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Cette "Folle journée" sur la passion s’annonce passionnante
La 21e «Folle journée» de Nantes se tiendra du 28 janvier au 1er février. Pour la première fois ce ne sont plus des compositeurs ou des écoles musicales qui sont à l’honneur. Mais un thème : « Passions de l’âme et du cœur ». Une révolution dans le concept, intrigante et… passionnante.
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Coup de théâtre : le transgenre
Beau pari pour ce diable d’homme qu’est René Martin (voir aussi son interview) dont on se demandait comment il allait, au bout de vingt ans, faire évoluer son « bébé ». Il y avait la solution simple et… sage, trop sage : reprendre les compositeurs, un coup Mozart, un coup les Russes, en les organisant d’une autre manière. Coup de théâtre : le transgenre. Partant du principe que la musique est la source de toutes les émotions et qu’elle les a toutes illustrées. Voyons maintenant ce que cela cache. La passion
Idée bougrement intelligente : jouer sur les deux sens du mot « passion », l’un, d’ailleurs, découlant de l’autre. La passion, à l’origine, est une souffrance, elle l’est même étymologiquement. D’où le point de départ évident de la passion du Christ, grandes « Passions » de Bach, « Messie » de Haendel, « 7 dernières paroles du Christ » de Haydn, « Via Crucis »(Chemin de croix) de Liszt. Souffrance du Christ, souffrance de sa mère : « Stabat Mater » de Vivaldi, de Scarlatti père (« Stabat Mater dolorosa : sa mère (la Vierge) se tenait debout dans toute sa douleur »).
Passion aussi au sens des regrets pour des êtres chers, dont la disparition provoque une insondable souffrance: l’hommage musical aux défunts s’appelait « Tombeau » à l’époque baroque, voir Marin Marais ou Sainte-Colombe; au XIXe siècle il passe souvent par la musique de chambre, « Trio » de Tchaïkowsky dédié à son ami, Nikolaï Rubinstein, trios et quatuors de Dvorak ou Smetana à la mémoire de leurs enfants morts.
Avec les sonates pour clavier de Scarlatti fils qui, sur le ton de la confidence, ouvrent sur le romantisme, on bascule des passions de l’âme aux passions du cœur. Etre passionné, c’est être excessif et souffrir de l’excès même de ses sentiments. La brûlante passion du cœur laisse épuisé, pantois, l’œil brûlant de fièvre et de fatigue, la violence de l’amour ravageant la raison. C’est le piano dévasté de Chopin, le piano fougueux de Beethoven (sonates « La Tempête » et « Appassionata »!), le piano amoureux de Schumann, pour Clara, sa virtuose bien-aimée à qui il dédie aussi des lieder enflammés.
Mais la passion ne s’arrête pas quand pointe le XXe siècle : les « Chants plaintifs » de Gorecki, la « Voix humaine » de Poulenc, celle d’une femme folle d’amour pour l’homme qui la quitte; la « Suite lyrique » d’un Berg amoureux, la « Nuit transfigurée » de Schönberg, transfigurée par l’amour d’une femme qui porte l’enfant d’un autre et de son compagnon qui acceptera d’élever l’enfant. Ici la passion est à la fois sentiment et sacrifice.
Passion enfin dans la musique populaire, bretonne, portugaise, espagnole ou arabe, l’arabe des poèmes amoureux de l’ère classique. Seront présents pour l’incarner Yan-Fanch Kemener, l’accordéon de Richard Galliano, le grand fadiste Antonio Zambujo.
Un savant cocktail d'interprètes
Côté interprètes, justement, ce sera comme toujours un savant cocktail. Des habitués : Boris Berezovsky, Andreï Korobeinikov, Anne Queffelec ou Jean-Frédéric Neuburger pour le piano, Henri Demarquette ou Ophélie Gaillard pour le violoncelle, les Quatuors Keller ou Prazak, Michel Corboz, Faycal Karoui, Pierre Hantaï ou La Venexiana pour les temps plus anciens. Les jeunes pousses, du confirmé Adam Laloum à l’inconnu Louis Schwizgebel, de la soprano Camille Poul au violoncelliste Pablo Fernandez. Et quelques stars jamais (ou rarement) venues : le formidable claveciniste Andreas Staier. Le si atypique Francesco Tristano, qui passe sans problème avec son piano de Bach à la musique techno (une venue en fanfare car il proposera plusieurs… passionnants programmes), enfin ce géant du violon qu’est Gidon Kremer (avec son orchestre de la Kremerata Baltica) ! Comme toujours cette « Folle journée » a déjà commencé cette semaine dans différentes villes de la région Pays de Loire. Et pour le jeudi 29 janvier on a élargi les horaires : les concerts commenceront dès 9 heures au lieu de 14 heures les autres années. Comme le dit le proverbe nantais (si, si) : « A folle journée, nuit tronquée »
« La folle journée » à la Cité des Congrès de Nantes (44000)
Du mercredi 28 janvier au dimanche 1er février 2015 : conférences, animations et… 350 concerts !
