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La politique s'invite dans le retour à la chanson de Carla Bruni

Libérée de ses obligations de Première dame, Carla Bruni remet ses habits de chanteuse en publiant lundi un quatrième album, mais la politique et les ennuis judiciaires de son mari se sont invités dans la promotion de ces "Little French Songs".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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"Little French songs", le dernier album de Carla Bruni
 (DR)
Mercredi, ce sont ses déclarations sur la situation de Nicolas Sarkozy qui sont ressorties de la salve d'entretiens accordés la veille au Parisien, au Figaro et RTL. A chaque fois, les mêmes mots et la même émotion: "épreuve très douloureuse", "inimaginable", "très difficile de ne pas en parler mais tout aussi difficile d'en parler"...

Ambiguïté

Signe du contexte inhabituel, le journaliste du Figaro Olivier Nuc explique qu'il y a eu des "questionnements" au sein de la rédaction pour savoir sous quelle rubrique devait être publié l'entretien. "Je tenais, et j'ai été soutenu en ce sens, à ce qu'elle soit en page culture", dit-il. Avant même la mise en examen de Nicolas Sarkozy, c'est sous l'angle politique que l'album a fait parler. Carla Bruni, qui entreprendra une tournée à l'automne, a enregistré "Little French Songs" en 2011 pendant que son époux était à l'Elysée. Mais sa sortie a été repoussée à l'après-présidentielle.
Entre chanson et folk, c'est un disque traversé par les thèmes du temps qui passe, de l'amour et de la chanson française de Barbara à Trenet en passant par Johnny. Mais si la femme de l'ex-président évite soigneusement tout sujet ouvertement politique, plusieurs textes signés de sa main ont interpellé les commentateurs.

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La chanteuse de 45 ans a ainsi dû démentir faire allusion à Dominique Strauss-Kahn en évoquant un "Sofitel" dans "Chez Keith à Anita". Puis assurer qu'elle ne visait pas François Hollande dans "Le Pingouin", où elle décrit un oiseau "à l'air souverain" qui "n'a pas des manières de châtelain". En revanche, elle a confirmé avoir écrit "Mon Raymond" pour son mari. "Quoi qu'en disent les bouffons, Raymond c'est de la dynamite", y clame-t-elle.
Un positionnement délicat à maîtriser pour les journalistes musicaux. Télérama a ainsi décidé de ne pas publier de critique de "Little French  Songs", mais de faire un portrait de Carla Bruni. "On ne peut pas critiquer le disque de Carla Bruni comme si c'était un disque ordinaire, on est tous piégés par le contexte. Elle-même se met dans une position ambiguë, donc elle nous met dans une position ambiguë", explique la  journaliste Valérie Lehoux. "Si elle avait voulu faire onze chansons purement sentimentales, sans l'once d'une ambiguïté politique elle l'aurait fait, elle est suffisamment douée pour ça", ajoute-t-elle.

La critique n'est pas aisée

"C'est déjà difficile d'être objectif quand on parle de musique, mais, là, le disque a été enregistré dans un contexte particulier. On ne peut pas en faire abstraction", juge Sandrine Etoa-Andegue de France Info. "Certaines chansons s'apprécient sans aucune considération du contexte  politique, d'autres non. Cela a plutôt éclairé ma lecture de l'album, qui, à mon sens, est un peu un disque double entre un registre qu'on lui connaissait, celui de la mélancolie, et un registre plus nouveau pour elle, un peu satirique", estime de son côté Olivier Nuc du Figaro.

Pour le moment, Emmanuel Marolle, du Parisien, est un des rares journalistes à s'être lancé dans une véritable critique musicale du disque,  qu'il juge "réussi". "J'ai essayé de me remettre dans le même état d'esprit que quand j'ai découvert son premier disque", le triomphal  "Quelqu'un m'a dit" écoulé à 2 millions d'exemplaires en 2002, dit-il. Mais "que ce soit dans mon entourage professionnel ou non-professionnel, je sens que les gens font un blocage. Je pense que ça va être très dur pour elle".

 

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