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Déshérité par son père Maurice Jarre, Jean-Michel Jarre saisit la Cour européenne des droits de l'homme
À la mort de son père Maurice Jarre en 2009, Jean-Michel Jarre est confronté à la même loi californienne que les enfants de Johnny Hallyday. Privé d'héritage, il entend porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'homme.
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"Ma soeur Stéfanie et moi portons notre cas devant la Cour européenne des droits de l'homme", écrit Jean-Michel Jarre dans une tribune parue vendredi dans le Parisien (Weekend).
La bataille judiciaire de Jean-Michel Jarre rappelle celle de Laura Smet et David Hallyday autour de l'héritage de Johnny Hallyday. En 2009, Maurice Jarre, lauréat de trois oscars pour la musique des films "Lawrence d'Arabie", "Docteur Jivago" et "La route des Indes", décède à Los Angeles. Il vivait depuis 25 ans aux Etats-Unis. Tous ses biens, y compris les droits d'auteurs, reviennent à son épouse, Fui Fong Khong, via un "family trust" : une structure juridique prévue par le droit californien.
Mais les enfants Jarre protestent contre la décision de ce père absent, et saisissent la justice française. Si la loi hexagonale prévoit une " réserve héréditaire" assurant une succession aux descendants, plusieurs juges ont choisi d'honorer le testament américain de Maurice Jarre.
Dans le Parisien, Jean-Michel Jarre annonce un recours à la Cour européenne des droits de l'homme pour "manquement au respect des droits de la famille et pour atteinte excessive à notre sécurité juridique".
"La requête Jarre/France a été introduite le 21 mars 2018", a indiqué à l'AFP un porte-parole de la Cour EDH, basée à Strasbourg. Si une demande semblable des enfants de Michel Colombier, arrangeur de Serge Gainsbourg ou Madonna, a également été déposée à la même période, ce type d'action est "inédit" pour l'institution, a-t-il précisé.
Un précédent dans l'affaire Hallyday
"Il y a un "arrêt Jarre" de la Cour de Cassation" concède le pionnier de l'électro, en référence aux nombreuses analogies entre cette affaire et le conflit entamé autour de la succession de Johnny Hallyday. "La question qui était posée était la suivante : le droit français autorise-t-il un père à déshériter totalement ses enfants en utilisant une loi étrangère ? La cour de cassation a répondu oui, sauf si les enfants sont dans la précarité économique."Une décision qui laisse l'artiste perplexe : il assure qu'il ne s'agit pas seulement d'argent. "L'interdiction d'avoir accès, si on le désire, à une photo, à un effet personnel de son père ou de sa mère. Voilà ce qui est choquant", déplore le musicien de 69 ans.
Il insiste également sur le manque à gagner pour l'Etat français, tant financier, qu'artistique. Ces montages juridiques à l'étranger ne requièrent pas d'impôt sur la succession et " dans notre cas, les œuvres historiques de notre père […] iront dormir bien loin du palais des Papes ou, tout simplement, disparaîtront. Il s'agit là d'une partie du patrimoine français qu'on laisse partir", plaide-t-il.
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