"Paris-Beyrouth", le voyage "électroriental" de Cyril Mokaiesh
Cyril Mokaiesh s'est rendu au pays du Cèdre, terre familiale, pour enregistrer son quatrième disque, "Paris-Beyrouth", chemin poétique entre son univers électronique et les traditions libanaises de ses origines.
Cyril Mokaiesh, une des voix les plus attachantes de la chanson française, s'est rendu au Liban, terre familiale, pour signer son quatrième album, bijou intimiste entre vibrations électro et orientales.
"Le Liban est en moi"
"Le Liban est en moi, c'était le moment d'aller à sa rencontre et d'aller à ma rencontre, car quand on tire le fil de ses origines on en apprend sur soi. On a envie de se regarder droit dans les yeux", éclaire pour l'AFP le trentenaire, dont le nouvel opus est sorti il y a quelques jours.
Lui est né à Paris, d'une mère française et d'un père libanais qui "a vécu là-bas jusqu'à 30-35 ans, puis comme beaucoup est parti au moment de la guerre civile" (1975-1990). "Mon frère est né là-bas, ma soeur en France, j'ai entendu parler arabe à la maison mais je ne l'ai jamais appris, j'essaye de me rattraper mais je me demande si ce n'est pas trop tard", poursuit-il de sa voix posée.
Il n'était passé qu'en coup de vent au pays du Cèdre, y est resté plus longtemps cette fois. Des voix et des séquences de oud, instrument traditionnel joué notamment par la pointure libanaise Ziyad Sahhab, ont été enregistrées au Liban, où vit toujours la grand-mère du chanteur.
"Retrouver l'émerveillement"
Cyril Mokaiesh voulait "retrouver l'émerveillement", citant "Baudelaire : Le génie, n'est que l'enfance retrouvée à volonté". Son disque - agrémenté dans sa version collector d'un beau livre de photos prises au Liban - s'ouvre d'ailleurs sur L'origine, autobiographique. "J'étais un enfant de la balle/qui collectionnait les coupes", rappelle sa première vie de champion de tennis junior.
Mais pas question d'un album-bilan. "Je ne voulais pas d'une photo de classe, ça a remué des choses personnelles, mais je voulais aborder de manière poétique ce que j'ai observé à Beyrouth". Dans Beyrouth, on croise ce "gigantesque chaos de fils électriques", ces chantiers qui ont avancé de trois briques en 30 ans (la corruption est évoquée d'un subtil "Les mains sales sont un détail d'ordre pratique") mais aussi cette "énorme vitalité" et ces "gens avec une grande profondeur".
Le piano de Bachar Mar-Khalifé
Soucieux de "décoller des sujets sociaux" des albums précédents, l'artiste qui sera en concert au Trianon à Paris le 3 mars, s'offre aussi des échappées belles, comme "une fenêtre ouverte sur plus de lumière". Telle La vie est ailleurs, sublimée par le piano de Bachar Mar-Khalifé.
Même si ce n'était pas le plan de départ. "Je voulais qu'il chante. Il m'a dit : je n'entends pas de voix, j'étais déboussolé mais je lui ai dit : passe en studio. Il est venu à Ivry, a joué 4-5 versions de choses très différentes, quasi-improvisées. J'en suis très heureux, je trouve ça élégant, je voulais ce côté électro amené par Valentin Montu (le complice de Mokaiesh, architecte sonore) et la vie - apportée par Bachar Mar-Khalifé - qui rappelle Beyrouth".
Les voix de Razane Jammal et de Sophia Moussa
Deux femmes placent aussi leur voix, l'actrice Razane Jammal sur Au nom du père, titre chanté-parlé, et Sophia Moussa, dans un dégagement rap ("La lueur"). La première, vue notamment dans un court-métrage de Kanye West et dans un long d'Olivier Assayas, a été contactée sur Instagram.
"Elle m'a dit : je ne suis pas chanteuse, je vis à Londres, tu prends un gros risque car je vais venir à Paris et si ça ne le fait pas.... Mais dans une sorte d'instinct fou, je lui a dit : ça va le faire. Comédienne, elle connaît son capital émotion, ça semblait tout à fait naturel pour elle".
Et l'actualité pointe dans Le grand changement. "De New York au Proche-Orient/Le même firmament/Apocalypso-cynique" résonne alors que les tensions sont au plus haut entre les Etats-Unis et l'Iran, sous le regard inquiet des Libanais.
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