La beauté brute de l'oeuvre de Mano Solo revit grâce aux Hurlements d'Léo
Il y a cinq ans, Mano Solo nous quittait. Il avait 46 ans, il était malade. Sous ses airs d'écorché vif, avec ses cris de désespoir, de colère, de joie intense, son réalisme vite cynique, il nous avait donné envie de "bouffer" la vie, de la prendre telle quelle. D'un coup, il nous laissait orphelins, la bouche ouverte, pantois. Pour plus d'une génération, de celles qui se nourrissent d'émotions fortes, cette disparition, c'était un passage forcé à l'âge adulte.
A la même époque, les Hurlements d'Léo étaient nos copains de "teuf", de ceux qu'on croisait dans les festivals, avec qui ont riait, on chantait, on dansait des soirs d'été. Leur chapiteau, le Latcho Drom, promené avec les Ogres de Barback, c'était un point de repère, une promesse de rencontres toujours nouvelles.
Cette bande d'amis est toujours là, heureusement. Et elle se demandait que faire l'héritage laissé par l'ombrageux Solo. Le toucher ? Le vénérer ? L'interpréter, tout bonnement. C'était ça, la bonne idée. Elle est née il y a deux ans. Aujourd'hui l'album sort, et la tournée est lancée.
Les Hurlements d'Léo se voient en enfants de Mano Solo, mais ils savent qu'ils ne sont pas les seuls. Alors ils invitent d'autres artistes à les rejoindre. Beaucoup ne se font pas prier. Parmi eux : Nilda Fernandez, Francesca Solleville, Romain Humeau de Eiffel, Zebda, Bertrand Cantat, Debout sur le Zinc, Les Ogres de Barback, Melismell...
Quatre résidences de créations s'enchaînent pour arranger, enregistrer 26 titres qui constituent le double album. Une tournée de rodage est organisée. L'entourage de Mano Solo ne reste pas en retrait. Fatiha Bendahmane, sa manageuse, Napo Romera, son guitariste, et le peintre et ami Fred Kleinberg se joignent à l'aventure.
La gorge se serre un peu, au début, à l'écoute de ce double album. Mano Solo resurgit, avec toutes les émotions et les souvenirs liés aux textes. On se réjouit vite, ensuite, d'apprécier de nouveaux ces tranches de vie citadines, pas angéliques, pas bégueules. Ce n'est pas un album souvenir que l'on feuillette, mais un hommage que l'on partage. Certains morceaux reviennent tels quels, d'autres sont arrangés différemment. On se ballade, de "Barbès Clichy", à "Sacré-Coeur", en passant par "Il ne suffit pas", "Je reviens", "Allez viens", "La liberté", "Pas du Gâteau"... Les voix différentes offrent une nouvelle lecture. Le sourire de l'auditeur devient un peu nostalgique, mais pas seulement. C'est une certaine idée de la chanson française qui perdure, grâce à Mano Solo, aux Hurlements d'Léo, et à tous leurs complices.
"Les Hurlements d'Léo chantent Mano Solo", sortie du double album le 10 juin 2015.
Les Hurlements d'Léo chantent Mano Solo tout l'été en tournée. Parmi les dates à venir :
26 juin à Cerisy-Belle-Etoile, le 27 juin à Bignac, le 28 à Audincourt, le 3 juillet à Thiviers, le 4 juillet à Saint-Prouhant, le 11 juillet à Guéret...
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