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AVANT/APRÈS. Retour de Téléphone : à quoi ressemblent les groupes cultes qui remontent sur scène ?

Près de vingt ans après leur séparation, trois des membres de Téléphone vont donner un concert le 11 septembre. Retour sur quelques légendes du rock qui se sont reformées et qui avaient bien changé.

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
David Gilmour (à gauche) et Roger Waters, respectivement chanteur et bassiste de Pink Floyd, lors du retour du groupe sur scène, le 2 juillet 2005 à Londres. (LEFTERIS PITARAKIS / AP / SIPA)

Les fans de Téléphone ont sans doute ressenti de l'excitation mais aussi une pointe d'appréhension, mercredi 2 septembre, à l'annonce du retour de leur groupe favori. La formation culte du rock français montera sur la scène parisienne du Point Ephémère, vendredi 11 septembre, pour son premier concert public depuis sa séparation en 1986. Mais, près de vingt ans plus tard, Téléphone a changé : le groupe s'appelle maintenant Les Insus, et la bassiste Corine Marienneau n'a pas été conviée. Les trois membres restants, Louis Bertignac, Jean-Louis Aubert et Richard Kolinka, sont aujourd'hui des sexagénaires. Dynamiques, certes, mais des sexagénaires tout de même.

Si le rock est associé à la fougue de la jeunesse, les membres de Téléphone ne sont pas les premiers papys du rock à revenir après une longue absence, et la comparaison avant/après fait parfois un choc. Tour d'horizon des come-back plus ou moins convaincants de cinq groupes cultes.

The Doors avaient un deuxième Morrison

La mort soudaine de Jim Morrison, à 27 ans, en 1971, a sans doute laissé un goût d'inachevé aux autres membres du groupe (en 1970 sur la vidéo ci-dessus), qui ont continué jusqu'en 1973. Après de premières retrouvailles pour un court concert en 1993, Ray Manzarek et Robby Krieger, le claviériste et le guitariste, décident de créer The Doors of the 21st Century (les Doors du XXIe siècle) en 2000. Derrière le micro, Ian Astbury, chanteur du groupe britannique The Cult, et sosie plutôt convaincant de Jim Morrison. Au point qu'on lui a, assure-t-il, proposé de jouer son rôle au cinéma dans le film The Doors d'Oliver Stone.

La ressemblance du chanteur et la présence de Manzarek et Krieger grisonnants derrière lui suffisent à attirer les foules, mais l'exercice ne plaît pas au quatrième membre des Doors originels, le batteur John Densmore. "Vous pouvez prendre Mick Jagger, je m'en fiche, s'il n'y a pas Jim Morrison, ce n'est pas les Doors", expliquait-il au Phoenix New Times en 2013. L'affaire se termine devant les tribunaux et le groupe est contraint de changer de nom, mais continuera à jouer sous l'appellation Manzarek-Krieger jusqu'à la mort de Ray Manzarek en 2013, à 74 ans.

Les Sex Pistols en voulaient à votre argent

On se demande ce qu'aurait pensé John Lydon, alias Johnny Rotten, de l'idée de jouer dans un groupe punk à 50 ans passés. Quand le groupe se sépare, en 1978, son turbulent leader n'a que 22 ans, et il est l'icône d'une certaine jeunesse révoltée. Un an plus tard, l'autre star du groupe, Sid Vicious, meurt d'une overdose. Lydon, lui, continue sa carrière musicale.

En 1996, il annonce un retour des Sex Pistols : "On se déteste toujours, mais on a trouvé une cause commune, votre argent", ironise celui qui appelait dans sa jeunesse à "l'anarchie au Royaume-Uni". D'autres tournées suivront, en 2003, 2007 et 2008. Johnny Rotten surjoue un peu son personnage, et les Sex Pistols ne sont plus les gamins rachitiques de leurs débuts, mais le groupe reste vif et énervé, se réjouit le critique du GuardianPour constater la différence, déplacez avec votre souris la barre située au milieu de ces deux images, l'une prise en 1976, l'autre en 2008. Johnny Rotten est au centre.

Pink Floyd, un come-back en forme de météore

En 1981, au sommet de leur gloire, les Pink Floyd jouent un concert à Londres dont les images doivent être utilisées pour le film tiré de leur album The Wall. Les désaccords entre le leader David Gilmour et le charismatique bassiste Roger Waters entraîneront le départ de ce dernier : Pink Floyd ne jouera plus au complet pendant vingt-quatre ans. Le groupe fait un retour météorique en 2005, pour un unique concert, lors du festival caritatif Live 8 à Londres.

Les membres du groupe ont bien vieilli et ressemblent plus à de paisibles papys qu'à des rock-stars, mais ils n'ont pas perdu leur maîtrise. La performance est un succès, mais elle restera sans suite, même si le groupe sort un nouvel album en 2014. "Les répétitions m'ont convaincu que ce n'était pas quelque chose que j'avais envie de refaire très souvent", explique alors David Gilmour. "J'ai 60 ans, j'en ai assez", confie-t-il à la Repubblica. Un an plus tard, le claviériste Richard Wright meurt, mettant fin à la carrière scénique de Pink Floyd.

Led Zeppelin, trois tentatives et un record

Led Zeppelin n'a pas mis longtemps à revenir sur scène après sa séparation, en 1980, consécutive à la mort du batteur John Bonham. Mais les quelques courtes apparitions du groupe tournent à la débâcle. En 1985, lors d'un festival caritatif, ils se produisent avec trois nouveaux membres, un bassiste et deux batteurs, dont un certain Phil Collins. Le groupe n'a pas assez répété et les problèmes techniques se multiplient, au point que le chanteur Robert Plant parlera plus tard d'une performance "atroce".

Leur apparition suivante, en 1988, est également chaotique, et sera la dernière avant près de vingt ans. En 1994, Robert Plant et le guitariste Jimmy Page se retrouvent à nouveau, sortent un album et partent en tournée mondiale. Mais ils ne prennent pas la peine de prévenir le troisième membre restant de Led Zeppelin, le bassiste John Paul Jones.

Quand le groupe se réunit en 2007 au grand complet (avec le fils de John Bonham à la batterie), pour un unique concert à Londres, l'attente des fans est donc énorme. Au point que l'évènement entre au Guinness Book des records : 20 millions de demandes de billets ont été formulées sur internet.

Les cheveux du guitariste Jimmy Page ont blanchi, tout comme la barbe du chanteur Robert Plant, mais ce dernier a gardé son inimitable crinière blonde. "Ils étaient les meilleurs, et ils le sont toujours", s'enthousiasme le journaliste du magazine Rolling Stone. Mais Led Zeppelin n'est jamais remonté sur scène depuis, à cause du refus obstiné de Robert Plant. "Il y a toujours une possibilité : qu'ils me déterrent, mettent mon cercueil sur scène et jouent une cassette", tranchait-il l'an dernier dans une interview au magazine NME

The Police, trois millions de spectateurs, rien que ça

The Police a également fait son retour pour une tournée débutée en 2007, année décidément riche en come-back. Mais Sting est alors loin d'être un has-been : le groupe s'est séparé en 1986 pour que le chanteur se concentre sur sa carrière en solo. Sur scène, l'écart de près de dix ans qui sépare le chanteur de son guitariste Andy Summers (à droite) se fait encore plus sentir. 

La tournée du groupe dure finalement plus d'un an, et rassemble trois millions de spectateurs. The Police n'a pas rejoué ensemble depuis. 

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