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Anne Sinclair de retour à la télé avec Ruggero Raimondi dans "Fauteuils d'Orchestre" sur France 3
Après une longue absence, la directrice éditoriale du "Huffington Post" retrouve le petit écran ce vendredi. Pas forcément là où on l'attendait : elle sera aux commandes de "Fauteuils d'Orchestre", une émission consacrée à la musique classique - sa grande passion - et diffusée à une heure de grande écoute : 20h55 sur France 3. Son premier invité : Ruggero Raimondi.
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Anne Sinclair, d’où vous vient cette passion pour la musique classique. Êtes-vous musicienne ?
J’ai eu très jeune la passion de la musique classique. Quand j’avais 8 ou 9 ans, mon père qui était très mélomane m’emmenait aux Concerts Colonne le dimanche matin au Châtelet. Et j’adorais cela. Et à la maison, je prolongeais les concerts avec la discothèque de mon père, des 33 tours magiques, avec Bruno Walter, Furtwängler, Menuhin, Oistrakh ou Horowitz. Quant à l’opéra, c’est ma grand-mère maternelle qui en avait le goût. Elle avait une très belle voix et c’est elle qui m’a emmenée à peu près au même âge à l’opéra. J’y ai vu le Faust de Gounod pour la première fois. J’en ai tellement raffolé que j’ai appris presque par coeur : « anges purs, anges radieux, portez mon âme au sein des cieux… » Je ne sais pas très bien ce que je comprenais du drame de Marguerite, et de la problématique de Faust, mais « L’Air des bijoux » m’a semblé très vite beaucoup plus mélodieux que ce que Hergé caricaturait avec le personnage de la Castafiore ! (rires). Ensuite j’ai découvert les Verdi et les Puccini. Je connaissais même les airs de La Bohême en français à force de suivre la traduction sur le livret, pendant que Mimi chantait à tue-tête sur mon Teppaz… Quant aux instruments, hélas, j’ai vaguement appris un peu de piano enfant, mais je n’étais pas douée du tout !
Pourquoi avoir choisi Ruggero Raimondi comme premier grand invité ?
De l’opéra à une heure de grande écoute c’est un défi, non ? Oui, l’opéra, en prime time, c’est un défi que seul le service public pouvait relever. Encore fallait-il qu’il ait le courage de le faire, et France 3 l’a eu, avec un formidable plateau, de grands moyens et la volonté de faire partager cet amour pour l’opéra au plus grand nombre. Quant à Ruggero Raimondi, il est LE Don Giovanni le plus emblématique de sa génération. Je l’ai découvert, comme beaucoup, en 1979 dans le film de Losey que j’ai bien vu cinq ou six fois. Et depuis, je connais chacun des airs par coeur, et les écoute sans cesse sur mon Ipod dans l’enregistrement d’origine, avec Raimondi, Teresa Berganza, Kiri Te Kanawa et José Van Dam, sous la direction de Lorin Maazel. C’est de loin mon opéra préféré avec Le Trouvère de Verdi si rarement joué. J’ajoute que Ruggero Raimondi a non seulement une voix magnifique, mais un sens du théâtre consommé. C’est un très grand acteur, un invité idéal, plein de charme et de gaieté, pour faire partager ce que nous avions envie que le public aime avec nous.
Quels ont été les grands moments du tournage ?
