Afropunk ce week-end : 4e édition française du festival new-yorkais de culture noire
Afro et punk ? Non les deux mots ne sont pas si antinomiques. La preuve en est avec le très couru festival Afropunk, créé d'après un film explorant les accointances de ces deux termes.
En 2003, le réalisateur James Spooner tourne le documentaire "Afro-punk". Il y donne la parole à des acteurs de la scène punk afro-américaine. Il souhaite ainsi montrer que ce n'est pas un genre musical réservé à la population de couleur blanche. Surtout lorsqu'il réalise que le rock'n roll et ses dérivés prennent racine dans la culture noire.
Matthew Morgan souligne : "Afropunk n’est pas la version noire du punk. On peut être punk de mille façons différentes." Et en effet, le festival s'ouvre peu à peu à d'autres genres musicaux fédérateurs et variés : rap, r&b, reggae, électro, voguing ... Toujours porté par des artistes noirs.
Un festival ouvert à tous, sans distinction
Le festival gagne ses lettres de noblesse : désormais l'édition new-yorkaise réunit plus de 90.000 spectateurs. De prestigieux invités font le show (Kelis, Lauryn Hill, Lenny Kravitz, Grace Jones, Eve, Lolawolf...) et le festival s'accroît. Il s'exporte à Atlanta et Paris en 2015, et connaît aussi une édition anuelle à Londres et Johannesburg.Le rassemblement devient une vitrine pour la culture afro-descendante mais est ouvert à absolument tout le monde. La preuve avec son leitmotiv qui rejette sexisme, racisme, homophobie, discriminations en rapport avec l'âge ou le physique, grossophobie etc
Outre sa programmation musicale qualitative et donc fédératrice, Afropunk se veut être un lieu d'entraide, d'échanges et de débats. Lors de chaque festival, des rencontres annexes sont organisées. On y tient des marchés comprenant toutes sortes de produits et, clou du spectacle, les festivaliers mettent à l'honneur leur sens du style, arborant des tenues très pointues.
AFROPUNK VU PAR SA CO-ORGANISATRICE JOCELYN COOPER
Afropunk Paris vu par sa co-organisatrice Jocelyn CooperDepuis 2017, l'édition parisienne du festival ne se tient plus au Trianon mais à la Villette et est déjà sold-out. La productrice et organisatrice américaine (elle a notamment découvert d'Angelo) nous explique les raisons de ce succès dans l'Hexagone.
Quelle est la spécificité d'Afropunk Paris?
J'ai une affection particulière pour l'édition parisienne du festival. Ici, la communauté afro-descendante est très variée (elle regroupe beaucoup d'origines) et très ouverte sur l'extérieur. Elle est forte et unique. Peut-être que ce sentiment d'appartenance est plus nécessaire qu'ailleurs ? C'est ici que j'ai rencontré les gens les plus beaux – dans tous les sens du terme. Paris est si chic. Les Européens venant au festival semblent le faire pour des raisons plus profondes que juste la volonté de passer un bon moment.
Vous attendiez-vous à un tel succès?
En tout cas je l'ai toujours espéré ! Mais nous n'en sommes qu'au début de ce mouvement, je pense que nous allons encore grandir. Afropunk c'est un espace bienvaillant dédié à la liberté d'expression, 360° de "blackness" (ndlr : la culture noire). Nous développons l'"Activism Row", c’est-à-dire une installation éducative interactive à but non-lucratif. On travaille sur les problèmes de la communauté avec des associations très dynamiques. Les interactions sont riches. Nous sommes chaque année un peu plus robustes.
Une programmation prestigieuse et 100% afro-descendante : SZA, Damian Marley, Maxwell, Nneka...
Artistes anglophones et francophones, certains habitués du festival, seront présents pour faire vibrer la foule. On notera samedi soir la présence de nombreuses artistes féminines (pour satisfaire un public qui est apparemment à 65% féminin ?) notamment celle de la chanteuse de R&B américaine SZA pour sa toute première date française. A ses côtés ? Les rockeurs the Noface, la djette parisienne Anaïs B, la chanteuse soul Nneka, le pro de l'afrobeat Mr Eazi. Le style indé sera aussi bien représenté avec Estère et Ecca Vandal.La rappeuse Mahalia, Cheetah ou encore Queen Ci complèteront l'affiche. Des invités de choix pour un public toujours plus large, comme nous le résume la poétique Sandra Nkaké qui sera aussi sur scène ce samedi : "Il y aura certainement beaucoup d'afro-descendants mais pas uniquement, et c'est super que de nouveaux venus se greffent au mouvement ! Le public est mélangé, ce n'est ni communautaire, ni fermé. On met en lumière les gens que l'on voit moins ailleurs, qui sont hors des canaux classiques, toutes les diversités sont valorisées. Afropunk, c'est la possibilité d'introduire une sorte de dissidence de manière festive et avec bonne humeur !"
Quant au dimanche soir, il s'annonce aussi roots qu'endiablé avec les deux têtes d'affiches Damian Marley et Gary Clark Jr ! Manaré, Pllow et Mo Laudi apporteront en complément leur lot de beats aussi élégantes qu'envoûtantes. Un mariage parfait avec le groove de Maxwell, les ambianceurs de Trombone Shorty ou le très sexy Goldkink !
Davido, lui, sera là pour une dose de booty-shake quand la sensation sud-africaine Nakhane délivrera son indie soul accompagnée de sa superbe voix ! Last but not least, la très chevronnée Rokia Bamba achèvera de mettre le feu !
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