Cet article date de plus de cinq ans.

Les Ogres de Barback fêtent leurs 25 ans avec "Amours grises & Colères rouges", album intimiste et universel

Un quart de siècle que les Ogres de Barback jouent une chanson française bigarrée et cosmopolite, aux accents d'Europe centrale ou d'Afrique. Eux l'appellent "la musique du voyage" et leur dernier album "Amours grises et colères rouges", qui sort ce vendredi 15 mars, continue de nous emmener aux quatre coins du monde, avec des textes toujours centrés sur l'humain. Intimiste et universel à la fois.
Article rédigé par Jean-François Convert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les 4 frères et soeurs des Ogres de Barback (Marion Jongle & Joot Prod )

Des textes personnels...

Constitué en 1994 autour de la fratrie Burguière (Alice, Mathilde, Sam et Fred, tous multi-instrumentistes), Les Ogres de Barback ont souvent produit des albums à couleur sociale ou sociétale. Des thèmes en accord avec leur volonté d'indépendance et de liberté, concrétisée par la gestion autonome de leur carrière, avec notamment la création de leur propre label, Irfan. Ici ce qui frappe de prime abord, ce sont les chansons plus intimistes, où l'auteur Fred semble se livrer plus qu'à l'accoutumée. Sur ses états d'âme, sa mélancolie passagère, ses amours contrariées ou son coeur en lambeaux. Ainsi ce très beau clip du deuxième morceau "P'tit coeur" avec son esthétique qui mêle animation en stop motion et prise de vues réelles.
Mais qu'on ne s'y trompe pas, derrière cette ritournelle qui pourrait sembler nombriliste, affleurent des messages que le clip met subtilement en scène : ce petit coeur pend tour à tour le visage d'un musicien de rue, d'un habitant en HLM, d'un prisonnier, ou encore d'un sans-abri sous tente qui évoque les "Don Quichotte". C'est tout l'art des "Ogres" : faire jaillir l'universel de l'intimiste. Et d'ailleurs, la "nombrilite aigüe" est délicieusement brocardée sur une mélodie chantée à la Brassens, avec ces syllabes rallongées et sinueuses. Preuve s'il en était besoin que le groupe est tout sauf renfermé sur lui-même.

...et ouverts sur le monde

Et c'est ce qui fait la force de cet album : la dualité personnel/universel. Car tous ces textes à la première personne ont aussi une dimension collective, renforcée musicalement par l'apport de musiciens extérieurs, venus accompagner le quatuor, pourtant pas en reste question instruments. Lior Shoov et Magyd Cherfi offrent une réponse sensuelle aux turpitudes du monde actuel sur "Il y a ta bouche". L'Orchestre Symhonique Macédonien "Fames" illumine le dernier morceau "Pas une femme" qui exprime sa révolte contre le sort réservé à la gente féminine. Et la fanfare béninoise Eyo'nlé rend la musique encore plus festive sur "La Rochelle", "Hé papa" et "Si tu restes", dont la vidéo est en ligne depuis quelques jours.

Cette ouverture sur le monde se ressent dans la musique qui emprunte aussi bien aux rythmes klezmer, aux sonorités folk d'outre-Atlantique, aux ambiances créoles, qu'aux danses chaloupées d'Afrique. Les classiques guitares, accordéon, cordes et cuivres sont enrichies d'instruments plus singuliers tels la scie musicale, le theremin, le métallophone ou le soubassophone. Des couleurs chamarrées qui donnent un charme inclassable.

Les mots plus forts que la haine

Fred Burguière aime jouer avec les mots. Son plaisir évident transparait dans des chansons comme "Latrim'", "Tous les matins immondes" ou "Chanson pour dans 2000 ans" qui s'autorise à la fin un clin d'oeil à l'auteur d'"Hexagone". Mais le texte le plus marquant est sans doute celui qui ouvre l'album : "Pas ma haine" est inspiré par le livre d'Antoine Leiris, journaliste qui a perdu son épouse lors de la fusillade du Bataclan. Et pour conjurer le désespoir, plutôt que de rester dans la gravité musicale exprimée par le piano du début, l'orchestration s'emballe et offre une vivacité et un entrain qui semblent vouloir balayer la tristesse et la colère, dans le même esprit que le texte poignant du journaliste.

C'est cela que proposent Les Ogres de Barback : aller de l'avant, à la rencontre de l'autre, et par une musique humaniste et sincère, construire un monde qui verra le jour, on l'espère, avant 2000 ans.

La pochette de l'album

Les Ogres de Barback : "Amours grises, Colères Rouges" (Irfan) sort ce 15 mars.
La tournée débute dès le lendemain. Retouvez toutes les dates sur le site officiel

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.