Un des grands bonheurs de cette émission a été d’entendre la voix extraordinaire de Raimondi, intacte. Il a accepté de chanter le grand « Air de Phlippe II » dans le Don Carlo de Verdi qu’il n’avait pas chanté depuis des années mais dont j’avais le souvenir, pour l’avoir entendu à Bastille, où Raimondi a également endossé le fabuleux rôle de Scarpia dans Tosca. Je ne dévoilerai pas tous les airs qu’il chante en direct, accompagné de l’Orchestre de Paris , mais c’est un régal. Il faut le voir jouer l’ « Air de la Calomnie » dans Le Barbier de Séville. Un grand moment. Et puis, nous avons composé pour lui un plateau de jeunes interprètes : Florian Sempey, un baryton de 27 ans, chante Tannhäuser, et c’est d’une beauté à couper le souffle. Patrizia Ciofi chante un des airs les plus douloureux de La Traviata, et j’en ai eu les larmes aux yeux. Un jeune violoncelliste prodige, Edgar Moreau qui, à 21 ans, joue sur une seule corde de son violoncelle la transcription de la prière du Moïse de Rossini, et c’est magnifique. Je m’arrête là pour vous laisser découvrir le reste…
Les surprises ? Il y en a plein : l’humour de Ruggero Raimondi, auquel je fais remarquer la timidité de son attitude avec la ravissante mezzo - soprano Albane Carrère, et qui botte en touche en me disant : « Vous avez vu son mari ? Il mesure 1,90 m… ! » Son regard amusé et surpris de découvrir sur le gigantesque écran derrière moi les photos de ses principaux rôles. Ou encore la réserve émue de Patrick Bruel, ravi de parler opéra avec Ruggero, heureux de chanter une chanson de Barbara devant lui, et qui le regardait comme un enfant gourmand dévore des yeux un éclair dans une pâtisserie… ! Cette émission, j’espère qu’elle plaira aux téléspectateurs, mais j’avoue que ce fut en tout cas un cadeau pour moi : une soirée d’opéra toute entière, 75 musiciens de l’Orchestre de Paris sur le plateau. C’est la première fois qu’on me propose de faire une émission qui me donne autant de plaisir !
Le programme de cette première émission : le grand invité sera le baryton basse Ruggero Raimondi, Avec Anne Sinclair, il reviendra sur sa vie et sa carrière, et sera rejoint par des artistes d'univers très différents.
L’Orchestre de Paris sera présent toute la soirée sous la direction d'Alain Altinoglu et accompagnera Juan Diego Flórez (ténor), Patrizia Ciofi (soprano), Patrick Bruel, Julie Fuchs (soprano), Nora Gubisch (mezzo-soprano), Edgar Moreau (violoncelliste) ou Florian Sempey (baryton). La jeune génération sera représentée par Albane Carrère (mezzo - soprano), Eva Zavaro (violoniste) ou Charlotte Coulaud (pianiste).
Anne Sinclair animera une dizaine d’entretiens en plateau, avec des invités-surprises, comme Julia Migenes (soprano, actrice et danseuse) ou Éric Ruf, (Administrateur général de la Comédie-Française, acteur et metteur en scène).
"Fauteuils d'Orchestre" vendredi 11 décembre à 20h55 sur France 3
J’ai eu très jeune la passion de la musique classique. Quand j’avais 8 ou 9 ans, mon père qui était très mélomane m’emmenait aux Concerts Colonne le dimanche matin au Châtelet. Et j’adorais cela. Et à la maison, je prolongeais les concerts avec la discothèque de mon père, des 33 tours magiques, avec Bruno Walter, Furtwängler, Menuhin, Oistrakh ou Horowitz. Quant à l’opéra, c’est ma grand-mère maternelle qui en avait le goût. Elle avait une très belle voix et c’est elle qui m’a emmenée à peu près au même âge à l’opéra. J’y ai vu le Faust de Gounod pour la première fois. J’en ai tellement raffolé que j’ai appris presque par coeur : « anges purs, anges radieux, portez mon âme au sein des cieux… » Je ne sais pas très bien ce que je comprenais du drame de Marguerite, et de la problématique de Faust, mais « L’Air des bijoux » m’a semblé très vite beaucoup plus mélodieux que ce que Hergé caricaturait avec le personnage de la Castafiore ! (rires). Ensuite j’ai découvert les Verdi et les Puccini. Je connaissais même les airs de La Bohême en français à force de suivre la traduction sur le livret, pendant que Mimi chantait à tue-tête sur mon Teppaz… Quant aux instruments, hélas, j’ai vaguement appris un peu de piano enfant, mais je n’étais pas douée du tout !
Pourquoi avoir choisi Ruggero Raimondi comme premier grand invité ?
