Arno dresse un mur de son à Lyon
Voilà à quoi il fallait s’attendre en pénétrant hier au Transbordeur de Lyon. Flamand gris et voûté, Arno s’élève d’un vol ample au-dessus de la scène, surprenant de fraîcheur et de malice. Quatre musiciens s’évertuent à bâtir derrière lui un royaume phonique, une forteresse imprenable où basse et batterie deviennent deux imposants pylônes soutenant un plafond mélodique sous lequel guitare et clavier se mêlent farouchement.
Et puisque c’est comme ça, c’est la langue de Shakespeare qu’Arno privilégie quand c’est le rock qui prime, quand il se brise en deux pour mieux hurler sa Flandre, la vie et les femmes. Dans ces moments de grâce charnelle et électrique, on s’attend toujours à ce que la voix lâche et se brise tant elle semble mise à mal. Mais Arno s’il s’enflamme ne crame pas, et assure les deux heures de show sans que l’énorme chat qui ronfle dans sa gorge ne se montre trop sauvage.
S’il danse peu, Arno, sans doute, pense. Alors, quand un instant le rouleau compresseur qui lui sert de bande-son calme ses ardeurs pour une ballade tendre ou entre deux chansons, sa poésie jaillit à travers des mots simples, en français cette fois. Toujours les femmes, et la vie quotidienne, lui inspirent des textes naïfs et cruels.
C’est drôle, c’est triste, ça pique, et même parfois ça ne veut rien dire, ou on ne comprend pas, tant Arno se plaît à mélanger, mâchonner les mots, et à les taillader de sa grande lame belge. En tout cas ça transporte, et on en sort serein, exalté … et sourd !
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