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-M- revient avec "Lettre infinie", un album en demi-teinte
Après le superbe "Lamomali", Matthieu Chedid revient à son personnage de -M- haut en couleurs, mi-guitariste de funk-rock, mi-héros de BD. Son dernier album "Lettre infinie" à paraître ce 25 janvier, propose 13 lettres musicales et intimes adressées à son public. Même si on ne doute pas de la sincérité de la démarche, l'ensemble ne convainc pas totalement.
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Une entrée en matière timorée
En découvrant la pochette du disque et les visuels qui l'accompagnent, des photos du chanteur avec guitare en or et accoutrement exubérant, on s'attend à un feu d’artifices, un album pyrotechnique... et il faut bien avouer qu'on est un peu déçu à la première écoute.Malgré l'excentricité de la tenue de -M-, difficile de trouver des excès de folie dans les chansons, celle qui traversait "Machistador", "Je dis aime" ou "Qui de nous deux". Ici, les ambiances sont plus timorées, et même après plusieurs écoutes, on a du mal à extraire une mélodie accrocheuse. Il faut attendre le huitième morceau "L'alchimiste" pour ressentir enfin une véritable énergie rock, comme on avait l'habitude d'entendre sur ses disques précédents. Peu de parties de guitares marquantes, mis à part le riff de cet "Alchimiste", et seulement deux solos, sur "Massaï" et "Grand petit con"...
Un décalage entre image et musique
Le showman-guitariste semble avoir voulu s'effacer derrière l'auteur qui joue avec les mots, et plusieurs textes sont effectivement subtils et poétiques, où Matthieu Chedid se livre sur ses "passions éphémères", ses "bonheurs intemporels", et ses "révolutions intérieures". Mais dans ce cas, pourquoi renouer avec cette image d'éternel adolescent un peu en décalage pour ce presque quinqua ?En 2017, il nous avait enchanté avec "Lamomali", un album qui explorait d'autres horizons musicaux, et prouvait qu'il ne s'enfermait pas dans un style. On aurait pu espérer qu'il s'affranchisse de son alter-ego scénique -M-, ce double carnavalesque qui parfois prenait plus de place que la musique elle-même. Mais la tentation a du être trop forte. Ainsi le single "Superchérie" joue la nostalgie des night-clubs millésimés années 80, autant dans les arrangements musicaux que les effets vidéo du clip. Un charme suranné qui n'est pas sans rappeler Jean-Christophe Averty.
Une perle en fin de disque
Malgré ce ressenti mitigé, on a tout de même été séduit par la dernière chanson : "Billie", une ballade groovy avec une simple guitare sèche pour donner le rythme, et où les deux voix de Matthieu Chedid et sa fille se répondent à merveille.L'auteur-compositeur est issu d'une famille de musiciens : son père Louis Chedid bien sûr, mais aussi sa soeur et son frère, avec qui ils ont d'ailleurs fait une tournée en 2015. Est-ce pour prolonger cette tradition familiale qu'il a invité sa fille à venir chanter avec lui sur cet album ? En tout cas, sa voix offre de très beaux choeurs sur plusieurs titres, et de superbes vocalises sur ce dernier morceau, épuré, qui tranche avec le reste de l'album. Finalement, c'est peut-être lorsqu'il se débarrasse de ses oripeaux d'apparence, pour ne garder qu'une voix et une guitare, que Matthieu Chedid est le meilleur. Et c'est dans cette formule que l'alchimiste touche le plus.Une déclaration d'amour inconditionnel à ma fille, la voix féminine de ce disque
-M- part en tournée à partir du 8 février. "Lettre infinie" (Wagram Music / 3ème Bureau) sort ce 25 janvier.
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