"Brassens est une espèce de perfection" : François Morel présente un spectacle à Sète pour le centenaire du poète
L'humoriste, acteur et chanteur présente ce vendredi soir à Sète, jour du centième anniversaire de la naissance de Georges Brassens, et samedi soir, une création en hommage au poète-chanteur sétois, en compagnie d'invités parmi lesquels la chanteuse Juliette. Il nous présente ce spectacle. Interview.
En ce jour précis du centième anniversaire de la naissance de Georges Brassens à Sète, la ville natale du poète accueille une création, Brassens a 100 ans, jouée vendredi soir, 22 octobre, et samedi 23 octobre au Théâtre Molière à guichets fermés. Dans la foulée, quatre autres dates réparties entre Montpellier et Narbonne affichent également complet. Pour ce point d'orgue des nombreuses festivités organisées à Sète depuis le printemps, François Morel sera entouré d'artistes venus exprimer, comme lui, leur passion pour Brassens. À ses côtés, la chanteuse Juliette entre autres, sans oublier le musicien et comédien Antoine Sahler, "cheville ouvrière" du projet selon les mots de François Morel avec qui il travaille depuis plusieurs années : "Il est merveilleux et il a fait des arrangements formidables."
La création à Sète doit être filmée et diffusée vendredi soir sur le bateau Roquerols, épicentre des célébrations du centenaire dans la ville natale du chanteur-poète, pour les gens qui n'auront pas pu avoir de places au théâtre Molière. Elle sera par ailleurs retransmise en direct sur France Inter.
Franceinfo Culture : Quelle est votre histoire personnelle avec Georges Brassens et ses chansons ?
François Morel : En 1971, je vois Georges Moustaki au cinéma Le Viking de Flers. J'ai 11 ou 12 ans, j'accompagne mon frère et ma sœur. Je suis fou de Moustaki, j'adore tout ce qu'il fait et je lis toutes ses interviews. Dans chacune de ses interviews, il parle de Brassens, il dit même qu'il a pris son prénom en hommage à Brassens, car je crois qu'il s'appelait Joseph [ndlr : Moustaki fut baptisé Giuseppe par ses parents, nommé Youssef à l'État-civil de l'Égypte où il est né, appelé Joseph à l'école française]. À partir de là, je m'intéresse à Brassens, je me fais offrir ses disques à mes anniversaires... et j'adore Brassens. Son œuvre est tellement riche que cela accompagne les différents âges de la vie. Il y a des choses qui me font rire quand j'ai 12, 13 ans parce qu'il dit des gros mots et que ça me plaît beaucoup. Après, on ressent aussi toute la mélancolie, la beauté, la profondeur de l'œuvre, et ça m'accompagne.
L'avez-vous vu en concert ?
À 17 ans je crois, je vais le voir à Bobino, c'est la dernière fois qu'il s'y produit [en 1977, ndlr], j'y vais un dimanche après-midi. Le jour de sa mort, je suis chez mes copains rue de Douai, chez qui j'habite parce que je viens d'entrer à la rue Blanche [ndlr : il a intégré la célèbre école de théâtre parisienne située à cette adresse]. À 18 heures, le journal de France Inter commence par la Supplique pour être enterré à la plage de Sète, je comprends tout de suite que Brassens est mort et je pleure. C'est mon histoire avec Brassens, qui continuera... J'avais un grand regret de me dire : "Je ne le verrai jamais." Je m'étais dit que peut-être qu'un jour, je pourrais le croiser, cet homme-là.
D'après vous, fort de votre regard d'artiste, que représente Georges Brassens dans la chanson française, aujourd'hui encore ?
Pour moi, c'est une espèce de perfection, de mariage idéal entre des mélodies et des paroles. Tout tombe exactement comme il faut, tout le temps, c'est des chansons extrêmement travaillées qui m'accompagnent... Il est très haut dans la chanson française. Chez Trenet, il y a sûrement quelque chose de plus jeté, de plus spontané, il y a une inspiration folle. Brassens, lui, travaille parfois pendant des mois sur la même chanson, sur le mot juste, c'est un perfectionniste. Et en même temps, c'est extrêmement populaire. Je parlais hier avec des jeunes d'une vingtaine d'années qui pensaient qu'ils ne connaissaient pas Brassens, et qui finalement, en se plongeant dans son œuvre, se rendaient compte qu'ils connaissaient la plupart des chansons.
Vous vous produisez ce 22 octobre, jour précis du centenaire de Georges Brassens, dans sa ville. Comment est né ce projet ?
C'est né il y a un an à peu près. J'ai rêvé autour, je ne voulais pas le faire tout seul, donc j'ai souhaité m'entourer de gens qui aiment Brassens. J'ai pensé tout de suite à Juliette parce que j'avais déjà travaillé avec elle sur des projets autour de la chanson. J'avais envie de raconter mon petit rapport à Brassens, pourquoi je l'aime et pourquoi il est important pour moi.
Donc, vous allez raconter votre histoire personnelle avec le poète.
J'ai écrit deux petits textes qui entourent le spectacle, l'un en ouverture, l'autre pour le conclure. Et entre-temps, j'ai demandé à des gens qui aiment Brassens - Juliette, Judith Chemla... - de chanter leurs chansons préférées. De mon côté, je vais chanter des chansons que j'adore.
Sur les sites du théâtre Molière à Sète et du Domaine d'O à Montellier, le nom de Jean-Louis Trintignant est mentionné parmi les invités du spectacle... Sera-t-il là ?
Il ne sera pas là physiquement, mais on est allé l'enregistrer chez lui dimanche dernier. Quand je me suis demandé, il y a un an, qui était le meilleur diseur de poèmes en France, j'ai pensé tout de suite à Jean-Louis Trintignant. Quand je lui en ai parlé, il a été enthousiaste tout de suite, disant qu'il aimait beaucoup Brassens. Il a passé l'année à apprendre du Brassens par cœur car il ne peut plus lire les textes. Mais aujourd'hui il est très fragile et il ne peut pas se déplacer. Pendant le spectacle, on va l'écouter, on est très content qu'il soit avec nous d'une certaine manière, pour cet hommage à Georges Brassens.
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