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Brel et Brassens, les deux grands noms de la chanson étaient aussi des "voisins magnifiques"

Un coffret de 5 CD regroupant des chansons des deux artistes sort ce vendredi 22 septembre.
Article rédigé par Jean-François Convert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Jacques Brel et Georges Brassens (Universal)

Jacques Brel et Georges Brassens, deux grands noms sinon les plus grands de la chanson française. Deux carrières en parallèle, deux écritures différentes mais qui se rejoignent souvent sur les thèmes abordés dans leurs textes. Tout le monde se souvient de cette rencontre à trois avec Léo Ferré en 1969. Mais ce qu'on sait moins, c'est que Brel et Brassens se sont croisés bien avant à de multiples reprises, et surtout qu'ils ont été voisins de palier.

Des divergences de style

Les deux chanteurs débutent leur carrière à la même période. Brassens sort son premier disque en 1953, Brel en 1954. Tous deux sont découverts par Jacques Canetti, le directeur artistique de la salle de spectacle Les Trois Baudets. Mais dès le début, on ne peut nier leurs divergences évidentes de style. D'abord accompagnateur de Patachou, le guitariste sétois a une culture musicale portée sur le jazz qu'il insufflera dans toute son œuvre. Le chanteur belge au contraire s'appuiera sur les orchestrations de François Rauber pour mettre en valeur ses textes lyriques et passionnés. C'est une autre différence entre les deux interprètes : Brassens affiche une bonhomie tranquille, tandis que Brel chante avec fougue et détermination. Quant à ses textes, ils lui valent d'être surnommé "L'abbé Brel" par son pair. Il faut dire que ses premières chansons sont parfois assez naïves et témoignent clairement de l'influence du scoutisme et de son éducation catholique, quand le guitariste moustachu déclame dès ses débuts des paroles crues, paillardes et ouvertement libertaires. Le premier titre de son premier 33 tours n'est autre que Le Gorille, affichant un propos anti peine de mort sous une pantalonnade grivoise, pendant que Brel invoque de façon un peu candide la Vierge Marie dans Prière païenne.

Mais des convergences de thèmes

En revanche, cela n'empêche pas les deux auteurs de se retrouver sur des thématiques qui leur sont chères. C'est justement ce que met en lumière le coffret Brel et Brassens les voisins magnifiques (Universal) qui sort ce vendredi 22 septembre. Cinq thèmes répartis sur cinq CD qui alternent les chansons de l'un et de l'autre : L'amour (Et le désamour aussi), L'amitié (Et la fraternité aussi), L'injustice (et la société), Le temps qui passe (et qui parfois ne passe pas), La mort (Et Dieu aussi).

La pochette du 6ème disque sur le thème de la mort (Universal)

Les amours d'antan fait ainsi écho à Mon enfance, tandis que Ne me quitte pas répond en miroir à La non-demande en mariage. Les deux pamphlets Le temps ne fait rien à l'affaire et Les bourgeois proposent un constat différent sur l’évolution de la bêtise au cours de la vie. Le grand Jacques console son ami Jef pendant que tonton Georges trouve réconfort auprès de La femme d'Hector. Et chacun livre à sa manière son testament à travers Le dernier repas et Supplique pour être enterré à la plage de Sète.

En introduction de chaque disque, des extraits d’interviews illustrent les positions des deux artistes. Des échanges qui s'entrecroisent et laissent imaginer les conversations qu'ils auraient pu avoir sur ces sujets.

Voisins de palier et amis

D'ailleurs peut-être les ont-ils eues ces conversations, qui sait ? Car Jacques Brel et Georges Brassens ont été voisins de palier. En 1966, Brassens quitte l'impasse Florimont pour emménager dans un duplex près de la place Denfert-Rochereau. Leurs deux appartements se trouvent au douzième étage du 5-19 rue Émile-Dubois à Paris, Brel à l’escalier G et Brassens à l’escalier D. On se met à rêver des deux partageants un repas, discutant de choses et d'autres, échangeant sur leurs chansons en chantier, invitant leurs amis communs autour d'une plâtrée de pâtes préparée par Lino...(Lino Ventura... bien sûr).

Ce qui est sûr c'est que Brel et Brassens avaient un respect mutuel très fort l'un envers l'autre. Ils se sont exprimés publiquement sur le sujet, et leur sincérité ne fait aucun doute.

Brassens avait été très ému à la mort de son ami en 1978. Bien que de huit ans son aîné, il avait dû le voir partir avant lui.

Deux amis, deux voisins, mais surtout deux grands poètes et compositeurs. Deux plumes certes distinctes mais qui se rejoignent sur les grands thèmes de l'existence. Alors, quoi de mieux que de les écouter de concert, l'un après l'autre, l'un avec l'autre. Brel et Brassens, deux êtres "magnifiques", tout simplement.

Le coffret "Brel et Brassens les voisins magnifiques" (Universal)

Brel et Brassens les voisins magnifiques (Universal) - Sortie le 22 septembre

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