"Charlie Hebdo" "effaré" par les paroles d'une chanson liée au film "La Marche"
Dans un couplet d'un morceau intitulé "Marche", le rappeur Nekfeu "réclame un autodafé" contre les "chiens" du journal satirique.
"Les miens se lèvent tôt, j'ai vu mes potos taffer / Je réclame un autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo". Présentes dans un couplet d'une chanson liée au film La Marche, ces paroles ont atterré la rédaction du journal satirique. Elle a publié, lundi 25 novembre, un communiqué pour faire part de son "effarement", deux jours avant la sortie en salles du film de Nabil Ben Yadir.
Le producteur du film, qui retrace l'histoire de la Marche des Beurs en 1983, a tenu à préciser que le morceau, Marche, ne faisait pas partie de la bande originale du film. "J'ai apporté mon soutien à cette chanson, qui n'a jamais été prévue pour la BO du film, a expliqué Hugo Sélignac. J'ai prêté des éléments sonores du film qui ont été intégrés à la chanson et j'ai donné mon accord pour que la typographie de la pochette et de l'affiche du film soit la même. Je n'avais pas à valider les paroles."
Des propos dignes "de l'extrême droite musulmane"
La chanson incriminée a été composée et est interprétée par une dizaine de rappeurs renommés, dont Akhenaton, Disiz, Kool Shen et Nekfeu. Dans le 7e couplet qu'il interprète, Nekfeu, membre du collectif parisien 1995, et pas coutumier des polémiques, chante notamment : "D't'façon y'a pas plus ringard que le raciste / Ces théoristes veulent faire taire l'islam / Quel est le vrai danger : le terrorisme ou le taylorisme? / Les miens se lèvent tôt, j'ai vu mes potos taffer / Je réclame un autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo."
"La chanson Marche (...) reprend les propos que tient habituellement l'extrême droite musulmane lorsqu'elle évoque notre journal", a réagi Charlie Hebdo dans un communiqué publié avant les explications de la production du film. "S'il leur manque un couplet, nous précisons aux auteurs de la chanson que le journal numérique Inspire, édité par Al-Qaïda, a condamné à mort Charb [directeur du journal] en mars dernier", ajoute le texte.
"Nous avons l'habitude de ces appels à la haine, de nous faire traiter de 'chiens' d'infidèles", continue le communiqué. Le 2 novembre 2011, le siège de Charlie Hebdo avait en effet été détruit par un incendie criminel, le jour où il publiait en une une caricature de Mahomet.
Sur son compte Twitter, le rappeurSneazzy, qui a participé à la chanson incriminée, n'a pas masqué sa colère.
la liberté d'expression c'est seulement quand ça les arrange. glousseuses de merde!
— Sneazzy (@Sneazzy1995) 25 Novembre 2013
Le magazine a fait savoir qu'il ne comptait pas engager de poursuite.
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