Delta Festival 2023 : Damso, Naâman et Famille Maraboutage ont illuminé la première journée dans le cadre rêvé des plages marseillaises
L’effervescence et une joie communicative étaient au rendez-vous de cette première journée au Delta Festival de Marseille. Plus de 30 000 festivaliers ont foulé les plages du Prado mercredi pour se déhancher, malgré un soleil de plomb, sur des styles de musique aussi variés que les activités.
Autour des cinq scènes qui ont fait trembler la plage jusqu’à plus de minuit, des manèges, des tours en kayak ou des châteaux gonflables ont diverti toute la journée les festivaliers. "Ça fait du bien, ça change de ce qu’on a l’habitude de voir dans les autres festivals de musique. J’en ai fait beaucoup et c’est au Delta qu’on s’éclate le plus !", s’enthousiasme Violette, 24 ans, toute trempée après sa baignade.
La chaleur écrasante n’a pas arrêté les festivaliers. Les garçons n’ont pas hésité à exhiber leurs torses, et les filles ont sorti le maillot de bain. Toutes les occasions étaient bonnes pour se rafraîchir. Douches de plages, robinets, mais surtout la mer, la plus grande piscine à disposition, ont permis à tout le monde de supporter la fournaise.
Naâman, "la touche reggae"
Les concerts se sont enchaînés pendant plus de 12 heures. Celui qui a inauguré la Dream Stage, plus grande scène du Delta, est Naâman, jeune prodige de la reggae. Ce Normand de 33 ans est de retour dans une tournée de festivals d’été après s’être fait opérer d’une tumeur cérébrale l’année dernière. Cette opération avait impacté sa vision et la longue période de rééducation des fonctions cognitives l’avait contraint à annuler ses dates d’été.
Rien n’arrête Naâman qui a délivré pour son premier concert au Delta Festival, un show énergique, plein de vie et de bonnes vibrations. Il a ouvert son concert avec Walk, issu de son dernier album sorti en 2022, Temple Road, composé entre l’Inde et la France. Sa voix, qui fait penser à celle d’un artiste jamaïcain, chante en anglais l' "urgence" d'une Terre abimée et "bruyante". Il rappelle l'importance de protéger les cadeaux de la nature.
Le public rend à Naâman son énergie sous le soleil en se balançant et chantant à l’unisson "Being alive" ("Etre en vie") de la chanson Karma, extraite de son deuxième album Rays of resistance, certifié disque d’or.
Après son concert épuisant, Naâman nous a confié ses impressions, très étonné de la ferveur du public marseillais. "J’ai chanté très tôt et il faisait très chaud. Je me suis dit que personne n’allait venir. Finalement c’était un concert merveilleux", raconte-t-il au milieu des vans aux couleurs hippies du village des artistes. L’éclectisme du festival était une belle opportunité pour lui : "Je sais que de nouvelles personnes vont me découvrir et je kiffe. Je me sens frais et en dehors de ma zone de confort." Naâman est "fier de se retrouver dans des festivals engagés" comme le Delta, lui qui lutte pour la protection de la planète, un thème récurrent de ses chansons. Il est heureux de contribuer à "la petite touche reggae" du festival.
Damso, talent infini du rap
L’événement de la journée était le très attendu concert du rappeur Damso en pleine tournée des festivals. Le public l’a ovationné sans relâche. Damso a commencé l’événement avec les titres issus de son dernier album sorti en 2021, QALF Infinity. Il a enchaîné Y.2 Diamants ou Life Life, mais aussi les chansons issues d’Ipséité, l’un des meilleurs albums du rap français. Le public connaissait par cœur les paroles de N. J Respect R, ou d’Ipséité de l’album éponyme. "Lâché sans hésiter, lynché dans les JT. Mais pour l'amour de la SACEM, je fais preuve d'ipséité."
Le public était surtout en folie quand le titre Macarena, dont le clip a été tourné au large de Marseille, sur les Îles du Frioul et des Calanques, a résonné. "Le monde est à nous, le monde est à toi et moi. Mais p't-être que sans moi le monde sera à toi. Et p't-être qu'avec lui le monde sera à vous. Et c'est peut-être mieux ainsi", a hurlé le public.
Damso a multiplié les interactions avec les festivaliers rappelant qu’il était essentiel de vivre de sa "passion" et d’affirmer qu’il avait devant les yeux sa "plus belle vue de festival avec le coucher de soleil."
Les sonorités mémorables du titre Mwaka Moon que le rappeur Kalash partage avec Damso résonnent sous les cris réjouis du public. Damso salue son collègue pour un refrain exceptionnel qui reste dans toutes les têtes. "Un peu d'Amsterdam dans la bouche (Yah, yah, yah, yah, yah). Une bouffée d'oxygène dans la kush (Yah, yah, yah). Dans le vide, je respire à peine, le succès m'a donné des ailes. La même bitch qui me tournait le dos m'a en photo dans l'appareil. Bientôt riche. Quand Mwaka Moon aura fait mouche." "On a bien bossé sur ce morceau", conclut Damso à la fin du titre.
En solo, Damso a fait honneur à ses duos notamment Dégaine (avec Aya Nakamura), et La Rue (avec Gazo). La star belge conclut son concert avec Mosaique Solitaire. Un drone tournoie autour du rappeur au milieu des lumières rouges. "Que Dieu vous bénisse", lance humblement Damso en déposant son micro par terre, avant de quitter la scène. Le public est retourné. Remarquable.
Famille Maraboutage, le feu du dancehall
Collectif de neuf artistes pluridisciplinaires de tous genres, allant des DJ aux danseurs, Famille Maraboutage est un pur produit de Marseille. Mélange explosif de musique et de danses afro, kuduro et dancehall, ils ont envoûté la fin de la première journée du Delta Festival, sur une scène au bord de l’eau.
Le groupe a fait suer les festivaliers entre 22h et minuit. Entre grands écarts et twerks à se casser les hanches, le collectif a réussi à faire danser les festivaliers sans interruption. Famille Maraboutage rend hommage à la scène underground de Marseille, et se veut le reflet de la jeunesse d’aujourd’hui qui refuse l’intolérance.
Henri (Sun), Barak (Scorpio Queen) et Maryam dansent sans retenue autour de la scène circulaire, au milieu des deux DJ qui créent l’ambiance d’un club souterrain brésilien ou jamaïcain. Sous les lumières rouges et vertes les festivaliers sont entraînés par les pas de voguing, de krump ou de hip-hop des danseurs possédés ou plutôt maraboutés par la musique communicative. Le dancehall ne s'arrête jamais.
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