Avec "Oizel", Marion Rampal prend de la hauteur entre jazz métissé et chanson française
En découvrant un titre de disque comme Oizel, difficile de ne pas faire l'analogie avec les volatiles qui s'élèvent dans les airs. D'ailleurs, un des onze morceaux du nouvel album de Marion Rampal s'appelle Oizeau. Deux néologismes qui symbolisent bien l'atmosphère de cet opus, le 2 février. Car dès l'ouverture Tangobor, on est saisi par cette sensation de flottement aérien, de lâcher prise. La voix éthérée de la chanteuse est soutenue par des arrangements délicats et épurés, signés du multi-instrumentiste Matthis Pascaud qui accompagne Marion Rampal dans ses projets musicaux depuis 2020.
Après cette mise en matière qui d'emblée nous invite à nous envoler, le single De beaux dimanches en duo avec Bertrand Belin navigue entre légèreté et mélancolie.
Le morceau suivant gagne en énergie avec une musique encore plus rythmée et une guitare country-folk qui cède la place à une clarinette tendance klezmer. Grande ourse s'inspire d'un texte de Florence Aubenas sur une femme ayant rompu avec le monde pour mener une vie de sauvageonne.
Marion Rampal explique : "J’ai toujours été fascinée par ces figures ancestrales un peu monstrueuses. Ce qui rejoignait en quelque sorte mon envie d’explorer la marginalité et ce basculement vers l’obscur, vers une folie qui soit aussi une libération." Elle ajoute : "L’histoire de cette femme dans les Cévennes qui vit cachée dans les bois, pénètre dans les maisons inoccupées, vole de la nourriture, des habits, a changé mon fantasme en réalité. Elle m’a permis de finir la chanson."
Autre ambiance, le leitmotiv lancinant de Coulemonde invite à se déhancher, à mi-chemin entre laidback et rumba. Et toujours cette volonté de se laisser aller, avec encore une expression inventée. Laisser couler, laisser filer, sentir le roulis, semble nous dire Marion Rampal.
Les expressions, le langage, elle les malaxe, elle les fait siennes. "Les mots, les mots, c’est beau les mots", nous confie-t-elle dans Les mots, précédé d'un très bel intermède instrumental.
L'oiseau comme fil conducteur
À nouveau une formulation originale avec Gare où va qui nous emporte dans un parfum musical d'îles créoles en utilisant la métaphore de l'oie sauvage pour symboliser nos errances sentimentales. Et les palmipèdes sont décidément à l'honneur dans cet album, à travers Canards en duo avec Laura Cahen, ou le quasi morceau-titre Oizeau qui se dandine en mode ragtime dixieland.
Marion Rampal confirme cette thématique qui parcourt l'album : "L’oiseau, sa symbolique à laquelle se rattache l’idée de liberté, m’a accompagnée tout au long de la gestation de cet album dont l’enjeu était de s’emparer de la langue française plus que je ne l’avais fait précédemment."
Ce fil rouge se prolonge jusque dans D'où l'on vient l'hiver qui évoque une grand-mère bienveillante, Madeleine, et rappelle ainsi la fonction mythologique de certains oiseaux d’accompagner l’âme des défunts. Le disque se clôt sur le presque instrumental Aux fleurs. Une seule phrase pour refermer une quête à la fois intérieure et dans les airs. Marion Rampal nous a donné l'envie de nous abandonner à la flânerie, au rêve et à l'envol. Sa musique est un précieux compagnon de voyage, qu'il soit réel ou fantasmé.
"Oizel" de Marion Rampal est sorti le 2 février (Les rivières souterraines / l'autre distribution)
La chanteuse sera en concert au Café de la danse (Paris) le 1er avril. Retrouvez toutes les autres dates sur le Site officiel de l'artiste
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