinte écologique. Reportage entre un vol de héron et un concert de Gaël Faye.
Avec son énergie très communicative, le chanteur Gaël Faye salue le public rassemblé devant l'unique scène du festival Woodstower à l'est de Lyon mercredi 25 août. La jauge imposée par les restrictions sanitaires a réduit l'affluence, mais l'ambiance est chaude. "Il faut peu de choses pour une bonne fête : des gens, de la musique et un jardin", s'amuse Gaël Faye au micro.
Le jardin du festival Woodstower est immense: c'est le Grand parc de Miribel-Jonage. Une zone humide de 2 200 hectares située entre deux bras du Rhône à 15 kilomètres du centre-ville de Lyon. Dans cette zone naturelle classée Natura 2000, les activités humaines ne sont pas prohibées. Environ 500 hectares sont dévolus à l'agriculture et plusieurs lieux sont destinés aux loisirs, comme la plage du lac des Eaux Bleues très prisée par les familles de l'est lyonnais le week-end.
Des efforts croissants de préservation y ont été réalisés par les collectivités locales depuis une décennie, mais le curseur a encore grimpé d'un cran avec l'arrivée des écologistes à la tête de la métropole de Lyon. Le 17 juin dernier, Bruno Bernard, le président de cette collectivité, avait annoncé, lors d'un déplacement au Grand parc, sa volonté d'en faire le point de départ de corridors écologiques qui serpenteraient l'agglomération rhodanienne.
Une brigade verte de vingt personnes
C'est le milieu de l'après-midi et le soleil brille sur le site du festival. Au milieu d'une grande prairie, le rappeur Obi répète au centre de la grande scène en vue du concert d'ouverture de la soirée qui doit débuter dans deux heures.
Maxime Noly, le directeur de Woodstower, nous reçoit assis à l'ombre d'une tente sur un canapé moelleux. En arrière-plan, une femme traverse le lac sur son paddle.
"Dans un lieu comme celui-ci avec de fortes contraintes, on réfléchit constamment à mieux limiter l'impact sur l'environnement. Toutes les décisions sont prises sur cet aspect-là. Sur les déchets, on a par exemple un système de tri sur le site grâce au travail de l'association Aremacs. On a aussi une brigade verte de 20 personnes qui sensibilise les festivaliers qui vont par exemple jeter leur mégot par terre", explique Maxime Noly.
L'ensemble des stands installés sur le site proposent une alimentation 100% bio et locale. Un convoi à vélo est également organisé depuis le parc de la Tête d'or, dans le centre-ville de Lyon. Les festivaliers qui viennent à deux-roues sont ensuite accompagnés par des bénévoles le long de dix kilomètres de piste le long du Rhône. L'une des nouveautés, pour cette édition 2021, est le montage d'un éco-village sur la plage du Fontanil à l'entrée du site du festival. Gratuit d'accès, ce lieu est destiné à ouvrir les débats autour de l'écologie via des conférences ou encore des tables rondes. Il est plus spécifiquement dédié aux personnes qui ne se rendent pas aux concerts payants.
Selon les organisateurs, il existe cependant des points à améliorer s'agissant de l'impact environnemental inhérent à leur événement. "Sur l'aspect énergétique, c'est plus difficile, car nous n'avons pas accès à l'électricité et à l'eau courante dans le parc", admet Maxime Noly. Pour cette édition, pourtant, un chapiteau de l'éco-village est alimenté à l'énergie solaire, un premier pas.
Bientôt un cahier des charges écolo à Lyon?
La nuit tombe sur la scène de Woodstower. Un héron survole les gradins à quelques minutes du début du concert d'Abd Al Malik. Dans la lumière rose de la fin du crépuscule, les membres de l'association Aremacs font tourner un vélo broyeur pour déchets compostables."C'est quelque chose qui marche bien mieux que des affiches pour sensibiliser les gens aux bienfaits du compost", sourit un homme dressé sur les pédales.
"Depuis que les écologistes sont arrivés à la tête de la Métropole, il y a un intérêt pour ce qu'on a mis en place. Les élus réfléchissent à mettre en place un cahier des charges écologique pour les festivals du territoire. Il faudrait le respecter pour pouvoir toucher des subventions de la métropole", lâche Maxime Noly.
À la pointe de l'écologie festivalière, Woodstower stimule la scène musicale lyonnaise, bien que de nombreuses autres initiatives existent ailleurs. L'association Cagibig propose ainsi aux festivals locaux de mutualiser du matériel. Le vieux canapé confortable sur lequel était assis Maxime Noly ce soir là vient, par exemple, de ce stock commun.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.