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Die Antwoord : avis de tornade rap-rave sur Rock en Seine

Affreux, poisseux et scotchants. C'est l'image que le trio de proto-rap sud-africain Die Antwoord développe depuis ses débuts en 2010 avec l'album choc "SOS". Célébrant la culture "white trash" des petits blancs sans le sou, ils propagent leur point de vue subversif dans des clips aussi superbes que répugnants qui sidèrent la rétine. Ils sont à Rock en Seine vendredi 22 août et ça va saigner !
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Die Antwoord c'est Ninja et ¥o-Landi.
 (Ross Garrett)
Mi-rap mi-rave, emballé dans une hargne punk explosive

Il venait de la culture hip-hop hardcore, elle baignait dans celle des raves. Ils ont mis ce bouillonnement en commun, et donné vie à Die Antwoord (qui signifie "La Réponse" en langue afrikaaner).

Elle, c'est Anri Du Toit alias ¥o-Landi Vi$$er, très jolie petite blonde qui n'aime rien tant que s'enlaidir à faire peur quand elle ne joue pas à la collégienne perverse.
 
Lui, c'est Watkin Tudor Jones alias Ninja, grand escogriffe tatoué jusqu'au cou, dont les grimaces menaçantes vont de pair avec un déhanché fatal en short (ici la version en short Pink Floyd de "Zef Side", l'un de leurs tout premiers clips).
 
A eux deux, épaulés du Dj Hi-Tek, ils forment un groupe singulier qui ne ressemble à aucun autre. Leur musique est à leur image : agressive et vicieuse. On y entend une collision musclée de rap et de beats techno, tempérée d'une petite voix torride de gamine en chaleur passée au vocoder, le tout emballé dans une hargne punk qui pulvérise tout sur son passage.
 
Des clips aussi somptueux qu'affreux

Basé au Cap, Die Antwoord joue beaucoup avec l'image. Ils disent vouloir mettre en avant la culture Zef, la contre-culture des petits blancs sud-africains sans le sou mais qui ont du style. Tout en cultivant soigneusement une image d'infréquentables, ils disent faire de la pop mainstream. Et ils n'ont pas tort. Mais c'est pourtant leurs clips à l'esthétique très léchée, maniant la provocation et les références arty avec brio, qui ont sans doute le plus fait pour leur réputation.
 
Dans leurs vidéos, le cauchemar est permanent et hanté de créatures dérangeantes et de bestioles dégoûtantes comme des araignées, rats, serpents, cafards et vers de terre dans la bouche, entre autres horreurs. Mais l'humour n'est jamais très loin.

Le dérangeant "Enter The Ninja", sorti en 2010, avec leur ancien Dj Solarize, atteint de progéria (maladie génétique qui provoque un vieillissement accéléré) et mort en 2011, posait déjà les bases du programme.
 
Il n'a fait depuis que s'étoffer. En particulier durant leur bref passage chez Interscope où ils avaient signé pour un million de dollars avant de le quitter moins d'un an plus tard pour créer leur label indépendant Zed Recordz.
 
Le clip magnifique de "I Fink U Freeky" (ci-dessus) a été réalisé par le photographe new yorkais établi en Afrique du Sud Roger Ballen. Cet artiste, qui a documenté la culture Zef, les a beaucoup inspirés.
Un buzz qui prend de l'ampleur

Leur réputation a franchi les océans : le britannique Richard David James alias Aphex Twin, autre provocateur, apprécie leur travail, et le cinéaste américain de la trashitude Harmony Korine a réalisé un court-métrage pour eux "Umshimi Wam", en 2012. 
 
Invités la même année à assurer la première partie de Lady Gaga, ils ont décliné : "ça aurait été comme d'ouvrir pour Slipknot", commente Ninja. La diva américaine a peu apprécié. Encore moins de se voir parodier dans un autre de leurs clips géniaux, "Fatty Boom Boom" (réalisé par Ninja, ci-dessus), dans laquelle son sosie vêtu de la fameuse robe de viande finissait par se faire dévorer par un lion.
 
Le sens de l'humour et de la démesure cache chez eux une grosse capacité de travail et un sens poussé du détail. "On prend notre travail au sérieux mais on ne se prend pas au sérieux", résume Ninja.
Tornade sur scène

Sur scène, Die Antwoord est une formation énergique et haute en couleurs à ne surtout pas louper. Les terreurs du micro débutent généralement par des cris de guerre du genre "kill kill kill" et "zef, zef, zef" et finissent assez rapidement par faire trembler les fondations.
 
A Rock en Seine, où ils viennent présenter leur troisième album "Donker Mag" sorti début juin, on ne saurait trop conseiller aux âmes sensibles de s'éloigner de la fosse et aux petits bras d'éviter les tout premiers rangs où Ninja aime plonger et surfer longuement. Aux plus courageux, on recommande de prévoir le mercurochrome et une petite pause pour reprendre son souffle après le show.

Die Antwoord est à Rock en Seine (Paris-St-Cloud) vendredi 22 août, 22h, Scène de la cascade   

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