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Léo Ferré : l'exposition du centenaire

A Beaune, la bibliothèque Gaspard-Monge propose jusqu'au 29 octobre 2016 une exposition intitulée "100 ans... Léo ? Tu t'rappelles ? ". Elle évoque la carrière de Léo Ferré, né à Monaco le 24 août 1916 et mort en Toscane le 14 juillet 1993. Compositeur de musique, directeur d'orchestre, auteur et interprète, le chanteur anarchiste est l'un des plus grands du XXe siècle.
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Léo Ferré en février 1978
 (ROBERT PICARD / Ina)

Mort un 14 juillet de l'an 1993, le chanteur anarchiste n'aura jamais vu le XXIe siècle. Il chantait pourtant "L'an dix mille" à son copain Lochu, dans "Les étrangers". "100 ans... Léo ? Tu t'rappelles ? ",  s'inspire de loin des dernières paroles de cette chanson d'amitié et d'océan. L'exposition proposée à Beaune permet au visiteur d'accompagner Ferré tout au long de sa carrière. Depuis les premières chansons proposées à Piaf et à Montand qui les ont refusées, jusqu'à sa Toscane finale, havre de paix et d'amour entre sa femme, ses enfants et ses animaux.

Les gens avaient peur de lui, comme ils ont peur de lui aujourd'hui... C'est pour ça qu'on voit très peu d'expos sur Léo, qu'on ne l'entend pas beaucoup à la radio, encore moins à la télé...

Marie-Christine Ferré, la veuve de Léo et mère de ses enfants
L'exposition de Beaune est aussi l'occasion de voir le timide étudiant monté à Paris devenir le chantre déclamatoire d'une poésie des tripes et du désespoir ("Le bonheur, c'est du chagrin qui se repose"). Sa sincérité jamais feinte savait saisir le coeur et la conscience de salles qui ne désemplissaient plus, fidèles jusqu'à l'ultime tournée. Ce qu'elle ne peut pas restituer, cependant, c'est l'émotion des spectateurs quand, à partir de 1990, il referme son récital sur "Avec le temps" et qu'il quitte la scène dans le silence, demandant à l'avance qu'on lui épargne les derniers applaudissements. Comme s'il s'enfonçait délibérément dans sa nuit, emportant avec lui sa flamboyance, son désespoir, sa poésie et sa musique. Son cri.

Reportage : F. Latour / O. Surville / S. Verrier / C. Gavignet

Il manque à ce siècle

Comme on dit souvent que Coluche ou Desproges manquent à ce siècle, Ferré lui aussi aurait bien souvent eu son mot à dire dans ce monde qui continue de tourner sans eux. Sur la religion  la politique, la justice, le pouvoir et leurs dérives, il avait écrit. Les turpitudes des prêtres pédophiles et le malheur des enfants, il connaissait. Jusqu'à la fin de sa vie de sa voix devenue puissante, il dénonçait ces "Frères des Ecoles Chrétiennes" qui avaient abusé de lui, dans l'enfer de l'internat de Bordighera. Ce qui explique que cet autre fils d'un père nommé Joseph et d'une mère appelée Marie aura toute sa vie crié "Ni dieu, ni maître". Léo Ferré, 100 ans ? Peut-être.
Celui que l'on résume trop à sa carrière de chanteur était avant tout un compositeur dont le bonheur suprême était de conduire un orchestre. Mais le compositeur était aussi un poète de premier plan, un interprète dont la voix pénétrait au plus profond de chacun d'une seule vibration faite d'amour et de révolte.

Ici, le lien vers le spectacle complet de Léo Ferré en 1984 au Théâtre des Champs-Elysées.

A lire parmi les livres sur Léo Ferré ou de lui :

"Le testament phonographe" recueil des textes de Léo Ferré. Editions Monaco-La mémoire et la mer

"La vie d'artiste" biographie de Léo Ferré par Robert Belleret. Collection Babel

 

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