Clubbing : menace sur les boîtes de nuit berlinoises
La Gema, considérée dans le milieu comme l'une des plus virulentes société des droits d'auteur européenne, veut instaurer à partir du 1er janvier prochain un nouveau système de tarification pour les clubs, discothèques et bars où est jouée de la musique. A ce titre, les clubs devront reverser 10% du prix de chaque entrée.
Pour le Berghain, la Gema "a perdu le sens commun"
Fin juin, des centaines de clubs et discothèques allemands ont coupé le son pendant cinq minutes durant une nuit de vendredi à samedi pour protester contre la hausse des tarifs. Une pétition d'opposants à la hausse tarifaire adressée au Bundestag a déjà recueilli plus de 200.000 signatures depuis le mois d'avril.
L'Association allemande des hôtels et des restaurants estime que les versements à la Gema connaîtront une hausse de 400 à 600% qui menacera un grand nombre d'institutions berlinoises de mettre la clé sous la porte. D'autres, comme le célèbre club Berghain, parlent d'une hausse de 1.400 % et estiment que la Gema est en train de "perdre le sens de la mesure" avec cette disposition qui pourrait changer de façon "dramatique" la physionomie nocturne de la ville.
Après la chute du Mur en 1989, la capitale allemande est devenue un véritable El Dorado pour la scène techno qui s'est empressée d'investir les murs des nombreuses friches industrielles héritées de l'Allemagne communiste. Dans la capitale allemande, les mythiques clubs Berghain et Watergate notamment, se sont taillés une renommée mondiale auprès des ravers et des plus grands DJ internationaux, avec des soirées de légende qui débutent souvent très tard pour se terminer le lendemain. La crème de la scène mondiale de la musique électronique est passé derrière les platines de ces deux institutions.
Aperçu d'une soirée au Watergate avec Dj Damian Lazarus
La Mecque européenne du clubbing gardera-t-elle son pouvoir d'attraction avec les nouvelles règles du jeu voulues par la Gema ? Le responsable de la promotion du tourisme berlinois, Burkhard Kieker, pense que oui. Mais il prévient que les acteurs du secteur devront faire preuve de créativité pour permettre à la capitale allemande de conserver son statut.
"Un tiers des personnes qui visitent la ville viennent aussi pour la vie nocture", a-t-il expliqué. "La Gema sont de grands voleurs conseillés par des avocats" qui cherchent à savoir comment obtenir davantage, juge-t-il. Il pronostique qu'à Berlin, on "va revenir à l'époque des années 1990 quand il y avait beaucoup de clubs illégaux et que les agents de la Gema devaient chercher la porte les conduisant à la cave pour trouver quelle musique était jouée". Et d'ajouter : "A Berlin, la scène (nocturne) est comme du mercure, si ça ne marche pas à un endroit, elle se déplace vers un autre."
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