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Vienne, l'une des capitales mondiales de la musique, réduite au silence par le coronavirus

La France n'est évidemment pas la seule à subir les conséquences de la crise sanitaire sur la vie culturelle et musicale. Dans la capitale autrichienne, plus aucune note ne retentit et c'est tout un secteur économique qui craint pour son avenir.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'Opéra de Vienne, janvier 2020. (PICTURE ALLIANCE / PICTURE ALLIANCE)

En temps normal, on écoute, on joue et on chante comme on respire à Vienne. Les festivals s'enchaînent et dans cette ville à l'atmosphère imprégnée des passages de Mozart, il y a toujours un orchestre à admirer, une opérette à écouter. De plus, l'année 2020 devait être consacrée au 250e anniversaire de la naissance de Beethoven. Mais à cause du nouveau coronavirus, tout cela s'arrêté net. 

Une saison brutalement interrompue

"D'ordinaire, l'Opéra national de Vienne est une fourmilière où s'activent 1.000 personnes", explique avec émotion à l'AFP son directeur Dominique Meyer. "Désormais, le lieu est silencieux et c'est émotionnellement très éprouvant". Pour les grandes institutions musicales, la saison s'est interrompue brutalement il y a un mois, avec les premières mesures de confinement pour lutter contre la pandémie qui ont entraîné la fermeture des salles de spectacle.

D'habitude, "Vienne propose un agenda culturel comparable à celui d'une métropole de 5 millions d'habitants alors qu'elle en compte 1,8 million", détaille le directeur de l'Office du tourisme Norbert Kettner. "C'est ce qui attire les trois quarts des 8 millions de visiteurs annuels", assure-t-il.

Trois opéras, deux salles de concert : habituellement se pressent chaque soir 10.000 personnes sous les dorures de ces temples de la musique, toujours pleins à craquer. Il faut attendre... quatorze ans avant d'espérer décrocher un abonnement à l'Orchestre Philharmonique de Vienne !

Catastrophe financière en perspective

Pour la ville des valses insouciantes composées par la dynastie musicienne des Strauss, l'arrêt de la machine culturelle laisse augurer d'une catastrophe financière sans précédent depuis 1945. "L'Opéra de Vienne réalise habituellement 131.000 euros de recette quotidienne avec la billetterie", affirme Dominique Meyer. "C'est un poumon économique vital qui remplit six ou sept hôtels et les restaurants des alentours après les représentations".

L'inactivité devient la règle et les premiers touchés sont les artistes eux-mêmes, dont l'ancienne ville impériale est un vivier. "Je devais jouer Arabella en mai, aller à Toronto, à Istanbul, à Paris", témoigne auprès de l'AFP le ténor Michael Schade. "Je ne chanterai pas Schubert, trente concerts sont annulés", renchérit le baryton Florian Boesch. "Les maisons invoquent la clause de force majeure. On ne reçoit aucun dédommagement". Selon l'agent de chanteurs lyriques et de chefs d'orchestre Laurent Delage, "les contrats ont été rendus caducs, la plupart du temps sans aucune proposition d'indemnité", et parfois de manière abrupte.

Une prise en charge limitée

Reporter des productions lyriques se révèle impossible. Elles sont programmées des années à l'avance. Les décors montés, les costumes dessinés ne serviront à rien. "Quand un projet tombe à l'eau, c'est toute un microsystème qui s'effondre", regrette le metteur en scène d'opéra Benjamin Prins. "Techniciens, éclairagistes, chanteurs : ils ont donné six mois de leur vie pour les répétitions mais sont cloués à la maison sans un centime puisque, généralement, la paye ne tombe qu'au soir de la première", énonce-t-il.

En l'absence de systèmes d'assurance chômage, le gouvernement autrichien a mis en place des mécanismes de soutien. Ils permettent à chaque artiste d'obtenir 1.000 ou 2.000 euros par mois pendant seize semaines. Pour la suite, ce secteur très internationalisé va rester dépendant des décisions sur l'ouverture des frontières, prises à ce stade sans concertation, au niveau national.

Aucune date de reprise n'est annoncée 

Même si l'Autriche a prévu d'assouplir progressivement le confinement à partir de ce mardi 14 avril, aucune date de reprise de la vie culturelle n'est annoncée : tout rassemblement peut relancer l'épidémie. Dimanche, selon les chiffres officiels, le Covid-19 avait tué 337 personnes dans le pays.

"Je commence à me dire qu'il n'y aura pas de spectacles avant le mois de septembre", avance Norbert Kettner, pour lequel "la culture est dans l'ADN des gens, on ne peut pas s'en passer". D'ailleurs, même sans représentations, "on continue de chanter", confie Florian Boesch. "Il n'y a jamais eu autant de musique en ligne, on ne peut pas nous faire taire".

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