Cet article date de plus d'un an.

Comment les ventes de disques vinyles ont-elles réussi à dépasser celles des CD aux Etats-Unis ?

La résurrection des disques 33 tours fait le bonheur des disquaires comme Jamal Alnasr à New York, mais aussi de sa clientèle de jeunes collectionneurs, nostalgiques d'une époque qu'ils n'ont pas connue.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Dans une boutique de disques vinyles à Bruxelles (Belgique) en décembre 2016. (ISOPIX / SIPA)

C'est une première depuis 1987 aux Etats-Unis : les ventes de vinyles (41 millions d'exemplaires) ont dépassé en 2022 celles des CD (33 millions), preuve de l'engouement pour ce format rétro en vogue. Beauté de l'objet pour certains, qualité du son pour d'autres, ce phénomène a même relancé la fabrication de platines à tête de lecture analogique.

Dans son magasin new-yorkais, le Village Revival Records, Jamal Alnasr savoure ce retour en grâce. "Qui aurait pu imaginer que les vinyles reviendraient à la vie?", sourit cet homme de 50 ans qui a quitté la Cisjordanie à l'adolescence pour s'installer à New York. Depuis trente ans, il vend des vinyles neufs et d'occasion dans sa boutique de Greenwich Village. Désormais "une nouvelle génération, des gamins, (vient) chercher toute la musique des années 1930, 1940 et 1950", explique-t-il. "Ils en savent plus que nous, qui avons grandi dans les années 1990 ou 1980", rigole-t-il encore.

Le disquaire Jamal Alnasr dans sa boutique "Village Revival Records" à Greenwich Village (New York, Etats-Unis), le 14 mars 2023. (ED JONES / AFP)

Un son plus chaud et des pochettes à afficher au mur

Au Village Revival Records, on peut croiser Vijay Damerla, 20 ans. L'étudiant concède écouter de la musique surtout en ligne mais, même s'il ne possède pas de tourne-disque, il a commencé à collectionner les vinyles, essentiellement pour l'art visuel des pochettes. "C'est l'équivalent d'un poster d'artiste, ou même d'un poster d'album sur votre mur", explique-t-il, avant d'ajouter: "sauf qu'en fait, c'est un peu une relique du passé".

Pour Celine Court, 29 ans, originaire des Pays-Bas et qui affirme posséder 250 vinyles, ce qui prime, c'est une nostalgie pour un son plus chaud, qu'on ne retrouverait pas dans l'écoute numérique. "C'est si différent", dit-elle. "Il y a ce sentiment d'authenticité qui se dégage".  Le streaming, qui continue de se tailler la part du lion (84% des 15,9 milliards de dollars de vente de musique au total aux Etats-Unis en 2022) c'est "trop rapide, trop facile", estime-t-elle.

Metallica vient de racheter une usine de pressage


L'engouement est tel pour le vinyle outre-Atlantique que les grandes surfaces comme Walmart ont adopté ce format. Quant aux vedettes comme Taylor Swift, Harry Styles ou Billie Eilish, elles font tourner à plein régime les usines de pressage, qui croulent sous les commandes. Cette semaine, le groupe de heavy-metal Metallica a même racheté l'un de ces fabricants de galettes, Furnace Record Pressing, afin de satisfaire la demande pour ses propres rééditions.

Le disquaire Jamal Alnasr, qui s'est lié d'amitié avec des vedettes comme Lana Del Rey, Rosalia et Bella Hadid, est prêt à expédier un disque à un VIP. Mais il préfère que les acheteurs ressentent "l'expérience physique". "Je veux que les gens viennent ici, qu'ils fouillent dans les vinyles et qu'ils s'informent (...) Ils verront bien plus que la façade, il y a beaucoup de joyaux cachés ici", explique le passionné, qui dispose d'un stock tournant d'environ 200 000 vinyles. Sa cliente Celine Court approuve :
"Il y a une meilleure énergie quand on collectionne ses vinyles, quand on les écoute et qu'on en est fier".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.