"C'est un pied de nez à beaucoup de détracteurs" : des fans de Bertrand Cantat défendent leur participation à sa cagnotte
"Là, si ce n'est pas un plébiscite, je ne sais pas comment il faut l'appeler", souligne Arnaud. Ce quinquagénaire, fan de Bertrand Cantat depuis plus de 30 ans, a participé à la cagnotte en ligne pour aider l'artiste à sortir un nouvel album avec son groupe Détroit. L'ancien chanteur de Noir Désir, condamné pour le meurtre de Marie Trintignant en 2003, est parvenu à financer en quelques heures son nouvel opus grâce aux dons sur cette cagnotte en ligne hébergée sur la plateforme Ulule, publiée mercredi 7 février.
Malgré les vives critiques de plusieurs militantes féministes, le trio a récolté 110 000 euros en douze heures alors que l'objectif initial était chiffré à 60 000 euros. Sur les réseaux sociaux, des milliers de fans affichent leur soutien à Bertrand Cantat et à son groupe. "En moins de 24 heures, ils ont eu 135 000 euros et ça va continuer", souligne Arnaud.
Pour le fan, "c'est un pied de nez à beaucoup de détracteurs" de Bertrand Cantat qui bénéficie d'un "public indéfectible qui le suivra partout". "On ne parle pas de l'homme et de ce qu'il a fait, on parle de son oeuvre", explique-t-il. "Il y a plein d'artistes qui peuvent être méprisés de par leur comportement social, familial, mais par contre ils ont du génie dans la tête et c'est pour ça qu'on les aime", estime-t-il. "S'il fallait, je reparticiperais encore", poursuit-il.
"Il a un peu une odeur de kryptonite"
Avec la somme récoltée en quelques jours, Bertrand Cantat a largement de quoi réaliser un nouvel album. Le financement participatif a donc été une stratégie payante, mais le groupe Détroit a-t-il vraiment le choix de se passer des maisons de disque ? Pas vraiment, selon le journaliste musical Olivier Cachin : "C'est clair que Bertrand Cantat pour les maisons de disques classiques, il a un peu une odeur de kryptonite."
"On sait très bien que quoi qu'il fasse, il y aura des associations féministes ou des individus ou d'autres artistes qui vont protester", souligne Olivier Cachin. Si l'artiste venait à signer avec Universal, Warner, Sony ou une autre maison de disque, le journaliste est certain qu'il y aurait des appels au boycott de ces producteurs et des artistes qui signent chez eux. "C'est assez compréhensible qu'il décide de fonctionner en autarcie via une cagnotte", estime-t-il.
Cette cagnotte a tout de même provoqué la colère de plusieurs militantes féministes sur les réseaux sociaux. Certaines appelant au boycott de la plateforme Ulule. Dans un communiqué Ulule a donc présenté ses "excuses à toutes les personnes qui peuvent être choquées par cette collecte de fonds". Mais la plateforme rappelle qu'elle ne peut arrêter une cagnotte en cours que "si son objet ou ses contenus présentent un caractère illégal, ce qui n'est pas le cas ici".
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