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"Aline", "Despacito", "Satisfaction"... Les secrets du succès des "tubes de l'été"

Chaque année, les "tubes de l'été" font vibrer le monde entier. D'où viennent-ils et comment s'explique un tel succès ?

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Luis Fonsi et Daddy Yankee interprétant la chanson "Despacito" en 2018. (MATT SAYLES/AP/SIPA / AP)

Quel rapport entre Aline et Despacito? Les deux morceaux sont des tubes de l'été, objets musicaux de tous les fantasmes, à l'histoire foisonnante.

Le terme "tube de l'été" fut inventé dans les années 1950 par Boris Vian, touche-à-tout de génie dont on fête le centenaire de la naissance cette année. "Dans son esprit c'était un peu péjoratif, une musique de mauvaise qualité", glisse auprès de l'AFP Alain Pozzuoli, co-auteur avec Jean-Marie Potiez de 101 tubes de l'été, paru aux éditions du Layeur.

Tubes de l'été : la recette du succès

Existe-t-il un moule pour ce tube ? "On pourrait dire une mélodie pas trop compliquée, des paroles simples et un "gimmick", un truc musical qui reste dans l'oreille", avance Alain Pozzuoli qui signa aussi Le dico du disco (déjà avec Jean-Marie Potiez) et le Dictionnaire des Yé-Yés. "Mais ce ne sont que des ingrédients, ça ne marche pas à tous les coups", nuance-t-il, conforté par Jean-Marie Potiez : "heureusement, non, il n'y a pas de recette", insiste ce dernier.

Il n'y a qu'à voir la diversité des succès recensés dans leur ouvrage. Aucun rapport en effet entre Satisfaction, décharge électrique des Rolling Stones en 1965, When a Man Loves a Woman, de Percy Sledge, prototype du slow en 1966 et... L'Aigle noir de Barbara en 1970. La texture inquiétante de ce dernier titre ne prendra d'ailleurs tout son sens que beaucoup plus tard, quand les exégètes feront le rapprochement avec l'inceste, révélé par la chanteuse dans ses mémoires posthumes.

Des "faiseurs" derrière les hits

Il y a cependant des "faiseurs", des auteurs et/ou compositeurs qu'on retrouve derrière des succès au fil des décennies. Les sucettes, chantées par France Gall (1966) - qui n'avait pas saisi à l'époque les allusions sexuelles - et Je t'aime... Moi non plus (1969) - chargé d'un érotisme sans équivoque cette fois - viennent de la même plume, Serge Gainsbourg.

La maladie d'amour chantée en 1973 par Michel Sardou a été composée par Jacques Revaux. Méconnu du grand public, c'est l'architecte de classiques intemporels qui ont fait trembler les charts - pas uniquement l'été d'ailleurs - tels Comme d'habitude, popularisé par Claude François puis passé dans la légende avec la version My Way de Frank Sinatra.

C'est également lui qui contribue à l'édification des Lacs du Connemara de Michel Sardou (succès hivernal) dont le thème, avait-il expliqué à l'AFP fin 2019, vient d'un problème de synthétiseur, sorti à la hâte du coffre de sa voiture... Avec des séquenceurs de "violons sonnant comme des cornemuses".

"Il y a un facteur chance"

Il y a donc des accidents. "Oui, il y a un facteur chance, des face B repérées par des DJs, des chansons prévues au départ pour un interprète et dont un autre hérite", développe Alain Pozzuoli. Les auteurs italiens de la première mouture de L'été indien (1975) ont ainsi d'abord l'idée de le proposer à Claude François. Mais comme "personne n'ose réveiller monsieur Cloclo de peur de se faire licencier sur le champ" le matin du jour J, le morceau revient à Joe Dassin, peut-on lire dans 101 tubes de l'été.

L'histoire des hits estivaux "perd sa fantaisie" regrette Jean-Marie Potiez - par ailleurs spécialiste d'Abba - quand des chaînes de télé ou de radio matraquent un titre pour "l'imposer avec du marketing publicitaire" comme la Lambada (1989). Mais la magie opère encore de temps en temps quand des titres non formatés déjouent les pronostics, tels Sodade de Cesaria Evora (1992) ou Seven Seconds de Youssou N'Dour et Neneh Cherry (1994).

En "cette année particulière", marquée par la pandémie, comme le dit Alain Pozzuoli, l'avènement d'un tube de l'été, "associé à une période où on peut se laisser aller", comme le note Jean-Marie Potiez, serait juste le signe d'une vie qui reprend son cours.

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