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Franco Fagioli superstar à Ambronay : à ne pas rater sur Culturebox

Ses aigus font pleurer d'émotion le grand public. Son agilité vocale et la beauté du timbre impressionnent les mélomanes. Dans Vinci qui l'a révélé, Haendel ou Porpora. En quelques années à peine le contre-ténor argentin s'est imposé dans le répertoire baroque jusqu'à devenir une véritable star. Ses fans l'attendent à Ambronay, temple des musiques anciennes, pour un hommage au Roi Soleil.
Article rédigé par Lorenzo Ciavarini Azzi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Franco Fagioli au Festival d'Ambronay en 2014.
 (Bertrand Pichène)

Ce n'est pas la première fois que Franco Fagioli vient à Ambronay, il était déjà là l'année dernière, pour un concert mêlant des airs de Porpora et de Haendel. Si Fagioli comptait déjà parmi les contre-ténors les plus réputés, sa popularité n'a cessé de croire depuis. Car l'Argentin est devenu un véritable phénomène. La beauté du timbre, la virtuosité technique, son agilité et son très vaste ambitus en font l'une des voix les plus recherchées parmi les contre-ténors dans le monde.

Premier contre-ténor de l'Académie des arts du Teatro Colon de Buenos Aires

Tout commence dans les années 1980, dans le nord de l'Argentine, dans la province de Tucuman, où celui qui, enfant, chantait en voix blanche de soprano découvre une fois adolescent, que même après avoir mué, il ne cesse de vouloir "chanter aigu". "J'ignorais alors que cet amusement était un registre vocal existant. Jusqu'à ce que je découvre un jour chez un disquaire, sur le dos de la pochette du "Stabat Mater" de Pergolèse, que la partie du "alto" état chantée par un homme !", nous a-t-il expliqué. Révélation. Et de préciser : "contre-ténor, c'est un homme qui chante essentiellement avec la voix de tête. En termes de tessiture vocale, la voix est celle de mezzo-soprano, pour les couleurs et le répertoire qu'elle peut aborder". Cours de piano dans sa ville natale de San Miguel, puis de chant à Buenos Aires, où Franco Fagioli est le premier étudiant contre-ténor accueilli à l'Académie des arts du "Teatro Colon".

La confirmation de son talent, en Europe, arrive dès 2003 (il a 22 ans), avec le premier prix du concours de chant « Neue Stimmen » de la fondation Bertelsmann. Résultat : le jeune chanteur est désormais invité à se produire dans de grandes salles et opéras, en Allemagne et Europe germanophone (Autriche et Suisse) d'abord, puis en Italie et à Paris. Et est dirigé par les spécialistes de musique ancienne, Rinaldo Alessandrini, Nikolaus Harnoncourt, René Jacobs, Marc Minkowski, Christophe Rousset.

Belcantiste

Ses goûts naturels le portent vers le belcanto italien car à cause des caractéristiques de sa voix, il a fait ses classes sur Rossini, Donizetti et Bellini. Et découvre seulement après, par un chemin inverse à la chronologie, le répertoire baroque à partir de Haendel, suivi des Napolitains Leonardo Vinci, Leonardo Leo et Nicola Porpora. Ce dernier lui est particulièrement proche : un temps grand ami de Haendel puis grand rival de l'Allemand à Londres (quand les deux dirigent des théâtres concurrents), il fut le professeur de Haydn et surtout de castrats illustres comme Farinelli, Senesino et Caffarelli, référence s'il en est de Franco Fagioli. Nous y voici : l'Argentin est l'un des rares aujourd'hui à pouvoir se permettre de reprendre leur répertoire, parfois d'une extrême virtuosité ! C'est ainsi, perpétuant une tradition de chant ô combien ancienne, que Fagioli gagne ses galons auprès du public, spécialistes en tête.

En dix ans, la consécration est mondiale. Et la dernière mutation s'opère en deux ou trois ans, entre 2012 et aujourd'hui. L'opéra pour castrats "Artaserse", de Leonardo Vinci, porté avec lui (dans le rôle d'Arbace) par quatre autres contre-ténors reconnus, menés par Max Emanuel Cencic, fait un véritable tabac. Son enregistrement en CD et DVD est récompensé par presque tous les grands prix de musique nationaux et internationaux. Autre étape de taille : les disques "Arias for Caffarelli" en 2013 et "Il maestro Porpora – Arias" en 2014, Porpora qu'il interprète sur scène l'année dernière ici même à Ambronay, mais aussi le projet collectif de "Siroe – Re di Persia" de Johann Adolf Hasse (gravé chez Decca). Après ses débuts à Covent Garden en novembre 2014 dans le rôle d'Idamante dans la nouvelle mise en scène "d’Idoménée" de Martin Kušej, il chante César dans l’opéra de Leonardo Vinci "Catone in Utica". La grande tournée de cet opéra en France et en Allemagne en 2015 est un immense succès. Les réservations pleuvent, les organisateurs s'en rendent compte, le nom de Franco Fagioli fait se déplacer le public en Europe. "Bankable", pour le moins. Ces jours-ci sort en CD sur le label Archiv de Decca l’opéra "Orfeo ed Euridice" de Glück en collaboration avec l’orchestre français Insula orchestra dirigé par Laurence Equilbey et c'est Franco Fagioli qui est à l'affiche. Mais son visage, lui, est caché.
Le cloître de l'Abbaye d'Ambronay, Centre culturel de rencontres.
 (Bertrand Pichène)

Ambronay l'écrin parfait pour recevoir la voix de Fagioli

Le festival d'Ambronay, dans son abbatiale à l'acoustique exceptionnelle s'apprête donc à accueillir à nouveau le contre-ténor argentin. Mais attention, ce n'est pas la star qu'on reçoit, mais le chanteur qui une fois déjà a conquis le public d'Ambronay, enthousiaste et très connaisseur, après 35 ans d'existence. "La notoriété nationale et internationale de Fagioli n'est pas encore venue à nous, dans ce lieu reculé, entre Savoie et Dauphiné", s'amuse une membre de l'organisation des concerts. "Ce qui compte, c'est sa formidable capacité à séduire les spectateurs, qui le lui rendent bien".

Aux côtés de l'orchestre de Bâle, et sous la direction de Stefano Barneschi, Franco Fagioli a composé un concert dédié au Roi Soleil, tricentenaire de la mort de Louis XIV oblige : pas une succession d'airs à la gloire du roi, mais un programme alternant des airs tirés des comédies-ballets du très français Lully (pourtant d'origine italienne) et des extraits d'opéra des Italiens Nicola Porpora et Attilio Ariosti ainsi que des airs aux sonorités également très italiennes du germano-londonien Haendel. Un face-à-face très européen donc, entre joie de la danse et virtuosité vocale.

Franco Fagioli à Ambronay
Le 11 septembre à 20h30
En live sur Culturebox


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