Alexandre Bloch prend la baguette jeudi à l'Orchestre national de Lille
Quand l'orchestre avait dix ans, Alexandre n'était pas né, il pourrait être mon petit-fils ! Ca va me faire un drôle d'effet quand je lui passerai la baguette", explique Jean-Claude Casadesus, 80 ans, au sujet des concerts d'investiture "Bienvenue maestro" jeudi et vendredi soir, où 2.000 spectateurs sont attendus au Nouveau Siècle, la salle entièrement rénovée de l'Orchestre national de Lille.
Pour trouver son successeur, le directeur général de l'ONL, François Bou, a demandé aux quatre derniers prétendants d'écrire leur projet. Là où les candidats polonais, estonien et norvégien ont écrit "un projet pour un orchestre", Alexandre Bloch a lui "dessiné un authentique projet pour l'orchestre de Lille".
Il a saisi la singularité de l'ONL
Comprendre : cet homme au visage sympathique, les cheveux bruns mi-longs et qui n'hésite pas à revêtir des chaussettes orange fluo, a mieux que les autres saisi la singularité de l'ONL qui, outre une qualité musicale reconnue, a beaucoup oeuvré pour faire sortir la musique classique des sentiers battus, se produisant dans des prisons, des usines ou des écoles. Et son esprit un peu "tout fou" et éclectique doublé d'un solide pedigree, ont convaincu le jury, composé de partenaires de l'institution (Etat, région, ville, métropole), ainsi que Bou et Casadesus.Né en 1985 à Angers, Alexandre Bloch a commencé ses études musicales de violoncelle, harmonie et direction d'orchestre aux conservatoires de Tours, Orléans puis Lille. Il a ensuite peaufiné sa formation au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP) dans les classes d'écriture, puis de direction d'orchestre.
Un chef d'orchestre né
Le compositeur Thierry Escaich, qui a été son professeur, garde le souvenir d'un talent précoce: "Je sentais qu'il était un chef d'orchestre né", dit-il, marqué "par l'enthousiasme, l'énergie sympathique, la boulimie" du jeune homme, qui possède "l'avantage de connaitre la musique de l'intérieur, car il est capable de l'écrire".C'est en 2012 que la carrière d'Alexandre Bloch prend un tour vraiment nouveau : il remporte le concours international de direction Donatella Flick à Londres et accède au poste de chef d'orchestre assistant au London symphony orchestra. Peu à peu, sa notoriété s'étend, notamment dans les pays anglo-saxons, et il est invité pour diriger de nombreux orchestres symphoniques sur toutes les longitudes (Adélaïde, Oslo, Düsseldorf, Séoul, Vancouver...)
Il veut attirer un nouveau public
Cet esprit touche-à-tout passionné de cuisine, de voile et de peinture impressionniste au profil international va effectuer une "saison de transition" 2016-17 avec seulement quatre programmes à Lille.Se retrouvant "pleinement" dans la politique de l'ONL de diversification du public, il souhaite ensuite développer des "nouvelles formes", comme des concerts de dix minutes pour les moins de trois ans ou des concerts avec des têtes d'affiche comme Dany Boon susceptibles d'attirer "un nouveau public".
Ce père de deux jeunes garçons souhaite également s'appuyer sur les nouvelles technologies, avec par exemple la possibilité de créer des concerts où le public pourra interagir sur le déroulé du programme... Son leitmotiv : "Enlever le fossé entre la scène et le public", pour que les spectateurs n'aient plus l'impression "d'avoir des pingouins habillés en noir et blanc", dit-il en souriant.
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