"Il ne faut pas du tout revêtir son habit de soirée" : de plus en plus d'artistes populaires s'essayent aux albums de reprises symphonique

Deux albums de reprises en version symphonique sont sortis vendredi : l'un des tubes de Renaud, l'autre de Johnny Halliday. De plus en plus d'artistes populaires se lancent dans cet exercice.
Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le chanteur Renaud le 16 novembre 2023. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Dans Mes Cordes, c'est le nom d'un album sorti vendredi 1er décembre qui regroupe les plus grands tubes de Renaud en version symphonique. De plus en plus d'artistes populaires choisissent de sortir des "reprises symphoniques" de certains de leurs morceaux. C'est une tendance qui dure, mais il existe une grande disparité entre les albums. Il le sait bien, Renaud, qu'il n'a plus la voix de ses belles années. Sur les vidéos de sa tournée actuelle, on le voit affaibli physiquement, chantant très difficilement. Malgré tout, le chanteur continue, et il a décidé de parer de cordes ses plus grands tubes, aidé par un double quatuor féminin. Étrangement, aucun single n'a été lancé en éclaireur.

Au contraire de l'intégrale Johnny Symphonique, sortie également. Il s'agit d'un habillage posthume des tubes de Johnny Hallyday orchestré par son ami Yvan Cassar. "Ma première réaction a été de dire non parce que je n'étais pas sûr de faire quelque chose de bien, confiait-il lors de la sortie du premier volet de cette intégrale. Heureusement, on m'a laissé une grande liberté de choix, on m'a dit que si je ne voulais pas le faire, ce n'était pas grave. Je me suis dit : 'Offrons à ce public qui l'aime le cadeau que moi j'ai eu, regardons si c'est possible de le faire et d'aller au maximum de la qualité.' L'important c'est de se sentir en phase, humainement, avec ce qu'on s'était dit, ce que j'ai vécu avec lui."

La reprise symphonique, idée marketing ou véritable exploration créative ?

Le premier volet avait dépassé le demi-million d'exemplaires vendus et la tournée continue, signe du succès commercial de la méthode. Mais quand les artistes ne sont plus là pour valider, le procédé pose question. Les morceaux d'Edith Piaf ou d'Elvis, en permanence remodelés, en sont l'exemple parfait. L'exploitation commerciale du répertoire d'un défunt d'un côté, des créations aventureuses et originales de l'autre. Coup sur coup ces dernières semaines, Rone, Benjamin Biolay et Bernard Lavilliers ont sorti des albums symphoniques. "Il ne faut pas du tout revêtir son habit de soirée, 'Je vous fais du classique parce que je suis cultivé', s'amuse le chanteur stéphanois. Ça doit être en complément, ça peut même être vu comme un détournement."

Et si l'habillage symphonique n'est pas nouveau, il prend souvent les atours d'un hommage, que ce soit Kyle Eastwood récemment pour son père Clint, ou Jane Birkin chantant Serge Gainsbourg entourée d'un orchestre, la qualité étant souvent la conséquence de la pureté de l'intention.

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