Chanter dans son entreprise, un remède au mal-être professionnel ?
Dans le groupe de télécommunications, après une vague de suicides de salariés, la direction a mis en oeuvre à partir de 2010 un nouveau "contrat social", dont un des axes visait la "convivialité au quotidien". Et un millier de volontaires participent aujourd'hui à 21 choeurs dans l'entreprise.
A Lyon, comme chaque vendredi midi, une vingtaine de collaborateurs de tous âges se mettent deux par deux pour s'échauffer, puis entonnent "La Tendresse" de Bourvil, qu'ils donneront pour la Fête de la musique le 21 juin devant leurs collègues. Des portables sonnent, des retardataires arrivent en avalant un sandwich, mais les voix s'accordent. "Je ne connais pas les fonctions de chacun, pourtant quelque chose s'est créé entre nous", témoigne Brigitte Devaux, responsable du département médico-social.
En janvier 2013 à Paris, l'ensemble des choristes de l'entreprise, foulard orange noué au cou, communieront pour la Nuit de la Voix, événement organisé par le groupe. Jean-Claude Delgènes, directeur du cabinet de conseil Technologia, qui a aidé Orange à répondre à son malaise social, convient qu'une chorale peut concourir à "redonner aux gens une boussole, le collectif". Ce spécialiste nuance cependant: "la convivialité, oui, mais dans un plan d'ensemble".
"Pas un cours d'abdo-fessiers"
Pour sa part, Jean-Philippe Sarcos, musicien qui a lancé en janvier une chorale inter-entreprises à La Défense, émet une réserve générale à l'égard des ensembles qui seraient créés à des fins utilitaires et prône "l'exigence
artistique": "Les gens en ont marre qu'on leur parle de se vider la tête, comme si une répétition équivalait à un cours d'abdo-fessiers". "L'idée des chorales en entreprise est en vogue car elles détendent les relations et rompent le cloisonnement. Lorsque l'idée vient de la base, les hiérarchies leur font bon accueil, au pire elles sont indifférentes", constate Bernard Lallement, de la Société française des chefs de choeur. Lui-même dirige
"Morland m'enchante", comptant une quarantaine d'agents de la mairie de Paris.
Autre intérêt: la musique, qui agirait comme un neurostimulateur, serait bénéfique en matière de performance des salariés, avancent des conseillers en management. Les grands groupes l'ont bien compris, de la banque BPCE à l'assureur AG2R-La Mondiale. Les chorales d'entreprise, pour la plupart constituées en associations ou rattachés à des comités d'entreprise, ont ainsi conquis tous les secteurs, même si elles ne constituent encore qu'un petit nombre des 10.000 choeurs répertoriés sur le territoire par l'Institut français d'art choral.
Air France fait figure de précurseur avec son choeur créé en 1986 par deux navigants et qui se produit jusqu'à l'étranger. Dans les PME aussi, l'aventure musicale est possible. Loïc Moura, responsable export chez Eurotab, un industriel de la Loire, a voulu "apporter de la joie, de la vie et du partage" avec ce qu'il "maîtrise en dehors du commerce, le chant". Sa société a ainsi loué un piano, réservé une salle au siège et la première
séance, sous la direction de ce jeune homme de 32 ans, a eu lieu le 1er juin, rassemblant autour d'un gospel une quinzaine des 150 salariés du site.
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