Kent : rock ou chanson, pourquoi choisir ?
A l'écoute de ces disques, remastérisés et enrichis d'une soixantaine de versions inédites et rares, Kent s'est rendu compte à quel point il est depuis ses débuts "un artiste indiscipliné". "J'ai jamais su systématiser quelque chose. A partir du moment où je maîtrise quelque chose, j'ai envie de passer à autre chose. C'est un truc assez mal admis dans la chanson", confie à l'AFP Hervé Despesse, 58 ans, connu sous le nom de Kent.
D'abord chanteur d'un groupe phare du rock français des années 70 (Starshooter), il a poursuivi en solo, alternant les succès populaires (avec Enzo Enzo notamment) et les périodes plus confidentielles, quand il n'écrivait pas des livres ou des bandes dessinées. "Un comédien au cinéma qui va faire un film réaliste et après de la science-fiction ou un film de cape et d'épée, on va dire que c'est un bon acteur. Un chanteur qui joue à ce jeu-là, c'est un défaut. C'est assez surprenant, comme si on attendait d'un chanteur qu'il laboure toujours le même sillon. Je ne suis pas comme ça", ajoute le chanteur, regard brillant sous la mèche adolescente.
L'intégrale, à laquelle le chanteur a activement contribué en chapeautant la remasterisation et en ressortant des raretés de ses archives, témoigne de ces différentes facettes: des "Amours propres" (1983), son premier album en solo après la fin de l'aventure Starshooter, au "Temps des âmes" (2013), disque en simple piano-voix, on y retrouve les chansons les plus connues du grand public ("J'aime un pays", "Tous les mômes", "Juste quelqu'un de bien") et des albums plus méconnus, comme ce concept-album BD-musique "L'homme de Mars" (2008).
Concert à deux faces le 10 juin au Centquatre
Une carrière faite "de hauts, de bas", d'hésitations et de recherche, estime Kent, où les succès "ont toujours été des accidents". "Je n'ai pas 36 regrets", affirme le chanteur, si ce n'est peut-être "le regret du banquier": "Au moment où ça a fonctionné pour moi, j'aurais peut-être pu en profiter davantage. Par exemple, à la fin d'une tournée qui marchait bien, repartir pour un tour... Mais je ne suis pas reparti pour un tour, j'ai fait autre chose", explique en souriant un artiste redoutant plus que tout de se répéter.
Plutôt qu'un résumé de sa carrière en mode best-of, ce sont ses deux faces, celle du chanteur et celle du rockeur, que Kent a choisi de présenter en concert le 10 juin au Centquatre, à Paris. Il y jouera d'abord en intégralité et en piano-voix son album "Tous les hommes" (1991), celui de la reconnaissance en solo. Il enchaînera, en formation plus électrique, avec son album électro-rock "Métropolitain" (1998) boudé par la critique à l'époque de la sortie.
Ce concert, qu'il espère présenter en province à la rentrée, "m'amuse", souligne Kent. L'objectif: montrer "à ceux qui ont aimé Kent le chanteur français et ceux qui aiment Kent le rockeur que c'est le même!" En parallèle à la sortie de cette intégrale (31,99 euros, chez Capitol/Universal), le chanteur publie un livre ("Dans la tête d'un chanteur", Le Castor Astral) reprenant les chroniques qu'il a animées durant l'été 2013 sur France Inter. Dans cette émission, Kent disséquait avec humour le processus de création d'une chanson, de l'écriture à la scène. Quant à son 15e album studio? "Cela fait des années que je n'ai pas de projet à long terme", élude un artiste décidé, plus que jamais, à n'en faire qu'à sa tête.
Kent : Intégrale des albums studio 1982-2013 en 13cd + 1 CD Bonus (Capitol)
Concert Grand- Angle le 10 juin au Centquatre à Paris
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