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Bernard Lavilliers nous emmène bien plus que "5 minutes au paradis"

Il n'est jamais là où on l'attend. Après plusieurs albums aux couleurs tropicales et des reprises acoustiques l'année dernière, Bernard Lavilliers revient avec des textes âpres, des arrangements plus électriques, mais toujours dans cette chanson réaliste qui a fait son succès. "5 minutes au paradis" sort dans les bacs ce 29 septembre avant une tournée qui comprend pas moins de 9 dates à l'Olympia.
Article rédigé par Jean-François Convert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Bernard Lavilliers (Thomas Dorn)

Une écriture toujours acérée

Pour ce 21e album studio, l'auteur stéphanois n'a rien perdu de sa plume tranchante et percutante. Des textes sans concession sur notre époque, comme ce dernier single "Charleroi" qui fait écho à son magnifique "Saint Etienne" sorti en 1975 sur l'album "Le Stéphanois". Déjà, il y revendiquait "on n'est pas d'un pays mais on est d'une ville". 

Malgré une ambiance désenchantée sur la désindustrialisation des villes du nord et la désertion de leurs quartiers, on perçoit une note d'espoir à travers l'entraide et la chaleur humaine, notamment dans les scènes de groupes des communautés calabraises, napolitaines, marocaines ou polonaises de Charleroi. De même, avec "Croisières méditerranéennes", dévoilé avant l'été, il nous raconte le quotidien des migrants vécu de l'intérieur, sans détours, sur une mélodie arabisante.

Il y a quand même 20.000 morts au fond de la Méditerranée. Tu peux faire une croisière sur le Costa machin, mais au fond…

Bernard Lavilliers
  (Thomas Dorn)

Des chansons réalistes qui évoquent le licenciement d'un cadre sup' ("Bon pour la casse"), les actionnaires impassibles ("Fer et défaire"), les attentats du Bataclan ("Vendredi 13"), ou les violences de la Guerre d'Algérie avec "La Gloire", issu d'un poème écrit par Pierre Seghers en 1957, au coeur du conflit. L'ensemble pourrait paraitre désabusé, mais l'album se clôt sur un titre qui prouve que le chanteur-poète garde encore foi en l'humain, le bien-nommé "L'espoir", en duo avec Jeanne Cherhal.
 

Plusieurs invités pour une réalisation collective

Outre cette collaboration avec la chanteuse nantaise, Bernard Lavilliers s'est entouré de différents artistes rencontrés aux cours de précédents projets : Fred Pallem l'accompagne depuis "Causes perdues et musiques tropicales" en 2010; Romain Humeau, chanteur d'Eiffel, était déjà à l'oeuvre sur "Acoustique" et "Baron samedi"; et Florent Marchet a collaboré avec lui sur le spectacle "Frère animal". Les arrangements mêlent guitares électriques, cordes, cuivres et percussions pour envelopper la voix chaude du chanteur. Le groupe Feu!Chatterton amène un côté un peu plus rythmé, par exemple sur "La muse".
  (Thomas Dorn)

J’aime changer, les arrangements sont très classiques, pour la première fois. Il y a une logique. Par exemple, pour Charleroi, j’ai travaillé avec les jeunes de Feu! Chatterton. Ils ont ralenti la chanson, ils ont mis des sons de 1970, si je l’avais fait moi-même, on aurait dit que je me serais plagié ! »

Bernard Lavilliers
  (Thomas Dorn)
Mais le chanteur contestataire a également sollicité Benjamin Biolay pour deux morceaux, un peu hors du temps : "Montparnasse Buenos-Aires" et "Paris la grise", deux boléros légèrement jazzy qui apportent un peu de réverie nostalgique, en contrepoint du reste de l'album, souvent mélange d'indignation et de colère, face aux turpitudes du monde actuel. Une façon de nous rappeler que la mélodie et les mots peuvent dénoncer et défendre, mais aussi apaiser et guérir; et, comme il le disait dans un des ses plus grands succès, "la musique est un cri qui vient de l'intérieur".
La pochette de l'album
En tournée à partir de début novembre, Bernard Lavilliers enchainera 9 dates à l'Olympia du 24 novembre au 3 décembre.

Bernard Lavilliers - "5 minutes au paradis" -  Barclay - Sortie le 29 septembre 2017

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