"L'arrivée d'Apple Music Classical va un peu secouer le paysage" : le géant américain lance une application de streaming à part pour la musique classique
"Le plus grand catalogue de musique classique au monde", c'est avec ce superlatif que se présente Apple Music Classical, application lancée cette semaine par la marque à la pomme, en complément de son service de streaming Apple Music. La promesse : "trouver rapidement et facilement n'importe quel enregistrement" parmi cinq millions de morceaux. Si le géant américain se lance dans cette aventure, c'est qu'il y a un vrai marché et une vraie demande.
Mais avec ces millions de références, des œuvres expliquées, une recherche simplifiée, il va falloir tenir ces promesses. En matière de musique classique et de streaming, "il n'y a aucun titre classique dans les tops 1 000 ou dans les tops 10 000, donc ça reste quand même très peu de choses", explique Jean-Philippe Thiellay, le président du Centre national de la Musique. De son côté, la grande chef d'orchestre et du chœur Accentus, Laurence Equilbey, le confesse : "effectivement, le disque paraît un peu dinosaure. Moi, j'en offre encore des cd, mais, je suis désolé de le dire, j'en mets très rarement sur ma platine. On est pressé, on envie tout de suite des choses, on devient un peu capricieux. Le streaming c'est facile, donc je comprends très bien, même moi je m'en sers beaucoup".
Bach, Beethoven ou Mozart au même rang que Beyoncé, Orelsan ou Taylor Swift. Si Apple Music a décidé d'investir le marché, c'est qu'il y a une demande. Les chiffres le montrent, les écoutes de classiques en streaming ont bondi de 25 % l'année dernière. Mais 25 % de pas grand chose, ce n'est pas encore la panacée, relativise Jean-Philippe Thiellay, "je pense que les plateformes actuelles font aussi très peu d'efforts pour mettre en avant la diversité, les nouveautés auprès d'un public que ça pourrait intéresser." Le président du Centre national de la Musique, constate que "les chiffres d'écoute progressent", mais concède "une espèce de paresse par rapport au classique, dont on estime que ça doit être mis de côté", Jean-Philippe Thiellay "espère que l'arrivée d'Apple Music sur ce créneau va un peu secouer le paysage et pousser les autres à faire au mieux."
Concurrence et marché musical saturé
C'est vrai que l'arrivée du mastodonte Apple dans le secteur pourrait attirer des plus jeunes, diversifier les playlists. Mais comme dans les musiques actuelles, ce sont les blockbusters qui tirent leur épingle du jeu. "Là où nous devons nous méfier, c'est que la problématique de la mise en avant par la plateforme elle-même, peut être injuste par rapport à certains autres interprètes", estime Laurence Equilbey. Selon elle, "ça empêche peut être de faire ses propres recherches parce qu'on est incité. Et ça, c'est peut être un tout petit peu trop du marketing à mon sens."
En concurrence directe avec Idagio, leader du marché classique par abonnement, Apple Music promet de mettre le paquet sur la qualité audio. De là à donner à la production classique une visibilité dans un marché musical saturé, la question se pose encore.
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