: Interview Jean Fauque : "Bashung torturait mes textes et c'était magique"
"Osez Joséphine", "Chatterton"; "Fantaisie Militaire", "L'imprudence" et tant d'autres titres qui évoquent un génie de la chanson française. Dans la bouche d'Alain Bashung, les mots de Jean Fauque prenaient une tournure particulière. Un tour de magie qui fascine encore l'auteur des textes.
Avant son passage sur la scène de la Sirène à La Rochelle ce soir, Jean Fauque livre quelques souvenirs émus des séances de travail avec son ami éternel.
Reportage : E. Vallet / D. Gomez / M. Coudrin
Des lectures, des chansons et des histoires
Sur la scène de la Sirène, Jean Fauque délivre un spectacle qui alterne chansons, lectures et anecdotes. Subtilement intitulé "En parfait état de conservation", le parolier est accompagné́ par Jean-Charles Guiraud au piano. Une rencontre intimiste lors de laquelle le public pourra le questionner sur son parcours, ses rencontres, les histoires et le mystère qui se cache derrière l’écriture.Un soir il me chante "La Nuit je mens" dans son petit appart de Belleville, et là, je me suis pris une claque. La chanson était là, dans sa forme.
Jean Fauque
Bashung / Fauque : une amitié des mots
L'amitié entre Bashung et Fauque est ancrée par une profonde émulation artistique depuis la fin des années 1980. Elle démarre sur trois titres de l'album "Novice" et cinq morceaux sur "Osez Joséphine". "Chatterton" est entièrement coécrit par les deux hommes avec le succès que l'on sait, notamment, de "Ma petite entreprise".
Un processus d'écriture à quatre mains et fruit de très nombreux bouillonnements cérébraux nocturnes. Des heures d'écriture, des idées lancées sur un morceau de papier, jetées à la corbeille puis l'évidence faite mots.On travaillait à la virgule près. Il torturait, inversait, rajoutait des mots. Il mélangeait mes phrases de différents textes et c'était magique.
Jean Fauque
Des débuts difficiles
Les deux hommes s'étaient rencontrés à Paris en 1975. Jean Fauque rêvait de devenir chanteur solo, avec ses propres textes. Il enregistre un single en 1972 qui ne sortira jamais mais qui lui ouvre des portes. A l'époque Alain Bashung tente plusieurs expériences mais aucun de ses 45 tours ne marchent. Malgré ses efforts, il reste dans l'ombre. Leur amitié s'accroit et la collaboration artistique débute avec un premier essai et une quinzaine de chansons jamais exploitées.
Pour Alain Bashung, la roue tourne en 1981, avec la sortie de l'album "Pizza" et le succès énorme de "Gaby oh, Gaby". Dans la foulée, "Vertiges de l'amour" connaît le même engouement. Jean Fauque est là, dans l'ombre, simplement ami. Il le sera aussi quand peu de temps après Bashung tombe en dépression. La carrière solo de Jean Fauque ne décolle pas mais ses titres personnels remportent un beau succès d'estime. Il écrit aussi pour d'autres interprètes comme Jacques Dutronc, Rachid Taha, Luz Casal ou encore Astonvilla.
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