Le Boléro : la magie de l'inusable "tube planétaire" de Maurice Ravel
Il a traversé les années et les époques sans jamais se démoder, Le Boléro de Ravel a vu le jour le 22 novembre 1928 à l'Opéra Garnier à Paris. Maintes fois jouée et utilisée, l'oeuvre symphonique est aujourd'hui un monument de l'histoire de la musique classique. La rédaction de France 2 plonge dans les secrets de l'inusable tube planétaire créé, à l'origine, pour un ballet.
Reportage : L. Hakim / F. Bazille / D. Dahan / A. Tribouart / P. Auger / L. Calvy / J. Michan . F. Curtet / O. Nouvelle
Le cinéma et la danse envoûtés par le Boléro
Incantation, transe, envoûtement, aucun mot n'est trop fort pour cette création de Ravel, presque obsessionnelle. Un tour de force, qui n'a cessé d'inspirer le monde des arts depuis 90 ans. Cinéastes, chorégraphes ou musiciens, de nombreux artistes ont utilisé le Boléro. On ne compte plus les films qui l'ont fait résonner, et pour le réalisateur des "Uns et des autres", dont c'est le morceau phare, il n'y a pas de hasard : "C'est sûrement la plus belle musique de film qu'on ait faite, alors qu'il n’a pas été fait pour un film. Aujourd'hui, vous pouvez mettre la musique du Boléro sur n’importe quel film, ça marche", explique Claude Lelouch.Dans "Le Batteur du Boléro", un court métrage de Patrice Leconte, Jacques Villeret joue le rôle d'un percussionniste dans un orchestre symphonique qui pense à tous ses problèmes personnels en interprétant l'oeuvre. Pierre Dac et Francis Blanche ont même osé le chanter en 1959. Le rockeur Frank Zappa, lui, en a fait un reggae et Gilbert Bécaud l'utilise pour introduire sa célèbre chanson "Et maintenant".
Le monde de la danse se passionne naturellement pour l'œuvre emblématique de Ravel. En 1960, Maurice Béjart en fait un hypnotique ballet qui s'achève en apothéose, Johan Inger le revisite de manière ludique, Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jamet proposent une interprétation sensuelle et plus récemment Thierry Malandain lui rend toute son intensité.
Une mélodie entêtante
Inspirée de thèmes hispano-arabes, Maurice Ravel la décrivait comme simple et sans artifice. Pourtant elle recèle des difficultés rythmiques inattendues. "C'est une oeuvre unique qui semble d'une simplicité infinie mais qui est d'une construction imparable", décrit Marianne Vourch, auteur du "Jardin féérique de Maurice Ravel". Un tempo en trois temps nettement inférieur à celui de la danse andalouse traditionnelle, un motif de batterie répété 168 fois à l'identique, et, au total, plus de 4 000 coups de baguette. "Il y a, à la fois cette rigueur imparable de la batterie et en même temps, cette mélodie ensorcelante", souligne encore la musicologue. Dans ce morceau, c'est la caisse claire qui dirige tout l'orchestre. "On est en transe quand on joue ce morceau, explique le percussionniste Nicolas Martinciow, ça groove et ça balance en même temps"."Une simple étude orchestrale"
L'oeuvre symphonique est, à l'origine, une musique de ballet commandée en 1928 par la danseuse russe Ida Rubinstein, amie et mécène de Ravel. Il pense à cette danse à trois temps venue de l'Espagne du XVIIIe siècle, le Boléro.
Aussitôt salué par la critique, le Boléro connaîtra rapidement un succès planétaire même si sa mélodie uniforme et son rythme répétitif en crescendo ont dérouté plus d'un mélomane. Ses détracteurs le disent lancinant, voire agaçant. 17 minutes d'un rythme linéaire, sur lequel vient se greffer peu à peu tout l'orchestre jusqu'au final explosif. Une simple étude orchestrale disait Ravel. Le Boléro est né dans une petite maison de Montfort l'Amaury.
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