Aznavour à nouveau en haut de l'affiche
"Je ne sais si cet Olympia sera mon après-retraite ou mon avant-adieu, mais ce dont je suis sûr, c'est que le nombre de centenaires augmente chaque année et que j'ai bien l'intention d'avoir ma place parmi eux", écrit le grand Charles dans son nouveau livre.
Pour ce récital, qui est aussi le premier à l'Olympia depuis 32 ans, quoi de neuf ? "Pas grand-chose hormis quelques nouveautés", répond-il avec malice dans "D'une porte l'autre", recueil de pensées et de sourvenirs publié ces jours-ci (chez Don Quichotte).
Plus sérieusement, Charles Aznavour a choisi pour ce tour de chant "de nouvelles chansons, des anciennes et des très anciennes et des incontournables". De nouvelles chansons ? Toujours la plume alerte, il sort effectivement au même moment un album de chansons originales, "Toujours" (EMI). Où sont déclinés ses thèmes éternels: l'amour, l'usure, la guerre, le temps qui passe."
Pourtant, l'auteur de "Je m'voyais déjà " et d'"Emmenez-moi" reconnaît aborder la scène cette fois avec une certaine angoisse. Se rassure en disant qu'il adaptera son jeu de scène aux contraintes que son âge lui impose désormais: "Si j'ai besoin de m'asseoir, je vais m'asseoir", dit-il. Il admet aussi une faille plus difficile: sa mémoire, qui "n'est pas à son zénith" et ne le met pas "à l'abri d'un trou noir en plein concert".
"Le mot est musique"
Pourtant l'important, pour lui, est ailleurs. "Longtemps on a analysé mon travail de chanteur, j'aimerais aujourd'hui que l'on prête attention à celui de l'auteur", plaide-t-il. Quand les journalistes "comprendront-ils que les textes m'importent par-dessus tout, plus encore que la musique ?", se demande-t-il dans son livre.
"Désormais je suis au service de la langue", résume-t-il. "J'écris mieux aujourd'hui qu'hier et me concentre de plus en plus sur la rigueur et la précision de mon style."
Pour Varinag Aznavourian (de son vrai nom), "Le mot est musique". "Un mot, un seul peut déterminer le contenu d'une chanson. On le nourrit, on le cajole, et le texte finit par se construire dans notre tête."
"Un casse-pied de première"
Pour autant, cela ne se fait pas tout seul, en claquant des doigts. C'est du boulot. Et Aznavour n'a jamais ménagé sa peine. Il a, dit-il toujours dans son livre, commencé à faire la liste de son tour de chant à l'Olympia "dès le mois d'août 2010".
"Quand elle a été bien établie, je l'ai remaniée, remaniée, jusqu'au premier soir de concert. Il en est de même pour mes nouvelles chansons : je change sans cesse un mot par-ci, un mot par là, jusqu'à l'enregistrement du futur album. Ce n'est pas que je sois perfectionniste, disons que je suis avec moi-même un casse-pied de première. Jamais content, jamais satisfait."
Un homme exigeant, en somme, curieux et ennemi du surplace, qui revendique aussi sa part de féminité et invite à sortir des sentiers battus. "S'en tenir éternellement au déjà-vu, déjà-fait, déjà-chanté, c'est un contresens pour un artiste", assène-t-il.
Juste quand on commençait à le trouver un peu donneur de leçon, il lâche, paraphrasant la fameuse chanson de Gabin: "A force d'apprendre, on finit par savoir que l'on ne sait rien."
Aznavour est en concert à l'Olympia du 7 septembre au 6 octobre et en tournée en France du 14 octobre au 4 décembre.
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