Confinement : pour leurs clips, des artistes choisissent le collaboratif
Illustrer sa musique avec une vidéo efficace en confinement ? Voici le collaboratif, agrégat d'envois d'internautes sollicités aux quatre coins du monde. Des pointures électro comme Diplo ou Yuksek l'ont expérimenté et le racontent.
Lay your head on me, c'est un nouveau titre de Major Laze, projet dont Diplo, DJ-star américain, est le cerveau, et un clip mis en ligne cette semaine. L'Américain Marcus Mumford y prête sa voix et sa guitare et on y voit des centaines de personnes danser, en extérieur ou intérieur, jouer des instruments, au rythme du morceau, sur tous les continents. L'artiste a choisi le collaboratif pour illustrer sa vidéo pendant le confinement alors que les tournages sont à l'arrêt.
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"On avait un plan de tournage à Los Angeles et Londres. Mais avec la pandémie, on a dû tout annuler", raconte Diplo, confiné à L.A. "Et puis on a pensé à faire appel à des artistes tout autour de la planète. Avec Major Lazer, on a voyagé partout dans le monde et on a rencontré tellement d'artistes incroyables ! On a réussi à les contacter et on a pu utiliser 200 vidéos pour ce clip".
La musique pour "rester connectés"
Tous les danseurs disposaient au préalable de mouvements suggérés par le chorégraphe américain Ryan Heffington, qu'ils se sont appropriés. Décors d'Australie, Thaïlande, Arabie Saoudite, ou encore d'Ukraine défilent (une trentaine de pays au total). Des pas sont mêmes exécutés par une jeune femme arborant un masque antiprojection. Cette ballade apaisante tombe à pic dans une ère anxiogène.
On l'a écrit l'an dernier et on avait prévu de le sortir en mars. Mais le message est d'autant plus d'actualité.
DiploAFP
"C'est la première fois que je suis aussi longtemps chez moi, jamais je n'y étais plus de deux-trois jours d'affilée. Mais c'est bien de ralentir un peu, de se recentrer sur soi". Et de penser aussi aux autres, puisque, comme il le glisse, "la musique est une des choses qui peut nous aider à rester connectés".
Danseurs et collages
A plus de 9 000 km à vol d'oiseau de L.A, le DJ et producteur Yuksek, confiné à Reims, a également donné dans le collaboratif pour The only reason. Lui a déjà depuis longtemps abandonné l'idée de vidéos mises en scène. "Visuellement, j'ai l'impression que tout a déjà été dit", déballe l'artiste. Yuksek fonctionne "en circuit fermé", avec ses propres collages visuels, à partir d'éléments graphiques crées ou images récupérées ici où là.
Cette fois il a impliqué ses fans "pour qu'ils ne soient pas seulement spectateurs". "Quand je me suis lancé dans cette histoire, je me suis dit 'mais est-ce que les gens vont jouer le jeu?', car je ne suis pas Rihanna non plus (rires). Mais j'ai reçu plus d'une centaine de vidéos avec des gens qui ont fait des trucs de malades". De quoi faire passer la pilule d'un confinement instauré alors qu'il venait juste de sortir son dernier album, le lumineux Nosso Ritmo.
C'est une situation assez bizarre.Tout s'est arrêté juste après le lancement de l'album. Mais il est assez écouté et les gens me disent qu'il leur fait du bien dans cette période, qu'il est solaire, dansant. Ca fait hyper plaisir.
YuksekAFP
La vidéo et ses recettes sont dédiées au Secours Populaire. "On sait bien qu'on ne va pas recueillir 600 000 euros, mais il y a la mention d'un appel aux dons et au bénévolat". Pour en revenir au clip, petit bijou inventif, Yuksek a réussi à caser chaque participant en 4 minutes. Même les danseurs un peu gauches. "Ethiquement, il faut mettre tout le monde".
Le fond sonore du dernier plan émeut. On entend le bruit d'un bar bondé, vestige d'un temps évanoui. "Ca correspond à l'idée de la vidéo, mettre les gens ensemble", synthétise Yuksek.
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