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Les mille facettes de Julien Doré étaient au Zénith de Paris jeudi soir

En grande forme, Julien Doré a déployé toutes ses facettes jeudi soir, en conclusion d'une série de trois concerts au Zénith de Paris, une première pour lui. Le Julien séducteur et le Julien rockeur, le Julien sensible et le Julien déconneur se sont succédé sans temps mort durant presque deux heures.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Julien Doré sur "Beyrouth Plage" au Zénith de Paris le 11 mai 2017.
 (Laure Narlian / Culturebox)

L'art du second degré

Depuis toujours, Julien Doré joue avec les malentendus qui lui collent aux basques et retourne à son avantage les moqueries dont il fait l'objet. Ceux qui ne captent pas son sens aigu de l'autodérision passeront toujours à côté. Ainsi, dès qu'il apparaît en surplomb sur la scène du Zénith, silhouette émergeant d'un nuage de fumée, les deux jambes bien plantées, devant la fameuse esperluette (le &) de son dernier album, on ne peut s'empêcher de percevoir le second degré.

Entouré de six musiciens, dont le compositeur et guitariste Arman Méliès, Julien Doré joue clairement au bel hidalgo sur "Porto Vecchio", qui donne le coup d'envoi du concert. A fond la séduction. Veste noire ajustée sur slim noir, poitrine largement décolletée, il prend des poses étudiées de star et fait montre d'un déhanché subtil doublé d'une maîtrise en souplesse de la génuflexion. Impossible de retenir un sourire.

"Le Lac", avec lequel il enchaîne, fait encore grimper d'un cran la moiteur et le comique du personnage : lorsqu'il tend les mains en l'air, l'esperluette en néon change de couleur, répondant au doigt et à l'oeil. Puis il esquisse un "dab". On est un jeudi mais c'est déjà la fièvre du samedi soir. Le public n'est plus qu'un océan de ferveur.

Julien Doré en plein exercice d'ondulation-génuflexion.
 (Frantz Bouton / MaxPPP )

Climat torride et taux d'hygrométrie

"Beyrouth Plage" est l'occasion de faire passer le message de façon encore plus claire. L'écran logé à l'intérieur de l'esperluette se pare d'un ciel bleu et d'un palmier, mais surtout de son double en veste kaki avec lequel Julien Doré entame un jeu. Sur "Coco Caline" pour lequel il tombe la veste, dévoilant ses jolis triceps tatoués, Julien Doré ondule sensuellement tandis que son double à l'écran remue les fesses en slip kangourou, très pince-sans-rire, tempérant le mercure qui continuerait sans quoi de grimper.

"Il fait chaud ! Le taux d'hygrométrie (taux d'humidité) de la salle est assez élevé", commente-t-il peu après, blagueur, avant de remercier chaleureusement le public d'être là.

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"Je ne sais pas si je suis chanteur"

Son retour seul au piano avec sa voix sexy déchirée sur " Magnolia" marque le début d'une séquence durant laquelle il parle davantage entre les morceaux et fait énergiquement participer le public. Il confie : "Je ne sais pas si je suis chanteur. Des fois je me dis mais qu'est-ce que je fous là ?".

Julien Doré sait toujours habilement désamorçer le lyrisme de ses chansons d'une boutade ou d'un clin d'oeil, évitant l'auto-complaisance et le sirop. Pour amuser la galerie, il déploie toutes les voix qu'il porte en lui : celle du chanteur corse à coffre, celle, bluffante, du soul man, celle de l'écorché vif, celle du loup chef de meute. Il est hilarant.

Julien Doré seul au piano.
 (David Nivière / Sipa)

Double jeu avec son "je"

Durant tout le concert, le chanteur joue avec ses différents personnages. Jamais dupe de lui-même, il opère avec une fantaisie décomplexée qui lui permet d'emprunter sa gestuelle aux starlettes du R&B comme aux cadors du stand-up avec un égal plaisir, évident et jubilatoire.

Julien Doré n'a jamais poussé la mise en scène de lui-même et de ses différentes facettes avec une telle maîtrise sur la durée d'un spectacle. Son talent de comédien, avec lequel il vient de renouer sur la série "Dix pour Cent" (on a d'ailleurs croisé l'acteur Grégory Montel dans les gradins), s'affirme résolument.

Après une version puissante et noire d'"Eden", un dépouillé "Sublime et silence" au piano et un roucoulant "Romy", une tempête orageuse inattendue se lève sur le Zénith pour la version finale épique de "De mes sombres archives" emmenée par les guitares furibardes. Le rappel offrira un joli duo en compagnie de la prometteuse Juliette Armanet, déjà présente la veille et que Julien Doré suit depuis des années, avant de refermer ce 3e soir au Zénith avec le hit "Paris-Seychelles". Le pic de chaleur est atteint. Quant au taux d'hygrométrie, tu avais raison Julien, il doit avoisiner celui de la Thaïlande.

La tournée de Julien Doré se poursuit : le 12 mai à Bruxelles, le 21 mai à Singapour (!), le 2 juin à Saint-Etienne, le 5 juin à Talence, le 15 juin à Ruoms, le 6 juillet à Nîmes... voir toutes les dates sur son site.

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