Cet article date de plus de dix ans.
Quel festival êtes-vous, Paul Agnew ?
Plutôt Mozart ou Pierre Boulez ? Smoking ou short espadrilles ? Petite chapelle romane ou gazon-moustiques ? Aix ou Salzbourg ? Pendant tout l'été, quelques-uns parmi les plus grands artistes classiques nous dévoilent leurs choix. Aujourd'hui : Paul Agnew, chanteur et directeur musical adjoint de l’ensemble "Les Arts Florissants".
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Que cherchez-vous dans les festivals ?
L'atmosphère, qui est très différente des salles de concert et le public qui, lui non plus, n'est pas le même. Et souvent ça a un impact, consciemment ou inconsciemment, sur notre façon de faire la musique. En quoi précisément, c'est difficile à définir.
Quels festivals avez-vous choisi pour cet été ?
Il y en a plusieurs, mais j'ai envie de vous parler de celui que nous avons créé, avec William Christie et qui me tient particulièrement à cœur : le festival "Dans les jardins de William Christie à Thiré", dans le sud de la Vendée. Je crois que c'est vraiment un festival original dans sa conception et par le public qu'il attire. Quelle est sa particularité ?
Elle réside dans la coexistence de deux types de concerts différents dans ce même lieu que sont les très beaux jardins de William : il y a les grands concerts le soir, soit sur les miroirs d'eau, soit dans l'église. Et aussi, tout au long de l'après-midi, des concerts d'une vingtaine de minutes dans huit différents sites du jardin : ainsi, pendant deux à trois heures, le public peut écouter la musique en se promenant.
Y a-t-il une relation particulière avec le public ?
Le festival s'adresse autant à un public averti, connaisseur, qu'aux vacanciers ou résidents des environs, qui n'ont pas nécessairement une culture musicale, mais qui ont entendu parler de la manifestation. Le prix très réduit des places facilite l'accès. Et c'est une très belle occasion pour ces gens, soudain si proches des musiciens, de partager la musique et pour nous de la transmettre et de l'expliquer. Tout cela se fait sans formalisme, mais avec les mêmes exigences que lors d'un concert en salle. C'est notre 3e saison, de nombreuses personnes y ont découvert cette musique (baroque, NDLR), ils reviennent l'année suivante et poursuivent ensuite leur exploration quand ils rentrent chez eux. Les concerts en soirée, contrairement à ceux de l'après-midi, sont plus installés : il y a une scène, un éclairage et les spectateurs sont assis. Côté spectateurs, il y a un beau mélange entre le public local et les connaisseurs venus pour l'occasion. C'est ce qu'il y a de plus extraordinaire dans ce festival : le contact, intime, avec un public très varié. Comment choisissez-vous vos festivals en général ?
En fonction du lieu et du genre de festival. Il y a des petits festivals absolument magnifiques et j'aime l'idée de jouer, un peu perdu, dans un village qui m'est inconnu, devant un public non averti mais curieux et ouvert. Et puis il y a les grands festivals, comme Edimbourg ou Aix-en-Provence, dont le but est tout autre : c'est la recherche de l'excellence et de la nouveauté. Les spectateurs sont extrêmement connaisseurs et souvent les places très chères. Les deux types sont fascinants, et demandent la même exigence. Le festival de Thiré ("Dans les jardins…") dont j'ai parlé, est un mélange de ces deux genres de festivals.
Qu'est-ce qui peut "coincer" dans un festival ?
Rien ne coince véritablement, mais on lutte… contre la fatigue. Les festivals sont une expérience intense, prenante en termes d'organisation et de répétitions ; les soirées terminent tard et les matins démarrent tôt. C'est donc fatigant, mais il n'y a rien de mieux que de finir un festival épuisé, avec une belle collection de souvenirs… Votre meilleur souvenir de festival ?
Au Thiré on finit nos journées par des concerts dans l'église, appelés les "Méditations" : à partir de 23 heures, trente minutes de musique sacrée à la lueur des bougies. Pas d'applaudissements, ni au début, ni à la fin. Et je choisis très souvent de la musique reposante pour finir en douceur une journée chargée. Donc il y a juste la musique et le silence et c'est la fin. C'est une sorte de respiration, du public et des musiciens. Une expérience de musique pure, parce que ça n'a rien à voir avec les égos, avec les récompenses, avec le bruit du public. Juste la musique… J'adore.