Réservation 02 51 88 36 36
Beau pari pour ce diable d’homme qu’est René Martin (voir aussi son interview) dont on se demandait comment il allait, au bout de vingt ans, faire évoluer son « bébé ». Il y avait la solution simple et… sage, trop sage : reprendre les compositeurs, un coup Mozart, un coup les Russes, en les organisant d’une autre manière. Coup de théâtre : le transgenre. Partant du principe que la musique est la source de toutes les émotions et qu’elle les a toutes illustrées. Voyons maintenant ce que cela cache. La passion
Idée bougrement intelligente : jouer sur les deux sens du mot « passion », l’un, d’ailleurs, découlant de l’autre. La passion, à l’origine, est une souffrance, elle l’est même étymologiquement. D’où le point de départ évident de la passion du Christ, grandes « Passions » de Bach, « Messie » de Haendel, « 7 dernières paroles du Christ » de Haydn, « Via Crucis »(Chemin de croix) de Liszt. Souffrance du Christ, souffrance de sa mère : « Stabat Mater » de Vivaldi, de Scarlatti père (« Stabat Mater dolorosa : sa mère (la Vierge) se tenait debout dans toute sa douleur »).
Passion aussi au sens des regrets pour des êtres chers, dont la disparition provoque une insondable souffrance: l’hommage musical aux défunts s’appelait « Tombeau » à l’époque baroque, voir Marin Marais ou Sainte-Colombe; au XIXe siècle il passe souvent par la musique de chambre, « Trio » de Tchaïkowsky dédié à son ami, Nikolaï Rubinstein, trios et quatuors de Dvorak ou Smetana à la mémoire de leurs enfants morts.
Avec les sonates pour clavier de Scarlatti fils qui, sur le ton de la confidence, ouvrent sur le romantisme, on bascule des passions de l’âme aux passions du cœur. Etre passionné, c’est être excessif et souffrir de l’excès même de ses sentiments. La brûlante passion du cœur laisse épuisé, pantois, l’œil brûlant de fièvre et de fatigue, la violence de l’amour ravageant la raison. C’est le piano dévasté de Chopin, le piano fougueux de Beethoven (sonates « La Tempête » et « Appassionata »!), le piano amoureux de Schumann, pour Clara, sa virtuose bien-aimée à qui il dédie aussi des lieder enflammés.
Mais la passion ne s’arrête pas quand pointe le XXe siècle : les « Chants plaintifs » de Gorecki, la « Voix humaine » de Poulenc, celle d’une femme folle d’amour pour l’homme qui la quitte; la « Suite lyrique » d’un Berg amoureux, la « Nuit transfigurée » de Schönberg, transfigurée par l’amour d’une femme qui porte l’enfant d’un autre et de son compagnon qui acceptera d’élever l’enfant. Ici la passion est à la fois sentiment et sacrifice.
Passion enfin dans la musique populaire, bretonne, portugaise, espagnole ou arabe, l’arabe des poèmes amoureux de l’ère classique. Seront présents pour l’incarner Yan-Fanch Kemener, l’accordéon de Richard Galliano, le grand fadiste Antonio Zambujo.
Un savant cocktail d'interprètes
Côté interprètes, justement, ce sera comme toujours un savant cocktail. Des habitués : Boris Berezovsky, Andreï Korobeinikov, Anne Queffelec ou Jean-Frédéric Neuburger pour le piano, Henri Demarquette ou Ophélie Gaillard pour le violoncelle, les Quatuors Keller ou Prazak, Michel Corboz, Faycal Karoui, Pierre Hantaï ou La Venexiana pour les temps plus anciens. Les jeunes pousses, du confirmé Adam Laloum à l’inconnu Louis Schwizgebel, de la soprano Camille Poul au violoncelliste Pablo Fernandez. Et quelques stars jamais (ou rarement) venues : le formidable claveciniste Andreas Staier. Le si atypique Francesco Tristano, qui passe sans problème avec son piano de Bach à la musique techno (une venue en fanfare car il proposera plusieurs… passionnants programmes), enfin ce géant du violon qu’est Gidon Kremer (avec son orchestre de la Kremerata Baltica) ! Comme toujours cette « Folle journée » a déjà commencé cette semaine dans différentes villes de la région Pays de Loire. Et pour le jeudi 29 janvier on a élargi les horaires : les concerts commenceront dès 9 heures au lieu de 14 heures les autres années. Comme le dit le proverbe nantais (si, si) : « A folle journée, nuit tronquée »
« La folle journée » à la Cité des Congrès de Nantes (44000)
Du mercredi 28 janvier au dimanche 1er février 2015 : conférences, animations et… 350 concerts !
Réservation 02 51 88 36 36
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