Nouvelle scène française : 10 jeunes talents à suivre assurément
Passée par la saison 3 de The Voice (2014), Leïla Huissoud a, depuis, parcouru un sacré chemin et a beaucoup de succès sur YouTube, où ses chansons font des millions de vues. Totalement affranchie de l’étiquette “variété télé crochet”, elle chante avec gouaille et intensité une chanson française authentique, héritée des plus grands. C’est d’ailleurs en réponse caustique à Brassens qu’elle nous conte “Le vendeur de paratonnerres”, contrechamp de “L’orage”, du grand Georges. Tout comme Maxime Leforestier avait répondu à “Supplique pour être enterré à la plage de Sète”, avec “La visite” en 1988, Leïla Huissoud prend ici le contrepied de "L’orage” (où Brassens cocufiait un vendeur de paratonnerres) en nous donnant le point du vue du mari trompé. C’est drôle, impertinent, enlevé, et jubilatoire. Qui oserait aujourd’hui parler de “ce con de Georges Brassens” ?
Leïla Huissoud sera à Paris le 7 février au Hasard ludique (Paris 18e arrondissement) pour le lancement de l’album et en tournée dans toute la France.
Son album "Auguste" (MAD) est sorti le 9 novembre.
Antoine Sahler ne débute pas dans le métier. Il a sorti deux albums en 2002 et 2005, et il a écrit et composé pour, entre autres, Maurane, Juliette Gréco, Sophie Forte, Lucrèce Sassella, Juliette. Mais c'est sa collaboration avec François Morel qui est la plus prolifique : des albums et des spectacles de chansons mais aussi des spectacles de théâtre où la musique est très présente : un duo sur "Caen" dans le projet "Devos en musique(s)" l'année denière, et en ce moment, "J'ai des doutes", spectacle en hommage à Raymond Devos, créé en 2018.
Jamais rassasié de projets, il sort un nouvel album album solo en février, avec un premier single "Merci merci", fustigeant la surconsommation.
L'album d'Antoine Sahler (Le Furieux / Differ-Ant) sortira le 1er février.
Plus électro-pop, voire parfois plus rock, Karin Clercq chante avec force la liberté de la femme et le désir féminin depuis le début des années 2000. Neuf ans après son précédent “La vie buissonnière”, elle revient avec son quatrième album, “La boite de Pandore”, dont le morceau-titre est en ligne depuis la rentrée.
La conception de l’album s’est étalée sur une longue période : en 2015 les "Secrètes sessions" (une vingtaine de musiciens, compositeurs, auteurs, chanteurs, ont deux heures pour faire naître une chanson, et la jouer dans la foulée) la poussent à reprendre les chemins des studios, et c’est la naissance du premier titre, “J’avance”, qui depuis, a évolué pour devenir un texte sur les migrants. Plus intimiste, "Je garde" est l'occasion d'inviter Sacha Toorop pour un beau duo.
Un album éclectique, fort, déterminé, que Karin Clercq joue actuellement en tournée.
"La boite de Pandore" (Gabal Productions) est sorti le 16 novembre.
Un tout autre univers est celui de Julien Bensé, qui propose avec "L'Odyssée" un voyage sensuel et spirituel. Cet album boucle en majesté la trilogie amorcée avec le disque "Album" en 2008, et poursuivie six années plus tard avec "Le printemps". Des textes empreints de références littéraires telles Epicure, Lucrèce, Pascal, Camus, Montaigne, Spinoza ou encore Nietzsche.
Pour acompagner ces textes parfois austères à dimension métaphysique, la musique se fait planante, aérienne, folk, avec quelques touches d'electro. Julien Bensé a lui-même assuré l'ensemble des orchestrations avec guitare, basse, claviers et boîte à rythme vintage. Des arrangements dépouillés qui appellent à l'introspection, mais aussi à la "réconciliation avec l'espèce humaine par l'entremise de la poésie"."L'odyssée" (Dyordie playing / Autre Distribution) est sorti le 7 décembre
La chanson française sait aussi être plus rock. C'est le cas avec Evelyne Gallet. Cette artiste lyonnaise avec 5 albums et plus de 600 concerts à son actif, a déjà partagé la scène avec Juliette, Arthur H, Sanseverino, Elmer Food Beat... et décroché plusieurs prix dans des festivals. Dès le premier morceau on est bousculé par cette fille qui n'a pas sa langue dans sa poche et est bien décidée à ne pas se laisser marcher sur les pieds.
"La fille de l'air" (Z production) est sorti le 23 novembre. Plusieurs dates sont prévues au printemps.
L’artiste lyonnais Pandore propose une poésie impulsive et percutante avec son mini-album de 7 titres “Enfant du vide” sorti en octobre. Ses textes témoignent d’une sensibilité à fleur de peau, tel un écorché qui ferait se rencontrer Noir Désir et Beaudelaire. Le single “A chaque mot de leurs apôtres” est empreint de cette révolte intérieure, et cette aspiration à la liberté.
Son album "Enfant du vide" (Inouïe Distribution) est sorti le 19 octobre
Après des débuts en 2012, Maud Lübeck est immédiatement reperée par Dominique A. En octobre 2016, elle sort son deuxième album "Toi non plus". Elle y racontait la douleur primitive de la rupture. Avec "Divine (chroniques d'une rencontre)", elle donne une suite, offrant ainsi un deuxième volet à ce dyptique de l'intime.
"Divine" (Remark / Finalistes) sortira le 18 janvier 2019.
Autre artiste féminine, Anne Darban raconte elle aussi des amours contrariées. Les blessures du coeur, le sentiment d'abandon, et le besoin de se ressourcer sont les thèmes dépeints au fil des 6 chansons de l'EP "Plutôt me rendre", dont le morceau-titre bénéficie d'un clip mis en ligne début novembre.
L'EP "Plutôt me rendre" (Anne Darban) est sorti le 9 novembre.
Emma Beatson nous avait déjà habitué à sa voix éthérée, des mélodies aériennes, une ambiance envoûtante. En témoigne sa prestation live de la chanson “Gris”, à la Royal Academy of Music, au mois de mai, avec un quatuor à cordes.
Après son premier album “OBK Sessions”, sorti en 2015, elle revient avec nouveau single “Sel”, publié mi-octobre.
J’ai eu envie d’espace, de mouvement, de dire les mots, de laisser faire. De ma grotte, j’ai composé des beats hip hop, des mélodies acrobatiques, des refrains pop, des synthés aquatiques. J’ai raconté l’histoire d’une sirène qui se découvre, plonge et s’enivre...
Emma Beatson
De très belles harmonies vocales qui invitent à lâcher prise, et à se laisser bercer en plein rêve. Un véritable voyage onirique et sensuel.
Et pour terminer, un album sorti il y a déjà quelques temps, mais un vrai coup de cœur, qui mérite vraiment d’être découvert : Guillaume Poncelet, musicien inclassable et touche-à-tout, passe du jazz au hip-hop, de la musique de film au slam avec une facilité déconcertante. Sa dernière collaboration est la bande originale du film “Razzia”, de Nabil Ayouch. Son magnifique album “88”, sorti en début d’année (mais joué en avant-première à la fin de l’année dernière), regorge de mélodies entêtantes, quelque part entre Satie et Tiersen, Chopin et Morricone. Le morceau "L'ennui" nous a en effet fait penser aux musiques de “Il était une fois en Amérique”, "Cinema Paradiso” ou “Le grand silence”.
On attend avec impatience le retour de ce jeune prodige sur le devant de la scène musicale, que ce soit jazz, classique ou n’importe quel autre style... Il semble être à l’aise dans tous.
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