"Complexité d'instruments et de mélodies", Jane Birkin chante Gainsbourg "le symphonique"
L'album "Birkin-Gainsbourg, le symphonique" sort vendredi. Yann Bertrand a rencontré Jane Birkin pour franceinfo.
Les chansons de Serge Gainsbourg, versant symphonique. Les concerts, entamés en octobre, sont devenus un disque, Birkin-Gainsbourg, le symphonique, qui sort vendredi 24 mars. Bouleversants, les titres au son de la voix délicate de Jane Birkin et d'un orchestre symphonique ont été arrangés par le chef d'orchestre japonais Nobuyuki Nakajima. Le spectacle est également à découvrir sur scène le 12 avril prochain à l'auditorium de la Maison de la radio.
Après Arabesque, sorti en 2002, dans lequel Jane Birkin donnait des accents orientaux aux musiques de Gainsbourg, voilà une nouvelle redécouverte des compositions du chanteur.
franceinfo : Qu'apporte cette version symphonique ?
Jane Birkin : Je ne pensais pas que cela rendrait quelque chose d'aussi grandiose. Ce que Nobuyuki Nakajima nous a donné va au-delà de simples orchestrations sur la musique connue. Il y a une telle complexité d'instruments et de mélodies, une telle beauté... Soudain on reconnaît la chanson comme si on reconnaissait un vieux pote.
Pensez-vous que Serge Gainsbourg aurait aimé ce disque ?
Réentendre ces mélodies-là avec cette orchestration-là, je pense que cela lui aurait terriblement plu. Il avait un vrai amour pour la musique classique. Je suis rarement sûre de ce que Serge aurait pensé de quoi que ce soit, parce que la surprise était ce qui le rendait merveilleux. Mais le connaissant comme quelqu'un de très drôle et de triste à la fois, je pense qu'il aurait été bouleversé par ce disque.
Ces chansons revisitées font ressortir l'émotion dans les chansons de Gainsbourg...
Serge a écrit beaucoup de chansons dans la peine. Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve, Les Dessous chics... Je chante cette peine, alors que c'est une peine que je lui avais moi-même infligée. C'est un étrange situation d'être l'interprète de la souffrance de quelqu'un d'autre et de l'avoir fait accoucher de ses plus belles paroles.
Dans la chanson Une chose entre autres, Serge a écrit "Tu as eu plus qu'un autre le meilleur de moi". Je pense que c'est vrai. Et il me fait dire que c'est vrai. Serge m'a donné ce qu'il y avait de plus beau. J'ai pu chanter sa "face B", son côté féminin, ses brisures, tandis qu'à la même époque, il gardait le personnage de "Gainsbarre" : il brûlait des billets de 500 francs et faisait tout ce qui était nécessaire pour entretenir ce trait de caractère qui avait envie de choquer. À moi, il a laissé le côté sentimental et je lui en suis très reconnaissante.
On a l'impression que cet hommage symphonique vous tient particulièrement à cœur.
À la mort de Serge, François Mitterrand l'avait décrit comme "notre Beaudelaire, notre Apollinaire". Aujourd'hui, les gens comprennent ça. Même sans la musique, les mots, la richesse des rimes, l'astuce et la délicatesse sont d'une telle beauté... Serge manque aux gens. Pendant une heure et demie de spectacle, les gens peuvent récupérer un peu celui qui leur manque tant. Je suis ravie parce que je ne peux pas faire mieux. Mission accomplie !
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