Zhu Xiao Mei à la Chaise-Dieu : "Bach, c'est mieux que le Prozac"
Reportage : Gérard Rivollier, Elodie Monnier, Damien Salmon, Amélie Després
Naître dans une famille bourgeoise (mais désargentée) et grandir avec les références de la civilisation européenne, tout cela aurait pu constituer une chance pour Zhu Xiao Mei. Et ce fut le cas dans un premier temps. Initiée à la musique par sa mère qui fit venir un piano à la maison, elle entra au Conservatoire de Pékin en 1960. Avec son maître, Pan Yiming, elle découvrit la musique et une certaine forme d’exigence, celle qui pousse à se cultiver, à maîtriser le corps et l’esprit.
Les camps de Mao et l'oubli de la musique
Mais la Révolution culturelle de Mao va tout faire basculer en 1964. Finie la musique occidentale, l’étude des partitions. Place aux séances d’autocritique publiques. La famille de Zhu Xiao Mei, jugée trop bourgeoise et mise au ban et pour se faire accepter, la jeune femme dénonce son père. Elle finira tout de même aux travaux forcés et restera cinq ans dans un camp.
Le son d’un accordéon lui rappelle l’existence de la musique, complètement occultée pendant de longs mois. Elle se procure des partitions sous le manteau puis réussit à faire venir un piano. Elle jouera du Bach en faisant croire aux gardiens qu’il s’agit de musique populaire chinoise.
En 1980, Zhu Xiao Mei part vivre aux Etats-Unis, devient serveuse de restaurant tout en reprenant des cours au Conservatoire de Boston. Petit à petit, elle refait surface, enchaîne les concerts et voit sa ténacité récompensée par de nombreux prix. En 1985, elle s’installe en France, un pays qu’elle n’a dès lors plus quitté si ce n’est pour les nombreux concerts qu’elle donne à travers le monde.
"La Rivière et son secret" de Zhu Xiao-Mei aux éditions Robert Laffont -342 pages - 20,50 euros
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