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Séparation de Daft Punk : cinq choses que nous devons au duo français qui a changé la face de la musique électronique

Le duo français de musique électronique le plus connu au monde a annoncé la fin d'une aventure de vingt-huit ans dans une vidéo publiée sur YouTube. Il laisse un héritage conséquent et inattendu au monde de la musique. 

Article rédigé par franceinfo
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Le duo électro Daft Punk lors de la 56e cérémonie des Grammy Awards, à Los Angeles, le 26 janvier 2014.  (FREDERIC J. BROWN / AFP)

En vingt-huit ans, ils ont bouleversé la musique électronique, et la musique tout court. Le duo français Daft Punk a annoncé sa séparation, lundi 22 février, dans une vidéo énigmatique postée sur les réseaux sociaux et intitulée Epilogue. Formé en 1993 à Paris par Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, le duo a signé quatre albums et s'est illustré dans de nombreuses collaborations, entre musique, cinéma, scénographie, voire art contemporain, raflant au passage un total de sept Grammy Awards sur l'ensemble de sa carrière. Franceinfo revient sur ce que Daft Punk nous laisse en héritage. 

La "French Touch"

Une fierté retrouvée. En 1997, la sortie du premier album de Daft Punk, Homework, a offert au groupe le titre d'ambassadeur de la "French Touch". Le terme a été popularisé par des journalistes britanniques au milieu des années 1990 pour décrire la nouvelle génération d'artistes hexagonaux de la scène électronique, à la croisée de la house, de la funk et de la disco.

D'un pays qui peinait à exporter sa tradition musicale face aux mastodontes anglo-saxons, la France a, en quelques mois, retrouvé toute sa fierté sur la scène internationale. Vingt-quatre ans plus tard, Daft Punk est incontestablement la formation française qui a eu le plus de succès à travers le monde. 

Air, Sebastian, Kavinsky, Etienne de Crécy, Cassius, Stardust, Mr Oizo, DJ Mehdi, Justice... Si beaucoup sont des contemporains puis des héritiers de cette étiquette, aucun ne peut prétendre avoir égalé la popularité du duo.

Le triomphe de l'auto-tune

Les Daft Punk n'ont pas été les premiers à utiliser l'auto-tune, ce programme informatique qui, en corrigeant la voix, lui confère une tonalité robotique. C'est Cher qui, en chantant "Do you beliiiiiiieve in love after love", en 1998, exploite pour la première fois dans un tube pop planétaire ce bidouillage poussé à l'extrême.

Mais c'est trois ans plus tard, en 2001, que les Daft Punk prouvent que l'outil recèle un inépuisable potentiel créatif. Sur le single One More Time, tiré de l'album Discovery, la voix du DJ, chanteur et producteur Anthony Wayne Moore, alias Romanthony, ostensiblement trafiquée, ouvre la voie à l'exploitation (voire surexploitation, diront les détracteurs de l'auto-tune) de cet instrument qui deviendra plus tard le joujou préféré de Kanye West, Booba ou encore PNL. 

Les Daft Punk, eux, n'ont jamais fait de l'auto-tune une religion. L'effet est d'ailleurs absent de leur album Random Access Memory, sorti en 2013. A l'époque, Thomas Bangalter confiait à l'hebdomadaire britannique NME que l'auto-tune était "un effet très fun, dans la même catégorie que la pédale wah-wah" mais aussi susceptible de traiter la voix des interprètes "comme des clones issus d'un film de science-fiction terrifiant". 

Le culte du secret 

Dès leur début, les Daft Punk ont cultivé le mystère. S'ils ne se sont pas immédiatement baladés avec des masques robotiques sophistiqués estimés à plusieurs dizaines de milliers de dollars, ils n'ont jamais montré leur visage. Une discrétion que les DJ ont également appliquée à leurs prises de paroles, rares dans les médias, à contre-courant de la communication des rock stars. 

L'arrivée des réseaux sociaux n'altérera en rien cet amour du secret, devenu une marque de fabrique du groupe, quand bien même il fait incessamment l'objet de rumeurs. Encore récemment, il a été question que Daft Punk se produise à la mi-temps du Superbowl, ou travaille à la bande originale d'un film de Dario Argento. 

Au moment d'annoncer la fin de leur collaboration, cela faisait quatorze ans que Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo ne s'étaient plus produits en concert, sinon pour de très rares apparitions lors de cérémonies télévisées.

Le marketing 2.0 appliqué à l'art 

A l'heure de l'explosion d'internet et du délitement de l'industrie du disque, Daft Punk a rapidement développé sa marque, se proposant davantage comme une expérience que comme un simple groupe de musique. Ainsi, dès 2001 et la sortie de son album Discovery, le duo a intégré à chaque CD une carte portant un numéro d'identification permettant d'accéder à du contenu réalisé par le groupe sur son site internet d'alors. Un "Daft Club" qui, pour reprendre les termes employés à l'époque par Libération, entendait "inaugurer un bouleversement des rapports entre l'artiste, sa maison de disques et son public", en associant "les habitudes d'écoute liées au CD avec l'environnement virtuel de l'internet".

Le groupe a également produit le film d'animation Interstella 5555 du maître de l'animation japonais – et papa d'Albator – Leiji Matsumoto, offrant une nouvelle vie aux titres qui figurent sur l'album Discovery. En 2007, Daft Punk's Electroma, premier film conceptuel réalisé par le duo, est exclusivement projeté au cinéma du Panthéon, à Paris, à raison d'une projection chaque samedi à minuit, confirmant le goût du duo pour la rareté et la performance tout en brouillant les frontières entre les disciplines. 

"Tout ce qu'ils ont produit a toujours été conceptualisé, extrêmement réfléchi", a résumé pour franceinfo Yves Bigot, auteur du livre Daft Punk Incognito (éd. de l'Archipel, 2020). "C'étaient presque des artistes d'art contemporain dans la musique, un peu comme le groupe allemand Kraftwerk, l'autre grand groupe de musique électronique qui les avait précédés." Et de qualifier cette séparation de "coup de com et coup de tonnerre électronique typique de Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo".

Un ver au pénis casqué

Les Daft Punk laisseront une trace dans le monde de la culture, mais aussi, modestement, dans celui de la science. En 2018, un ver plat de l’ordre des Rhabdocoela a été baptisé en leur honneur "Baicalellia daftpunka" en référence au bout de son pénis, dont la forme rappelle les casques que portent les deux membres du groupe. Une bestiole que l'on devine, comme Daft Punk, "harder, better" et "stronger" que ses semblables. 

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