"Le bal des Laze" de Polnareff a 50 ans : histoire d'une chanson maudite
Cela devait être le tube de l'année 1968. Une chanson entourée de bien des légendes quant à son enregistrement et son écriture. Mais débuter en parlant de pendaison n'a pas plu aux radios toutes puissantes à l'époque pour faire et défaire les tubes. Ce fut finalement la face B du disque, "Y'a qu'un ch'veu", chanson bien plus populaire mais également bien moins aboutie et écrite, qui fut le succès de l'année. Le chanteur a, paraît-il, mis 40 ans à s'en remettre.
En pleine gloire
En 1968, Polnareff est déjà une star de la chanson française. Il enchaîne les tubes et envoûte le public. Mais, au fur et à mesure, ses influences s'étoffent et il se met à écouter d'autres sonorités, les ballades de The Mamas and the Papas ou encore le style plus baroque des Aphrodite's child. Pour son prochain titre, il rêve en grand. "Polnareff, qui a toujours la folie des grandeurs, veut jouer sur les grandes orgues de l'église Saint-Eustache", explique Benoît Cachin, auteur de "Michel Polnareff, une simple mélodie" (Editions Gründ). "La légende dit que pour enregistrer ce titre, il aurait voulu 5000 bougies pour être dans une ambiance gothique". Plus qu'un enregistrement, le chanteur transforme l'aventure en cérémonie. "Le bal des Laze" est prêt.Censuré
Sur le disque figure une autre chanson, écrite très vite par Pierre Delanoë. "Y'a qu'un ch'veu" est un mélange loufoque entre une comptine pour enfants et une chanson de marins. Mais le loufoque va l'emporter sur le bal gothique que Polnareff voulait offrir aux Français. Jugé trop triste, la chanson n'est pas diffusée. "Le côté 'je serai pendu demain matin' ne passait pas du tout au niveau des programmateurs radio", raconte Fabien Lecoeuvre, agent de Michel Polnareff. "Personne ne voulait la jouer, mais comme ils aimaient bien Polnareff, ils ont retourné le disque et ont découvert "Y'a qu'un ch'veu"".
incontournable
"Le bal des Laze" a mis du temps à s'imposer, mais, comme souvent, c'est aujourd’hui l'une des chansons préférées de ses fans. Pas un concert sans qu'il ne la joue. Elle est considérée par certains comme l'un de ses morceaux les plus aboutis. Pierre Delanoë signe un texte grave avec cette histoire d'un roturier condamné à la pendaison pour avoir tué le fiancé qu'était obligée d'épouser une aristocrate dont il est éperdument amoureux. Un texte baroque, noir, pas loin de la tragédie. Mais une mélodie et un phrasé qui en font, assurément, l'une des plus belles chansons du répertoire français.
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