De l’opéra à une heure de grande écoute c’est un défi, non ? Oui, l’opéra, en prime time, c’est un défi que seul le service public pouvait relever. Encore fallait-il qu’il ait le courage de le faire, et France 3 l’a eu, avec un formidable plateau, de grands moyens et la volonté de faire partager cet amour pour l’opéra au plus grand nombre. Quant à Ruggero Raimondi, il est LE Don Giovanni le plus emblématique de sa génération. Je l’ai découvert, comme beaucoup, en 1979 dans le film de Losey que j’ai bien vu cinq ou six fois. Et depuis, je connais chacun des airs par coeur, et les écoute sans cesse sur mon Ipod dans l’enregistrement d’origine, avec Raimondi, Teresa Berganza, Kiri Te Kanawa et José Van Dam, sous la direction de Lorin Maazel. C’est de loin mon opéra préféré avec Le Trouvère de Verdi si rarement joué. J’ajoute que Ruggero Raimondi a non seulement une voix magnifique, mais un sens du théâtre consommé. C’est un très grand acteur, un invité idéal, plein de charme et de gaieté, pour faire partager ce que nous avions envie que le public aime avec nous.
Quels ont été les grands moments du tournage ?
Un des grands bonheurs de cette émission a été d’entendre la voix extraordinaire de Raimondi, intacte. Il a accepté de chanter le grand « Air de Phlippe II » dans le Don Carlo de Verdi qu’il n’avait pas chanté depuis des années mais dont j’avais le souvenir, pour l’avoir entendu à Bastille, où Raimondi a également endossé le fabuleux rôle de Scarpia dans Tosca. Je ne dévoilerai pas tous les airs qu’il chante en direct, accompagné de l’Orchestre de Paris , mais c’est un régal. Il faut le voir jouer l’ « Air de la Calomnie » dans Le Barbier de Séville. Un grand moment. Et puis, nous avons composé pour lui un plateau de jeunes interprètes : Florian Sempey, un baryton de 27 ans, chante Tannhäuser, et c’est d’une beauté à couper le souffle. Patrizia Ciofi chante un des airs les plus douloureux de La Traviata, et j’en ai eu les larmes aux yeux. Un jeune violoncelliste prodige, Edgar Moreau qui, à 21 ans, joue sur une seule corde de son violoncelle la transcription de la prière du Moïse de Rossini, et c’est magnifique. Je m’arrête là pour vous laisser découvrir le reste…
Les surprises ? Il y en a plein : l’humour de Ruggero Raimondi, auquel je fais remarquer la timidité de son attitude avec la ravissante mezzo - soprano Albane Carrère, et qui botte en touche en me disant : « Vous avez vu son mari ? Il mesure 1,90 m… ! » Son regard amusé et surpris de découvrir sur le gigantesque écran derrière moi les photos de ses principaux rôles. Ou encore la réserve émue de Patrick Bruel, ravi de parler opéra avec Ruggero, heureux de chanter une chanson de Barbara devant lui, et qui le regardait comme un enfant gourmand dévore des yeux un éclair dans une pâtisserie… ! Cette émission, j’espère qu’elle plaira aux téléspectateurs, mais j’avoue que ce fut en tout cas un cadeau pour moi : une soirée d’opéra toute entière, 75 musiciens de l’Orchestre de Paris sur le plateau. C’est la première fois qu’on me propose de faire une émission qui me donne autant de plaisir !
Le programme de cette première émission : le grand invité sera le baryton basse Ruggero Raimondi, Avec Anne Sinclair, il reviendra sur sa vie et sa carrière, et sera rejoint par des artistes d'univers très différents.
L’Orchestre de Paris sera présent toute la soirée sous la direction d'Alain Altinoglu et accompagnera Juan Diego Flórez (ténor), Patrizia Ciofi (soprano), Patrick Bruel, Julie Fuchs (soprano), Nora Gubisch (mezzo-soprano), Edgar Moreau (violoncelliste) ou Florian Sempey (baryton). La jeune génération sera représentée par Albane Carrère (mezzo - soprano), Eva Zavaro (violoniste) ou Charlotte Coulaud (pianiste).
Anne Sinclair animera une dizaine d’entretiens en plateau, avec des invités-surprises, comme Julia Migenes (soprano, actrice et danseuse) ou Éric Ruf, (Administrateur général de la Comédie-Française, acteur et metteur en scène).
"Fauteuils d'Orchestre" vendredi 11 décembre à 20h55 sur France 3
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