Au festival de Lorient, la culture celte au sens large
Pour ce premier jour de festival, les rues principales de Lorient se peuplent doucement d'un public de tous âges, en kilt, marinières, parfois les deux, parfois pas du tout. C'est comme si la ville prenait un grand souffle avant neuf jours de célébrations, c'est tout juste si on entend la musique, de variété internationale, qui sort des hauts parleurs.
"Nantes, c'est en Bretagne ?"
Pourtant ce soir, les rues vont se noircir de monde : l'année dernière le festival a enregistré 750 000 spectateurs. Avant les premiers concerts, c'est surtout l'espace consacré à l'accueil qui bouillonne : "où se garer ?" "comment venir depuis l'hôtel" ?Alixia y est bénévole depuis 8 ans. D'après elle, d'ici on ressent mieux le festival : "on entend la musique à travers les portes, on voit des gens revenir chaque année et puis les bénévoles sont vraiment devenus une famille", explique-t-elle. Alixia est passionnée de culture bretonne, elle en a fait son métier. Elle est enchantée de la partager aux festival interceltique. La question la plus courante : "Est-ce que Nantes est en Bretagne" ? Sa seule mention au cours de notre rencontre suffit à lancer le débat –blagueur- entre les bénévoles et le public accueilli. "On m'a aussi demandé où se trouvait le Bagdad de Lorient" , s'amuse-t-elle. Qui n'est pas habitué du festival ignore qu'un "bagad" –sans "d"- est un groupe de musiciens traditionnels bretons.
Contes féériques
A l'extérieur, les premières répétitions sont portées par l'air marin du port, en plein centre ville. Une pluie fraîche sous le dur soleil d'août tombe brièvement, comme pour revendiquer une particularité régionale. De grandes tentes blanches ont recouvert les rues. Elles exhalent le beurre chaud pour la préparation des crêpes, on y vend aussi du chouchen, du whisky ou du cuir gravé.Cette année, l'île de Man et la Cornouailles sont à l'honneur. John Callister, un Mannois jovial construit, sous l'une des tentes, des figures en jonc. Principalement des "Bumblebee cages", sorte de nids fermés que les enfants fabriquent pour emprisonner des bourdons. La nuit, quand ils dorment, leurs parents remplacent la bestiole par des coquillages. Quand leurs enfants se réveilllent, ils justifient ce geste par un conte féérique dont les celtes ont le secret. La morale étant bien sûr qu'il faut être sage.
John est venu la première fois au festival en 1986 mais cela fait huit ans qu'il revient régulièrement expliquer le mystère de ses constructions aux passants : "l''année dernière, une dame de l'office du tourisme a compté, il y avait 80 personnes autour de moi !".
Il porte la marque du festival jusque sur son chapeau, mascotte dont il ne se défait pas depuis 40 ans : un jour, un festivalier lui a donné un pin's aux couleurs de l'Ecosse à accrocher sur un rebord. D'autres ont continué. Maintenant, le large chapeau de cuir s'affaisse davantage sous le poids du métal que sous celui des années. "J'aime tout ici, s'exclame-t-il avec un accent rare, interrompu par quelques mots de français, la nourriture, la musique et surtout cette culture bretonne indépendante de la culture Française ! C'est comme nous qui nous considérons Mannois avant d'être britanniques !"
Au festival interceltique, la programmation met en avant la musique mais tous les festivaliers que nous rencontrons disent être surtout venus pour l'ambiance et les animations.
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