"Dans les jardins de William Christie à Thiré" (Vendée), du 23 au 30 août.
L'atmosphère, qui est très différente des salles de concert et le public qui, lui non plus, n'est pas le même. Et souvent ça a un impact, consciemment ou inconsciemment, sur notre façon de faire la musique. En quoi précisément, c'est difficile à définir.
Quels festivals avez-vous choisi pour cet été ?
Il y en a plusieurs, mais j'ai envie de vous parler de celui que nous avons créé, avec William Christie et qui me tient particulièrement à cœur : le festival "Dans les jardins de William Christie à Thiré", dans le sud de la Vendée. Je crois que c'est vraiment un festival original dans sa conception et par le public qu'il attire. Quelle est sa particularité ?
Elle réside dans la coexistence de deux types de concerts différents dans ce même lieu que sont les très beaux jardins de William : il y a les grands concerts le soir, soit sur les miroirs d'eau, soit dans l'église. Et aussi, tout au long de l'après-midi, des concerts d'une vingtaine de minutes dans huit différents sites du jardin : ainsi, pendant deux à trois heures, le public peut écouter la musique en se promenant.
Y a-t-il une relation particulière avec le public ?
Le festival s'adresse autant à un public averti, connaisseur, qu'aux vacanciers ou résidents des environs, qui n'ont pas nécessairement une culture musicale, mais qui ont entendu parler de la manifestation. Le prix très réduit des places facilite l'accès. Et c'est une très belle occasion pour ces gens, soudain si proches des musiciens, de partager la musique et pour nous de la transmettre et de l'expliquer. Tout cela se fait sans formalisme, mais avec les mêmes exigences que lors d'un concert en salle. C'est notre 3e saison, de nombreuses personnes y ont découvert cette musique (baroque, NDLR), ils reviennent l'année suivante et poursuivent ensuite leur exploration quand ils rentrent chez eux. Les concerts en soirée, contrairement à ceux de l'après-midi, sont plus installés : il y a une scène, un éclairage et les spectateurs sont assis. Côté spectateurs, il y a un beau mélange entre le public local et les connaisseurs venus pour l'occasion. C'est ce qu'il y a de plus extraordinaire dans ce festival : le contact, intime, avec un public très varié. Comment choisissez-vous vos festivals en général ?
En fonction du lieu et du genre de festival. Il y a des petits festivals absolument magnifiques et j'aime l'idée de jouer, un peu perdu, dans un village qui m'est inconnu, devant un public non averti mais curieux et ouvert. Et puis il y a les grands festivals, comme Edimbourg ou Aix-en-Provence, dont le but est tout autre : c'est la recherche de l'excellence et de la nouveauté. Les spectateurs sont extrêmement connaisseurs et souvent les places très chères. Les deux types sont fascinants, et demandent la même exigence. Le festival de Thiré ("Dans les jardins…") dont j'ai parlé, est un mélange de ces deux genres de festivals.
Qu'est-ce qui peut "coincer" dans un festival ?
Rien ne coince véritablement, mais on lutte… contre la fatigue. Les festivals sont une expérience intense, prenante en termes d'organisation et de répétitions ; les soirées terminent tard et les matins démarrent tôt. C'est donc fatigant, mais il n'y a rien de mieux que de finir un festival épuisé, avec une belle collection de souvenirs… Votre meilleur souvenir de festival ?
Au Thiré on finit nos journées par des concerts dans l'église, appelés les "Méditations" : à partir de 23 heures, trente minutes de musique sacrée à la lueur des bougies. Pas d'applaudissements, ni au début, ni à la fin. Et je choisis très souvent de la musique reposante pour finir en douceur une journée chargée. Donc il y a juste la musique et le silence et c'est la fin. C'est une sorte de respiration, du public et des musiciens. Une expérience de musique pure, parce que ça n'a rien à voir avec les égos, avec les récompenses, avec le bruit du public. Juste la musique… J'adore.
"Dans les jardins de William Christie à Thiré" (Vendée), du 23 au 30 août.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.