"L'âge des amours égoïstes" de Jérôme Attal : plongée poétique dans la vie d'un jeune homme qui se cherche un destin
Dans son dernier roman, Jérôme Attal esquisse le portrait intime d'un jeune adulte à la croisée des chemins, à cet âge délicat où il faut choisir une trajectoire, une amoureuse et un métier. Un récit sensible et mélodieux sur les errements de l'existence et la vie qui avance, malgré tout.
Il est à la fois parolier, scénariste, chanteur, auteur pour enfants et écrivain pour les grands, le prolifique Jérôme Attal publie son nouveau roman aux éditions Robert Laffont. L'âge des amours égoïstes explore les flottements et les incertitudes d'un étudiant en fin de cursus.
L'histoire : Nico, un jeune Parisien de 26 ans, chante dans un groupe et étudie l'histoire de l'art. Il doit rédiger son mémoire de fin d'études sur les toiles que le peintre Francis Bacon a consacré à la figure passionnée de Vincent Van Gogh. Dans une soirée, il rencontre la captivante Laura dont il va tomber fou amoureux. Un amour aussi insaisissable que les trajectoires qui s'offrent à lui en cette dernière année de fac.
26 ans, c'est l'âge où tout est encore possible. C'est aussi l'âge où il faut choisir, l'âge où peu à peu les couples se forment et se dessinent les ambitions. Nico, lui, se garde bien de choisir. Raconté à la première personne, le récit de sa dernière année d'étude est tour à tour drôle, touchant et désepéré.
Des béquilles poétiques pour affronter le réel
De soirées entre amis en rêveries au jardin du Luxembourg, le jeune héros dilapide son temps et s'obstine à rester au-dessus du vide, prisonnier de ses sentiments pour la jeune Laura, beauté inaccessible. Un amour sans départ ni destination, jamais vraiment advenu.
Dans cette année où tout semble s'échapper parce que c'est l'année de la fin, la fin d'un cycle et que rien n'arrive pour moi, ni le succès avec le groupe, ni la trajectoire idéale avec la fac ou l'issue de secours tant attendue, l'apparition de cette fille est la chose la plus concrète que j'ai cherché à retenir, à poursuivre et à approfondir.
"L'âge des amours égoïstes"page 85
Autour de Nico, il y a sa mère et sa "phrase signature" : "Il va falloir que tu trouves un travail, on ne va pas être là éternellement." Il y a son père, dépressif, qui a transformé son deux-pièces parisien en vaisseau spatial et qui n'arrive pas à redescendre sur terre. Il y a les amis qui semblent trouver leurs voies et construire leur vie sans autre forme de questionnement. Il y a Laura l'indécise, jalouse de sa liberté. Au milieu de tout ça, Nico guette les signes et s'invente des talismans comme autant de béquilles poétiques pour affronter le réel.
L'auteur reconnaît volontiers qu'il y a un peu de lui dans ce "jeune homme au bord du plongeoir qui n'ose pas se jeter à l'eau". Il a beau avoir 50 ans, plus de 400 chansons écrites dans son répertoire (récompensé en 2020 du Grand Prix Sacem de la chanson française) et une vingtaine de livres, il se dit encore que chaque roman est le premier. "J'ai eu 20 ans dans les années 90 et j'ai connu cette errance, raconte-t-il, cette forme d'immaturité à un moment où la société nous invite à appartenir à une tribu ou une catégorie et nous presse de faire des choix."
Nourrissantes et farfelues
Est-ce l'influence de son activité de parolier qui lui a offert l'occasion d'écrire pour Vanessa Paradis, Johnny Hallyday, Florent Pagny ou Michel Delpech ? Le roman de Jérôme Attal est truffé d'aphorismes. "J'aime la punchline et la phrase qui claque", confie l'auteur qui n'est jamais aussi heureux que lorsqu'il rencontre des lecteurs avec l'un de ses ouvrages "stabiloté" de toute part.
Au fil des pages et des errements de son héros, L'âge des amours égoïstes est aussi une histoire de jambon, de Bacon avec un B majuscule, de tête de chou et d'oreille coupée parce que dans la vie, les rencontres sont un peu comme ça : nourissantes toujours et farfelues parfois.
"L'âge des amours égoïstes" de Jérôme Attal, éditions Robert Laffont, 222 pages, 19 euros.
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