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L'engagement nazi de Herbert Von Karajan démontré

Jusqu'ici, l'engagement nazi de l'un des plus grands chefs d'orchestre de l'histoire, l'Autrichien Herbert von Karajan, mort en 1989, avait été souvent discuté, jamais prouvé. Aujourd'hui, l'historien autrichien Oliver Rathkolb démontre grâce à des documents inconnus jusqu'à présent, que l'engagement de Karajan aux côtés des nazis était réel.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Herbert von Karajan à la Philarmonie de Berlin en 1984.
 (AUTERWASSER -/SIPA)
Preuves à l'appui
Prenant le contrepied de nombre de biographes de Herbert von Karajan, le professeur à l'Université de Vienne souligne ainsi que le chef d'orchestre avait adhéré dès le 8 avril 1933 au Parti nazi (NSDAP) avec la carte numéro 1.607.525, alors que le mouvement hitlérien devait être deux mois plus tard interdit en Autriche et le restera jusqu'à l'annexion (Anschluss) du pays par Adolf Hitler en 1938.
N'ayant pas payé ses cotisations, une nouvelle carte d'adhérent (numéro 3.430.914) lui avait  ensuite été délivrée, rétroactivement au 1er mai 1933. Ce type de carte d'adhérent rétroactive était accordée par le Parti nazi à des personnalités de prestige.

Ces éléments figurent noir sur blanc dans un fichier de cartes d'adhérents du NSDAP, avec une photo du jeune Herbert von Karajan et une confirmation écrite de son adhésion par le chef d'orchestre, datée du 26 novembre 1936.
Des sympathies précoces
Devant une Commission de dénazification des Alliées en 1945-1946, Herbert von Karajan avait certes admis avoir adhéré au NSDAP, tout en affirmant l'avoir fait non par conviction, mais par souci de sa carrière à une époque où les nazis contrôlaient totalement la vie culturelle en Allemagne, avec comme maître d'oeuvre le chef de la propagande nazie, Joseph Goebbels.
Or, durant sa jeunesse, Herbert von Karajan avait déjà manifesté ses sympathies pour l'extrême-droite nationaliste: lycéen, il était adhérent d'une association ultra-nationaliste, la Corporation pan-germaniste Rugia. Dans des lettres de l'époque, il ne faisait pas mystère de son antisémitisme, dénonçant par exemple "l'enjuivement du Volksoper" à Vienne.

Son second mariage ne convainc pas Rathkolb
Le fait, avancé à décharge par beaucoup de biographes, qu'après son divorce en 1942, il se soit marié la même année avec la fille d'un riche industriel du textile, Anita Gütermann, une "quart de juive" ("Vierteljüdin") dans le jargon bureaucratique des lois raciales nazies, est loin d'être probant, d'après l'historien.

En effet, son beau-père avait divorcé de son épouse juive, était très lié aux dirigeants nazis et son entreprise avait été florissante pendant toute la Seconde Guerre mondiale.

Et Joseph Goebbels était personnellement intervenu pour mettre fin à une enquête sur les ancêtres juifs d'Anita Gütermann, permettant ainsi son mariage avec Herbert von Karajan.

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