Deuxième nuit des Transmusicales 2011
A l’heure où le revival des années 50 ou 60 bat son plein, de
la série culte « Mad Men » au retour de la table en formica, la
prestation de Sallie Ford and the Sound Oustide, en début de soirée, était attendue de pied ferme par
une salle de la Cité pleine à craquer. Entourée de trois gaillards, la
demoiselle de Portland cultive un look de serveuse de «diner» (mais sans
tablier), petite robe à pois, croquenots aux pieds et montures de lunettes vintage de
secrétaire de direction. Une « girl next door », du genre de celles qui
trainent avec les garçons parce qu’elles ont du répondant.
«Un style pas vraiment torride » glisse un spectateur
averti. Et pourtant, sa gouaille bluesy, tendance sale môme élevée au bluegrass,
domine un concert carré sans bavure (« do u wanna rock’ roll ? »).
Et quand Sallie Ford termine avec une reprise de Wreckless Eric (Whole Wide World - me précise le journaliste musical d'un grand quotidien national),
les connaisseurs s’inclinent. Sallie n’est pas qu’un look: coté culture
rock, elle en a aussi sous la pédale (wah-wah).
En
revanche, la mignonne Maylee Todd, elle, assume totalement son coté fifille,
dans une robe en lamé qui la fait ressembler à une diva asiatique des années trente (une création de sa sœur, car chez les Todd, tout le monde est un peu artiste).
Avec une harpe, ou un piano, la méthode Maylee Todd est simple: bouger son
corps, à tout prix, sur des titres vitaminés et baigné d’influence funk-soul
(on imaginerait sans peine la jeune femme comme la prochaine proie de Prince).
La séductrice se mue vite en gamine espiègle qui n’hésite pas à descendre dans le
public pour faire remuer tous ces fessiers timides. La « funky méthode »
de la demoiselle remplacerait sans peine tous les anti-dépresseurs du monde.
« Vous pouvez dire Kakkmaddafakka ? »
Du côté de
Kakkmaddafakka aussi, on a choisi de sourire à la vie, et pourtant, avec un nom
pareil, on aurait pas misé une couronne sur les compatriotes d’Eva Joly: des
norvégiens avec un répertoire aussi varié qu’indéfini (pop? rock? hip-hop?),
mais avec une seule méthode, celle qui mets la banane à tout le public. Il faut
dire qu’à douze sur la scène du Hall 3 ( dont deux choristes masculins à la
chorégraphie étudiée), et avec une solide tendance à la blague ( et à danser
torse nu bras en l’air), ces garçons de Bergen ont trouvé le remède contre l’ennui.
« Vous pouvez dire Kakkmaddafakka ? »: non, mais, maintenant, on
va s’entrainer.
Changement de température: chez Robin Foster, on reste
habillé, et -si possible-habité. Un peu comme le chant puissant du mélancolique
Dave Pen (Archive), avec qui Foster, guitariste anglais exilé en Bretagne (depuis
plus de dix ans), a choisi de faire plusieurs morceaux de son dernier album « Where
do we go from here ». Un petit bijou de musique totalement ciné-génique,
dans laquelle on perçoit la beauté de la lande déserte et celle de l’océan
déchainé. Mais pour l’instant, coté Parc des Expos, on a du mal à la voir
déserte, la lande. Surtout chez la jolie Hollie Cook, qui offre une pause bienvenue
au spectateur hébété par le déluge sonore du festival. Ambiance Jamaique et
soleil sur la scène: la mignonne fille du batteur des Sex Pistols et de la
chanteuse des Belles Stars bondit gracieusement, pendant qu’un immense rasta se
charger de toaster dans les règles. Rafraichissant, sans être inoubliable.
Le public sera bientot cuit à point...
La suite du programme est bien plus intrigante : le duo
masqué SBTRKT (prononcer Subtrack), navigue entre plusieurs machines, qu’il
tripote comme un forcené pour en sortir les sons les plus froids possibles, le
tout compensé par cette sublime voix soul et chaude, lancée sur des mélodies
impossibles à suivre. Une alchimie inattendue se produit alors,
et transforme cette house déviante et mélancolique en incantation lancée au dieu
du dance-floor. Derrière leurs masques africains peinturlurés en version fluo, ces
deux sauvages britanniques de SBTRKT font
chauffer la marmite : ils savent que le public sera bientôt cuit à point …
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