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"Les sucettes à l’anis": 50 ans et encore un arrière-goût de scandale du tube coquin de Serge Gainsbourg

L’été 1966, France Gall chante "Les sucettes à l’anis". Une chanson écrite par Serge Gainsbourg au premier abord anodine. Mais les paroles ont un double sens. Des allusions érotiques qui échappent à l’époque à la jeune artiste.
Article rédigé par Véronique Dalmaz
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Photo extraite du clip évocateur des "Sucettes" 
 (Capture d'image France3/Culturebox)

Reportage France 2 : L. Legendre / F. Bohn / G. Liaboeuf

Une chanson culte qui parle subtilement de sexe  

France Gall a 19 ans quand elle interprète pour la première fois "Les sucettes à l’anis". Une chanson signée Serge Gainsbourg. Pour écrire et composer ce titre, Gainsbourg lui demande ses souvenirs de vacances. L’idole des yéyés lui raconte qu’à Noiremoutier elle achetait des sucreries. Et le malicieux Serge Gainsbourg, à la plume si subtile, transforme l’histoire d’une petite fille qui aime les sucettes à l’anis en chanson quasi érotique, avec des paroles qui suggèrent une fellation mais dont le double sens  passe au début inaperçu.   

Serge Gainsbourg, l'enfant terrible des années yéyés
 (Capture d'image France3/Culturebox)

Un clip suggestif

L’été 1966, tout le monde fredonne "Annie aime les sucettes, les sucettes à l’anis (…). Lorsque le sucre d’orge, parfumé à l’anis coule dans la gorge d’Annie, elle est au paradis". Le public commence à prendre conscience des deux niveaux de lecture. D’autant plus que le clip est très suggestif. On y voit que des sucettes de forme allongée sucées par des femmes aux regards aguicheurs.

Le clip coquin des "Sucettes" mis en image par Jean-Christophe Averty dans l'émission télévisée "Au risque de vous plaire" (1966)


Des sucettes au goût amer pour France Gall

La jeune France Gall découvre le pot aux roses après la sortie du disque. En 1968, interviewée par Philippe Constantin pour le magazine "Rock & Folk", elle explique qu’elle a pris conscience de la grivoiserie du titre lors d’un déplacement à l’étranger. "Je suis partie au Japon pendant que le disque sortait à Paris. Les programmateurs de radio ont hurlé : "Elle est complètement folle, elle va se ridiculiser". Moi, je n’en savais rien. Et quand je suis revenue, je n’osais plus sortir de chez moi. Je n’osais plus faire de radio, plus de télé". Des propos que la chanteuse confirme au journal "Le Parisien" en 2015 dans une interview filmée. Lors de cet entretien, France Gall parle d’humiliation et avoue que cette histoire a, à l’époque, changé ses rapports avec les garçons. La chanteuse finira pas ne plus chanter ce titre.
France Gall et Serge Gainsbourg, avant que la chanteuse ne parle de "trahison" 
 (Capture d'image France3/Culturebox)

La censure « muette »

La chanson du facétieux Gainsbourg ne sera pas censurée. Jusqu’en 1964, un comité d’écoute censurait les chansons jugées trop grivoises ou politiques. Mais avec l’apparition des Yéyés, le comité disparaît. La liberté sexuelle s’affiche sur les ondes comme l’explique Bertrand Dicale, journaliste et spécialiste de la chanson française. "A la radio publique, la censure par précaution va faire qu’on va beaucoup plus pourchasser les contenus qui pourraient être politiques. Le titre "Les sucettes" passe parce que ca plait aux gamins, c’est amusant et y a rien d’explicite ».  
 

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